Chapitre 26 : Arjunh

5 0 0
                                    

Arjunh

— Allez ! Respire ! Je t'en supplie, respire !

Ma voix se brise tandis que je répète ces mots comme une incantation désespérée. Mes mains tremblent, mais je m'efforce d'appuyer aussi fort que possible sur sa plaie béante. Le sang s'écoule toujours, comme une rivière en furie, et je sens la panique monter en moi. Le sol pavé du royaume de Gretenbells est désormais souillé par le liquide vital qui s'échappe de son corps, et mon esprit tourmenté peine à trouver une solution. Nous sommes dans le monde de Titanoria, un monde habituellement dénués de toute forme de magie et de mystères, mais en cet instant, mais en cet instant, nous aurions bien besoin d'en avoir.

Il faut que je trouve un moyen ! Mon cœur bat la chamade, comme un tambour de guerre, martelant un rythme effréné. Je dois l'emmener en sûreté ! Mes pensées sont un tourbillon de confusion, une mer déchaînée dans laquelle je lutte pour ne pas sombrer.

— Seigneur, gémit une voix inconnue derrière moi. C'est Sarinah...

Je me retourne brusquement, surpris par cette voix inattendue. Une belle jeune femme se tient là, son regard empli de détresse. Elle n'est pas seule. À ses côtés, un homme qui semble être un valet l'accompagne. La tension est palpable dans l'air, chaque seconde est précieuse, et je sens que quelque chose de grave se joue ici.

— Je ne vais pas lui faire de mal, me rassure-t-elle d'une voix douce, presque apaisante. Nous sommes amis. Mon frère et moi avons décidé de nous enfuir lorsque le château de Dreyfus a pris feu. Nous avons décidé de trouver refuge ici en pensant que nous serions seuls, mais...

Son regard se pose sur Sarinah, et je vois une lueur de reconnaissance dans ses yeux. Elle connaît cette femme, et l'affection qu'elle lui porte est évidente.

— Aidez-moi ! imploré-je, ma voix se brisant sous l'émotion.

— Je m'appelle Alexine Duval, mais tu peux m'appeler Lexie car les amis de mes amis sont mes amis, et voici mon frère, Isaac Brown, dit-elle en se présentant rapidement. Nous allons la soigner.

Sans perdre de temps, j'aide l'homme prénommé Isaac à soulever Sarinah. Elle est légère comme une plume dans mes bras, mais son état est alarmant. Je peux sentir la vie qui s'échappe peu à peu d'elle, et cela me remplit d'une terreur sourde. Alexine nous conduit rapidement vers une maison un peu plus éloignée, un refuge temporaire dans ce chaos.

Arrivés à destination, nous posons la blessée dans un lit sommaire, mais propre, un endroit où elle pourrait peut-être trouver un semblant de réconfort. Je sors ensuite de la pièce, laissant Alexine et Isaac s'occuper d'elle. L'attente est insupportable. Chaque minute qui passe me semble une éternité, et je me surprends à marcher de long en large, incapable de rester en place.

Au bout d'une heure, qui m'a paru une journée entière, ils me demandent de revenir. Sarinah est dans un état stable, disent-ils. Un soulagement intense m'envahit, mais il est de courte durée. Je sais que ce n'est qu'une accalmie dans la tempête.

— Lexie... Isaac... Je suis tellement heureuse que vous soyez vivants, murmure Sarinah d'une voix faible mais empreinte de gratitude.

— Nous aussi, lui assure Isaac avec un sourire tendre. On se faisait un véritable sang d'encre !

Je vois l'affection entre eux, une amitié qui a survécu aux épreuves, et je ne peux m'empêcher de me sentir un peu envieux de leur lien. Mais je n'ai pas le temps de m'attarder sur mes propres sentiments.

— Oui, avec le roi, on peut s'attendre à tout. Ravie qu'il ne t'ait pas tuée, ajoute Alexine, ses mots teintés d'une amertume que je comprends à peine.

De l'Aube au CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant