CHAPITRE 10 : LEÇON DE VÉRITÉ

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PENNSYLVANIE - Philadelphie
MANOIR OLSEN
11 H 00

— Tu es conscient que la nourriture doit être périmée depuis plus de dix ans ? À moins qu'Ana se soit bougée les fesses et ait décidé de faire les courses entre-temps, déclarai-je.

Cela fait une heure que Kyle ouvre et ferme les mêmes tiroirs, espérant que de la nourriture apparaisse miraculeusement.

— Alors ça va commander Uber.

Il soupira en sortant son téléphone de sa poche.

Euh... tu veux quelque chose ?

Je fronçai les sourcils, surpris par sa demande. Je pensais vraiment qu'il m'oublierait.

Ne me regarde pas comme ça, je n'aime pas partager d'habitude.

Je veux une pizza au pepperoni.

Un air de dégoût se dessina sur son visage.

De bon matin ?

Je préfère le salé, rétorquai-je. Et tu devrais le savoir, vu que tu connais toute ma vie apparemment. 

Tu peux être sûr que je ne vais pas m'approcher de toi avec cette haleine-là.

— C'est tout ce que je demande.

Il quitta la cuisine, téléphone à l'oreille. J'en profitai pour revisiter mon chez-moi. Je me sentais beaucoup plus à l'aise maintenant, comme si j'avais repris mes marques. J'entrai dans le salon, baigné de lumière solaire. Cette pièce immense et conviviale me rappelait de bons souvenirs. Même si le sol grinçait partout dans le manoir, il était encore en bon état.

Une porte menant au jardin attira mon attention. Je sortis et fus aveuglé par le soleil. Je protégeai mes yeux avec mes mains, et peu à peu, je m'habituai à la lumière.

Rien n'avait changé ici non plus. Mon aire de jeu était toujours là. Je m'assis sur la balançoire et me laissai bercer doucement.

En tournant la tête, j'aperçus trois cibles accompagnées d'un arc. Les flèches étaient toujours plantées dedans.

Souvenir de mes 9 ans.

Le chauffeur me demanda alors qu'il me ramenait à la maison :

Mademoiselle, comment s'est passée votre journée d'école aujourd'hui ?

Comme tous les autres jours, répondis-je en soupirant.

Pourquoi les enfants me traitent comme une paria ? Déjà que j'avais du mal à m'exprimer, ils en profitaient pour se moquer de moi.

Il posa les yeux sur mon genou blessé. Je tirai immédiatement sur la jupe de mon uniforme pour le cacher.

— Nous sommes arrivés, reprit-il.

Un des gouvernants ouvrit la porte de la voiture et m'aida à en sortir. Il prit mon cartable pour le déposer dans ma chambre. En entrant dans la résidence, je vis les serviteurs courir de droite à gauche, portant différentes fleurs. Pas besoin de chercher longtemps pour comprendre : ils préparaient le mariage d'Ana et de William.

Je lâchai un soupir d'épuisement. Tout m'avait contrariée aujourd'hui, sans exception. Je montais les escaliers quand la voix de mon père m'arrêta :

— Mon ange ! Te voilà enfin, dit-il en me serrant fort dans ses bras.

C'était tout ce dont j'avais besoin... Du réconfort que seul lui pouvait me donner.

THERASYA T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant