Chapitre 32

15 0 0
                                    


02:30 Californie

10:30 France

Nous descendons de l'avion, cela fait tellement longtemps que nous ne sommes pas rentrés en France. Entendre parler français de nouveau est déstabilisant. Avec les enfants, nous parlions parfois français, mais le plus souvent en anglais, à tel point que ma petite Léa en oubliait sa langue maternelle.

Nous récupérons nos bagages et passons la douane. Elles sont là, les deux femmes les plus importantes de ma vie : ma mère et ma meilleure amie d'enfance, Marie. Les enfants se précipitent vers leur grand-mère, qui est en larmes, heureuse de les retrouver. Son univers retrouve enfin son sens. Je m'avance fébrilement vers Marie.

— Toujours là... Le bon comme le mauvais, dit-elle de son regard aimant et rempli de sincérité.

Je la serre dans mes bras, essayant de retenir toutes les larmes accumulées ces derniers mois. J'en ai pourtant versé, mais à cet instant précis, au creux de ses bras, pour la première fois depuis ces deux dernières années, j'ose me montrer vulnérable.

Vient ensuite le moment des retrouvailles avec ma mère, cette femme forte et courageuse, qui me regarde avec tendresse, le même regard depuis toujours, sans jugement, juste de l'amour.

— Maman, tu m'as tellement manqué, dis-je en la serrant fort.

— Toi aussi, ma chérie. Allez, viens, rentrons à la maison.

Une fois installés dans l'appartement de la banlieue parisienne de ma mère, les enfants et moi pouvons enfin souffler. Nous prenons chacun une douche, puis nous nous endormons, le décalage horaire nous ayant tous épuisés.

une bonne odeur chatouille mes narines, ce qui me fait immédiatement émerger. Je retrouve ma maman dans la cuisine, en train de faire à manger.

— Que ces odeurs m'ont manqué... dis-je en la prenant dans mes bras.

— Je fais ton plat d'hiver préféré, une tartiflette.

— Oh, merci maman.

— Avec plaisir, mon bébé. Et pour le dessert de mes amours, du pain perdu.

— Maman, je vais reprendre tous mes kilos avec toi, dis-je en ricanant.

— Je n'aurais pas cru te dire cela un jour, ma chérie, mais cela ne te ferait pas de mal d'en reprendre un peu.

— Toi aussi, tu m'as manqué avec tes remarques, dis-je en souriant.

Les mots de ma mère réveillent instantanément des maux profondément enfouis. Elle est formidable à bien des égards, mais son narcissisme est un défaut qui m'a souvent blessée. Depuis mon adolescence, elle n'a cessé de vouloir contrôler mon poids, ma façon de m'habiller, de me coiffer et de me maquiller. J'ai passé le plus clair de mon adolescence à me demander si j'étais vraiment la fille qu'elle rêvait d'avoir.

Ma mère est encore grossophobe. Pour elle, être grosse un choix personnel, et le fait que cela puisse être lié à une maladie physique, mentale, hormonale ou autre la dépasse complètement. Malgré cela, toute mon enfance et jusqu'à maintenant, elle n'a cessé de me répéter qu'elle m'aimait plus que tout au monde et qu'elle était fière de moi, mais je savais que si j'avais pu plus lui ressembler, elle en aurait sûrement été encore plus fière.

— Ne grimace pas comme ça ma chérie, à ton âge, les rides viennent vite.

— Merci, maman, d'être toujours aussi délicate, soufflais-je. Je vais me connecter et travailler un peu en attendant que les enfants se réveillent. Le code du wifi est toujours le même ? demandais-je.

Hearts torn ( TERMINÉ )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant