CHAPITRE 9 : ADIEUX

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Souvenir de mes 11 ans.

— Eh oui ! C'est moi, la chef soldat Ours ! Et aujourd'hui, nous avons une mission ! m'écriai-je, pleine d'enthousiasme.

— Doucement, ma puce, me répondit une voix lointaine.

— Oui, Papa ! répliquai-je tout en tournant le gouvernail en bois de mon aire de jeu. À TRIBORD !

Je grimpai sur un petit mur d'escalade sous le regard attentif de mon père, qui m'observait depuis la fenêtre de son bureau tout en parlant au téléphone avec un collègue. J'imaginais être sur un bateau pirate, le vent dans les cheveux, prête à affronter les flots.

— En avant, moussaillon ! Nous devons trouver la carte au trésor ! m'exclamai-je, débordante d'excitation.

Je franchis une poutre au-dessus du bac à sable, avançant un pied après l'autre avec une concentration absolue.

— Je suis la pirate Olsen ! La plus jeune pirate de l'océan ! Oubliez mon mal de mer, mes peluches, je peux y faire face !

Cette poutre reliait mon aire de jeu à une cabane en bois, dont la seule sortie était un toboggan. J'avais rempli ma cabane de nombreux jouets, créant ainsi un véritable repaire de pirate.

— Notre mission, Monsieur Ours !

Je me précipitai vers un coffre posé dans la cabane.

— Notre carte au trésor !

Je serrai mon ours en peluche si fort contre moi que j'aurais probablement étouffé un être humain. J'adorais inventer des aventures avec lui.  Je me sentais souvent seule, et mon ours en peluche comblait ce vide. Inspirée par mon père, un aventurier à la recherche de reliques mystérieuses aux quatre coins du monde, je rêvais de suivre ses pas et d'étudier l'archéologie.

Je tournai la tête vers la fenêtre du bureau de mon père pour vérifier s'il était toujours là. Bingo !

— La voie est libre ! chuchotai-je, me dirigeant vers une échelle qui me mènerait sur le toit en verre de la véranda.

Je grimpai prudemment pour éviter de me faire repérer. Avançant doucement vers le mini balcon de la fenêtre du bureau, j'inspectai les environs pour m'assurer que la voie était dégagée. Je rampai jusqu'à l'autre côté pour atteindre le mur.

— Oui, je sais. John ignore où elle est passée. Bien sûr, mais... J'y ai pensé de multiples fois... Bien évidemment, je trouverai une cachette adéquate. Ne vous inquiétez pas, elle mourra avec moi si possible, disait mon père au téléphone.

Quand j'atteignais le mur, je posais mes pieds sur la moulure du grand manoir. L'espace était étroit, alors je devais être très prudente. J'entrais par une fenêtre ouverte.

— La bibliothèque ! On y est presque, Monsieur Ours ! Je me rapproche du musée des statues.

J'ouvrais la grande porte qui menait à un long couloir, où le bureau de mon père n'était qu'à quelques mètres.

— Il ne faut pas faire de bruit, chuchotai-je.

Je montais les escaliers jusqu'à arriver au quatrième étage. Une fenêtre se trouvait au milieu du couloir. Je l'ouvrais et posais mes pieds sur la moulure qui entourait la moitié du bâtiment. Je fais quelques pas, mais soudain, je perdais l'équilibre.

— Oh... AHHHHHHHHH !

Je m'accrochais à un tuyau qui cédait sous mon poids. Je tombais, mais réussis à m'agripper à une moulure du troisième étage. J'utilisais toute ma force malgré mes petits bras fins.

THERASYA T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant