Chapitre 28 : Goliath

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Goliath

Le vent siffle et murmure à travers les arbres géants de la forêt de Jades, un chant lugubre qui semble annoncer la proximité d'un conflit imminent. Les arbres séculaires, immenses et majestueux, se dressent comme des colosses silencieux, leurs branches entrelacées formant un plafond dense et presque impénétrable. Le feuillage, enchevêtré comme un réseau d'émeraude, tamise la lumière du soleil avec une sévérité presque religieuse. Les rayons filtrés créent un tapis d'ombres mouvantes sur le sol, des motifs complexes qui dansent avec la brise. Les ombres s'étirent, se plient, comme des serpents vivants, donnant au sol une apparence ondoyante.

Aujourd'hui, cependant, cette ombre n'est pas simplement un refuge contre la lumière du jour ; elle devient un voile d'obscurité qui dissimule les secrets d'une guerre imminente, une bataille qui va décider de notre destin. La forêt, d'habitude paisible, se transforme en un lieu de tension et de menace. Les arbres géants se dressent comme des spectateurs silencieux, les feuilles bruissent comme si elles murmuraient des prophéties sinistres.

La vie ou la mort ?

Le sang ou le sang ?

Chaque bruissement des feuilles, chaque craquement des branches semble porter un message sinistre, une promesse de chaos à venir. Un avertissement sourd résonne dans le vent, comme si la forêt elle-même, consciente de l'inévitable, se lamentait déjà pour les pertes à venir.

"Vous périrez tous."

"Votre perte est proche."

Sarinah, que j'ai désormais détaché, Arjunh, Cyrielle et moi avançons à travers cette forêt qui, aujourd'hui, semble étriquée et menaçante. Les murs d'arbres imposants se referment autour de nous comme un piège invisible, leurs racines serpentant sur le sol comme des mains prêtes à saisir les imprudents. L'air est lourd et saturé d'humidité, alourdi par les parfums terreux et la senteur de végétation en décomposition. Il y a un parfum de mousse et de terre humide qui envahit nos narines, mélangé à une odeur métallique, subtile mais présente, qui pourrait être celle du sang ou du fer.

À chaque pas, le sol sous nos bottes émet un craquement sourd, comme le grondement lointain d'un tambour de guerre. Chaque bruit semble se multiplier, amplifié par le silence oppressant de la forêt. Les ombres autour de nous se déforment et s'étirent, semblant se mouvoir avec une volonté propre, comme si la forêt elle-même se préparait pour la bataille qui se profile. Le silence lourd qui règne est presque palpable, chaque mouvement semble rompre un sort, chaque respiration résonner comme un coup de gong.

DONG.

CLANG.

BONG.

BOUM.

— Sarinah ? Cyrielle ? Vous allez bien ? je leur demande en voyant les lignes de leur visage tirées par la fatigue à son apogée.

— Aussi bien qu'une personne peut l'être après avoir passé des mois sans réel repos, réplique ma femme dans un sourire sarcastique.

Ses yeux, brillants d'une détermination farouche, me scrutent avec un air de défi.

— Ne joue pas à ça avec moi, Crapule !

— Jouer à quoi ?

— Ton regard, je ne l'aime pas.

— Tu n'aimes rien de moi de toute manière alors que veux-tu que ça me fasse ?

Je hausse les épaules dans un souffle.

— Pour information, je ne déteste pas tout de toi.

Son visage pourtant si clair depuis toujours se transforme momentanément en rouge pivoine. Elle tente alors d'éviter mon regard tandis que nous continuons d'avancer à travers cette forêt devenue un labyrinthe inquiétant, où une sorte de vibration dans l'air nous enveloppe comme une seconde peau. Nous savons que chaque pas nous rapproche un peu plus de l'épicentre de la tempête, un lieu où les dangers sont multiples et la survie incertaine.

De l'Aube au CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant