Chapitre 24 : Goliath

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Goliath

— Dommage pour vous, mais vous pouvez passer votre chemin, nous ne l'avons pas, je leur annonce, ma voix trahissant un calme que je ne ressens pas vraiment. J'observe les silhouettes sombres, dissimulées sous des capes noires, avec une méfiance croissante.

— Si, m'assure l'une des formes, d'une voix sourde et impénétrable. Peut-être que toi, tu ne l'as pas, mais ce n'est pas le cas de la demoiselle à tes côtés.

Je me tourne vers Cyrielle qui, en sentant mon regard perçant, se met aussitôt à déglutir. Son malaise est palpable, et je ressens une vague d'inquiétude monter en moi. Depuis combien de temps savait-elle quelque chose qu'elle m'avait caché ? Qu'avait-elle espéré en gardant ce secret ?

— Je suis désolée, Goliath, dit-elle finalement, la voix tremblante. Je voulais t'en parler, mais j'attendais le bon moment. Elle baisse les yeux, incapable de soutenir mon regard.

Je laisse échapper un soupir, essayant de garder mon calme. Il y a des moments où l'on pense connaître quelqu'un, et puis, tout à coup, une révélation vient bouleverser cette certitude. Pourtant, à cet instant, je dois rester concentré sur notre situation actuelle.

— Ça ne fait rien, dis-je doucement, sans chercher à la blâmer. Moi, j'avais pour mission de te chercher, pas de trouver ce morceau de caillou. On s'en va ? Je lui adresse un sourire rassurant, tentant de dissimuler mon inquiétude.

Cyrielle, soulagée par ma réaction, sourit et hoche la tête avec une gratitude visible. Elle semble enfin se détendre, mais cette détente est de courte durée.

— Vous ne partirez pas d'ici sans nous l'avoir donné, nous ordonne une voix un peu trop familière à mes oreilles, et je ressens une tension immédiate.

— Mathilde, je murmure, mon ton oscillant entre surprise et amertume. Mes yeux scrutent l'obscurité, cherchant à déceler le visage derrière cette voix.

— Goliath, répond-elle avec une froideur calculée.

— Je suis ravi de te voir, je lance, mon sourire se transformant en une grimace ironique. Pourtant, en réalité, il n'y a aucune joie dans cette rencontre. Seulement un mélange de colère et de déception.

— C'est réciproque, rétorque-t-elle, mais son ton est si vide d'émotion que je sais immédiatement qu'elle ment. Elle n'est pas contente de me voir. Pour elle, je suis un obstacle sur son chemin, une épine dans son plan soigneusement tissé.

— Et pour moi, c'est un mensonge, je réplique, mes mots tranchants comme des lames. Tu m'as trahi.

— Je sais... murmure-t-elle, presque trop doucement, comme si elle espérait que ses paroles s'évanouissent dans l'air.

— La trahison se paye cher, tu le sais, non ?

Mathilde retire sa large capuche, révélant son visage blême. Elle tressaille, mais ne recule pas. C'est un affrontement silencieux, un duel de regards et de non-dits. Mathilde était autrefois ma fausse meilleure amie, une personne dont je me servais au début pour rire avec mes amis, puis pour faire des crasses à Sarinah. À cette époque, je pensais que rien n'importait, que je pouvais manipuler les gens comme des pions sur un échiquier. Il faut dire que ses manières m'ont toujours fait marrer et ont toujours été fort critiquables. Mais aujourd'hui, je vois les choses sous un autre angle. Je réalise que derrière ses actions se cachait une volonté de nuire, un désir de vengeance sournois que je n'avais pas perçu.

Je peux me passer d'elle sans même ressentir le moindre pincement au cœur. Pourtant, je ne peux ignorer l'ironie de la situation ; celle que j'utilisais pour mes propres fins est désormais celle qui se dresse contre moi.

De l'Aube au CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant