Chapitre 43 :

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-C'est pas une bonne histoire. Ne me juge pas.

-Comment le pourrais-je ? Je voulais te tuer pour ma propre satisfaction. Pour que jamais ton regard pour moi, pour la femme que tu connaissais, ne change. Je ne suis donc pas vraiment en situation de te juger.

Hisoka ricana doucement en tirant ses cheveux un peu en arrière. La lueur de son regard s'éteignit et son visage prit un air plus sérieux. Son masque se brisait.

-Comme tu as dû t'en douter je ne suis pas issue de la haute société. Disons que j'en étais loin. Je suis en réalité le fils d'une prostituée. Je n'ai comme toi pas été désiré, donc très jeune j'ai dû apprendre par moi même et me débrouiller tout seul. Le vol pour me nourrir, à me battre pour mieux me défendre et défendre ma pitance. J'avais en soit assez peu à manger. Je m'essayais parfois au spectacle de rue espérant pouvoir avoir un peu plus. J'ai grandi ainsi en étant humilié de par mon statut, violenté par la haute et les plus fort que moi.

-Tu vivais où ?

-Dans un carton, sous un pont, un peu partout et ailleurs. Puis, alors que j'étais en mauvaise posture vers mes seize ans, j'ai fait la rencontre d'un homme adorable.

-Louis ?

-Oui. Louis était un petit comte. Il était plutôt généreux. Je me méfiais de lui au départ. Mais il revenait tous les jours pour m'apporter à manger. Grâce à lui j'ai pu me renforcer mais je me refusais toujours à le suivre. Préférant toujours vivre comme un bandit que de devenir comme ces gens qui s'amusaient sur le dos du bas peuple. J'ai passé deux ans à vivre comme ça, apprenant à vivre ainsi tout en ayant Louis qui passait et où nous apprenions à nous connaître. Sauf que l'année de mes dix huit ans je me suis retrouvé dans un bourbier pas possible. J'avais volé au mauvais passant et bousculé la mauvaise personne. Je me suis fait attraper.

-Des gens mauvais ?

-Pire. J'avais volé à un chevalier royal savant que cela pourrait me rapporter sauf qu'en m'enfuyant j'ai percuté le roi lui-même déguisé en civile. Comment te dire que j'ai dégusté. J'ai été battue par les chevaliers pour me punir. Mais une fois tout le monde endormi j'ai tenté de m'échapper étant ligoté. Sauf que le roi était quelque peu amoché.

-Ne me dit pas que-

-Si. Il m'a violée. Mon corps tremblait de peur. C'était tellement violent pour moi et mon corps que j'ai serré mes liens à sang sur mes poignets. C'est pour ça qu'on sent une légère boursouflure quand on les touche. Heureusement cela à bien guéris. Cela à duré la nuit entière et les chevaliers sur ordre du roi ont continué. Des heures et des heures sans pouvoir rien y faire. Quand tout fut terminé on me jeta dans une rue boueuse avec la pluie qui commençait à tomber. La seule chose que j'ai réussi à faire c'est me recroqueviller sur moi même. Je me sentais sale et bien plus qu'humilié. La pluie me rappelait en soit que j'étais bel et bien vivant. Que tout cela n'était pas un rêve, que leurs rires résonneraient à jamais dans ma tête, je voulais que cela s'arrête. C'est là que je l'ai entendu. Qu'il a couru vers moi. Puis il m'a emmené avec lui dans son manoir en voyant mon état plus que sanglant. Louis m'a soigné mais en dehors de lui je n'acceptait de voir personne. Pendant près de deux ans je suis resté dans ma chambre où toutes les nuits je me réveillais avec la sensation de leurs mains sur moi. Louis me retrouvait souvent dans un coin de ma chambre tremblant de peur et lui proclamant que je voulais que cela s'arrête.

-Tu voulais mourir.

-Oui. Je voulais qu'on mette fin à ce cauchemars un peu comme toi. Puis un jour Louis voulant me changer les idées apporta avec lui un plateau d'échecs. Il m'a enseigné comment y jouer. J'ai tout appris de lui puis petit à petit j'ai repris confiance. Il m'a enseigné qu'avec le jeu on pouvait souvent tout avoir si on savait un temps soit peu déplacé ses pions. Je lui ai demandé si je pouvais ainsi oublier ce que j'avais vécu. Il m'a malheureusement répondu que non. Cela ferait partie intégrante de moi. Que toute expérience qu'elle soit bonne ou mauvaise de la vie venait à nous forger pour l'avenir qui nous attend. Que tout cela en venait à faire le nous de demain. Il m'a alors dit qu'au lieu de fuir ces mains et ces rires me parcourant le corps et l'esprit j'en vienne à les affronter comme j'affronte un adversaire au échec. C'était à moi de bien placer mes pions et ainsi renversé le roi. Alors j'ai revêtu un masque pour cacher mon traumatisme et j'ai commencé à réfléchir à comment placer mes pions. Sauf que Louis n'avait pas réellement compris que je voulais réellement renverser le roi. Je voulais lui faire goûter à l'humiliation, le rabaisser comme je l'ai été. J'ai nourri cette vengeance, cette haine et affronter mes démons. J'ai donc demandé à Louis de faire de moi ce que je détestais. Une personne de haut rang, mais je savais au plus profond de moi que je ne serais jamais comme eux. Alors pour mes vingt ans Louis me reconnut comme un fils adoptif et me donna une identité. Je n'étais plus le pauvre fils sans nom d'une prostituée, sûrement morte maintenant et voleur vivant dans la rue. J'étais devenu Hisoka Morow.

Le secret de la concubine du RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant