Chapitre 14 : Sarinah

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Sarinah

Nous approchons enfin de notre troisième obstacle sur le chemin qui mène à Griselda, la sorcière Fée. À peine sortis de la Vallée, une onde négative nous enveloppe, une lourdeur palpable dans l'air. Malgré cela, nous avançons avec une sérénité forcée, convaincus que rien ne pourrait surpasser en horreur la Montagne aux miroirs illusoires.

— Vous pensez qu'on a bien fait de laisser Gwen et Caspian seuls ? demandé-je, l'inquiétude me serrant la gorge.

— Absolument, répond le prince Féetaud avec assurance. Les griffons sont des créatures autonomes, fidèles à leurs instincts. Ils savent se protéger et ne se perdent jamais. Comme je vous l'ai dit, dans notre monde, la priorité est accordée aux animaux et végétaux.

Tic.

Tac.

TIC.

TAC.

— D'où vient ce bruit ? demande Faeryn, une ride d'inquiétude marquant son front.

— Aucune idée, mais ça ne présage rien de bon, déclare sombrement le roi Goliath Rudrius.

Soudain, une ombre fond sur nous, une lame brillante et aiguisée visant Goliath. Par réflexe, je le pousse violemment sur le côté.

— Je l'avais vu, idiote ! s'exclame-t-il, contrarié.

— Mais oui, bien sûr, je te crois, mens-je.

Une gigantesque tornade se forme alors devant nous. Le ciel, auparavant d'un bleu crépusculaire apaisant, se mue en un gris menaçant, identique à celui des yeux de Goliath. La tempête se divise en trois, prête à nous engloutir dans un cauchemar apocalyptique. Je lutte de toutes mes forces, mais l'intensité de la tempête est inégalable. Aucune branche, aucun élément naturel ne semble pris dans ce tourbillon ; seule moi suis prisonnière de cette brume noire étouffante. Je tousse, m'efforçant de me concentrer sur les forces vives de la nature, mais rien n'y fait. Je suis piégée.

Dans cette noirceur absolue, des yeux jaunes surgissent. Un dragon. La bête qui incarne mes plus profondes terreurs.

— Ne t'approche pas ! crie-je, la voix tremblante. Je... je ne vais pas te faire de mal, alors sois gentil et laisse-moi tranquille.

Mais mes paroles se perdent dans le vide. Le dragon avance, crachant des flammes ardentes. Une chaleur étouffante m'enveloppe, et soudain, je suis dans les bras de Goliath.

— Non ! Ne me touche pas !

Je me débats, terrifiée par ce contact trop intime, un geste si rare pour moi. Goliath disparaît, remplacé par mon oncle Gordonn, ses bras puissants m'emprisonnant.

— Non ! Mon oncle ! Ne me touchez pas !

— Allez, ma chérie, murmure-t-il d'une voix douce et venimeuse, laisse-moi mordre ton joli petit cou...

— Non ! Je ne veux pas ! La dernière fois, tu as failli me tuer !

Mon oncle resserre son étreinte sur ma taille en appuyant une de ses mains sur ma poitrine naissante.

— Laisse-moi m'abreuver de ton sang, ma chérie. Je t'ai déjà expliqué que c'est vital pour moi. Le sang est mon eau.

— Abreuve-toi de quelqu'un d'autre !

— Non, ton sang est celui qu'il me faut...

Je le supplie de me lâcher, mais il n'écoute rien, mordant la chair de mon cou. Je me débats, mais sa force est insurmontable. Alors que je me sens glisser dans l'inconscience, une voix grave résonne dans ma tête.

De l'Aube au CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant