Épilogue : Sarinah et Goliath

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Sarinah, plusieurs mois plus tard

— Sarinah Rudrius de Dreyfus, accepteriez-vous de m'épouser ?

Goliath est assis dans son grand fauteuil de velours, face à l'imposante cheminée qui domine la pièce. Ses yeux, sombres et profonds, sont rivés sur les flammes dansantes, hypnotisés par leur danse chaotique et pourtant apaisante. L'atmosphère autour de lui est douce, presque magique, chargée de cette sérénité rare que l'on trouve après une longue bataille. Pourtant, une certaine tension imprègne l'air, trahissant l'inquiétude qui le ronge. Il sait que ce qu'il s'apprête à dire pourrait bouleverser l'équilibre précaire qu'ils ont atteint.

— Goliath Rudrius de Dreyfus, nous sommes déjà mariés, rappelez-vous, dis-je doucement en croisant son regard.

Il se tourne vers moi, un sourire en coin, mais ses yeux révèlent une profonde réflexion.

— Et alors ? Dois-je te rappeler que ce jour-là, tu étais baillonnée et incapable de donner ton accord de manière libre ? rétorque-t-il avec une pointe d'amertume, mais aussi une étincelle de malice dans ses yeux.

— Oui, c'est vrai, je me souviens, répliqué-je avec un soupir.

Ce mariage forcé, cette union dictée par les circonstances et non par le choix, est gravé dans ma mémoire.

Goliath se lève lentement, s'approchant de moi. Il semble peser chacun de ses mots avec soin, comme s'il marchait sur une corde raide.

— S'il te plaît, après tant d'épreuves que nous avons traversées, un mariage heureux et pleinement consenti pourrait redonner le sourire à notre peuple, affirme-t-il avec une conviction qui me touche.

Il y a dans sa voix une note d'espoir, une volonté de construire quelque chose de nouveau, de solide.

— Notre peuple... murmuré-je, une chaleur inattendue se répandant dans ma poitrine. Ces mots résonnent en moi avec une joie sincère, comme une mélodie familière retrouvée après une longue absence.

Depuis la fin de nos aventures tumultueuses, une quantité impressionnante de choses a eu lieu. Aussi surprenant que cela puisse paraître, j'ai fini par pardonner à mon mari pour tout le mal qu'il m'a fait. Le fait qu'il n'ait pas réellement anéanti tous les habitants du royaume de Gretenbells a joué en sa faveur, mais ce sont surtout ses autres actions qui ont contribué à renforcer notre relation actuelle.

Après avoir contribué à restaurer la lumière stellaire du royaume de Féeryalis (un accomplissement en grande partie réalisé par les Cinq, mais passons les détails), il a demandé de l'aide à d'autres Mondes pour ramener à la vie les quelques fées et féetauds décédés ainsi que mon ami Isaac. Il a également organisé la restauration des deux châteaux de Titanoria. Grâce à ces efforts, Jelan, Rick, Samlys, Rogue et Finh ont décidé de nous prêter main-forte pour gouverner le royaume, et notre population s'est maintenant doublée avec l'arrivée de celle de Gretenbells.

Faeryn est rentré chez lui pour retrouver sa mère et sa sœur jumelle, tandis que Mathilde et Kalixa ont été enfermées dans les Catacombes en guise de punition pour leur complot contre leurs gouverneurs, ayant cru que la situation était réellement critique.

Et pour ce qui est des frères de Goliath, aucune trace d'eux, ils ont dû prendre la poudre d'escampette sachant que les répercussions seraient terribles sur eux si on les retrouvait.

Je ne saurais décrire à quel point je suis heureuse de cette nouvelle situation, baignée dans l'harmonie retrouvée. Ce calme après la tempête, cette paix enfin accessible, est comme un rêve qui se réalise.

— Je pense que tu pourrais faire mieux, soupire Goliath, visiblement insatisfait de ma réponse, ce qui me tire de mes pensées.

Il se lève alors, se positionne à genoux devant moi, son regard se plongeant dans le mien avec une intensité qui fait battre mon cœur un peu plus vite. Il reprend la parole, un brin d'anxiété dans la voix, quelque chose de rare chez lui.

De l'Aube au CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant