Chapitre 30.5 : Goliath

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Goliath

— Suis-moi, dis-je à Sarinah, ma voix résonnant dans l'air lourd de tension. Je vais te montrer où j'ai enterré tout ton royaume.

Nous marchons pendant des heures à travers des sentiers desséchés, les pieds piétinant des feuilles mortes, dans un silence morne et pesant. Le soleil descend lentement à l'horizon, teignant le ciel de teintes oranges et pourpres. Le chemin est rude et chaotique, tout comme le silence qui règne entre nous. Sarinah ne me dit rien, et je ne suis pas certain de vouloir entendre ce qu'elle pourrait avoir à dire. Je n'ai pas vraiment de droit à des explications, de toute façon. Après tout ce qui s'est passé, je doute que je le mérite.

Enfin, nous arrivons dans une forêt sombre et dense, à peine éclairée par les dernières lueurs du jour. Ce bois est caché, presque secret, un endroit dont très peu de personnes connaissent l'existence. Les arbres se dressent comme des géants silencieux, leurs branches tordues se mêlant dans une danse désordonnée avec le vent. Sarinah s'arrête un moment, ses yeux scrutant les ombres, se demandant probablement pourquoi nous avons choisi cet endroit.

— C'est une grotte ? demande-t-elle, la voix pleine d'incertitude et de curiosité.

Je ne lui réponds pas. À la place, je me dirige vers une grille métallique, rouillée et usée par le temps. Je l'ouvre avec effort, le grincement de la ferraille déchirant le silence environnant. Le bruit est presque sinistre, comme un cri de désespoir retenu depuis trop longtemps. Nous continuons à avancer, la lumière de la torche que je porte projetant des ombres dansantes sur les parois rocheuses de la grotte. L'air est humide et frais, un contraste saisissant avec la chaleur étouffante du monde extérieur. Le sol est irrégulier et glissant, et chaque pas résonne comme un écho lugubre dans ce labyrinthe souterrain.

Au bout de quelques minutes, nous arrivons dans une partie plus profonde de la grotte, où une torche enflammée éclaire la scène. Je la tire vers nous, la flamme vacillante projetant des ombres sinueuses sur les murs. Quelques secondes plus tard, un mécanisme caché s'enclenche dans un bruit sourd, et la paroi d'en face commence à coulisser lentement, révélant une ouverture étroite sur un escalier en colimaçon.

— Où sommes-nous ? répète Sarinah, sa voix tremblante trahissant son angoisse alors qu'elle se colle à moi, malgré elle.

Je peux sentir la chaleur de sa peau contre la mienne, et cela me fait frémir. C'est une chaleur douce, mais elle est chargée de tant d'émotions conflictuelles que je ne sais plus si elle est réconfortante ou douloureuse.

— Il fait froid, c'est pour ça que je me colle à toi, se justifie-t-elle, une note de mépris dans sa voix. Mais je te déteste toujours.

— Je sais, ne t'inquiète pas, murmurai-je, bien que les mots paraissent vides et creux dans cette situation.

Nous descendons encore plus profondément dans les ténèbres, chaque marche résonnant comme une promesse de vérité imminente. L'air devient plus sec et plus frais à mesure que nous progressons. Enfin, nous arrivons devant une large porte en fer. Elle est massive et imposante, ornée de détails métalliques complexes qui témoignent de son ancienneté et de sa solidité. J'insère les clés accrochées près d'elle dans la serrure, mes mains tremblant légèrement malgré moi. Je les fais tourner lentement, le bruit du verrou qui se déverrouille est presque assourdissant dans le silence oppressant de la grotte.

Un silence encore plus lourd s'installe alors que je pousse le lourd portail contre la paroi intérieure, chaque grincement et chaque écho résonnant comme une révélation inévitable. L'ouverture s'ouvre lentement, et Sarinah s'avance précautionneusement, ses yeux écarquillés de stupéfaction. L'ombre derrière la porte est épaisse et dense, et lorsque la lumière de la torche pénètre à l'intérieur, elle révèle une scène inattendue.

De l'Aube au CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant