Folie

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Point de vue de Jordan




Ce matin encore, Jordan se réveilla le cœur meurtri, constatant une fois de plus l'absence de son compagnon, étant le seul des deux à sortir du sommeil. Combien de nuits encore allait-il devoir passer seul ?

Sans Gabriel à ses côtés, et sans le toucher rassurant de l'homme, Jordan ne pouvait s'empêcher de se plonger chaque nuit dans une réalité cauchemardesque. Une réalité où il serait toujours le seul à se réveiller, tandis que son amant demeurerait plongé dans un sommeil éternel.

Jordan semblait manquer d'air, noyé dans les abysses de ses pensées. Perdu entre le courant de souffrance causé par le coma de Gabriel et celui de sa propre culpabilité.

Chaque respiration lui brûlait la gorge et les poumons, comme pour lui rappeler l'incendie ravageur qu'il avait attisé par les flammes de ses convictions politiques.

À l'inverse, son cœur était en proie à un blizzard glacial, lui rappelant à chaque seconde la flamme d'une vie qu'il avait éteinte, étouffée par son égoïsme.

Sans ces souffrances, Jordan n'aurait même plus été capable de distinguer le rêve de la réalité, se perdant un peu plus à chaque fois dans cette spirale sans fin, à la frontière de la folie.

Stéphane et Fanny tentèrent de l'aider du mieux qu'ils pouvaient dans cette terrible épreuve, mais leurs mots dissonaient aux oreilles de Jordan, qui n'entendait plus que le silence pesant de l'homme endormi devant lui. Quant aux médecins, chacune de leurs paroles lui semblait sortir d'un roman existentialiste. Roman dans lequel, Jordan, était empli de désespoir face à la réalité terne et brutale dans laquelle il était enchaîné par la source de ses propres regrets.

Si les médecins disaient qu'ils ne savaient pas quand Gabriel se réveillerait, il n'était pas impossible que cela n'arrive jamais. Dans ce cas, Jordan n'aurait plus de raison d'être. Son existence même se réduirait à la simple illusion de son désir, perdue dans l'espoir d'un dernier regard ou d'un ultime sourire de l'homme pour qui le temps s'était arrêté.

Son seul et unique désir, qui était de pouvoir sentir à nouveau les lèvres de son amant se déposer sur les siennes, se laissant emporter une dernière fois par les flammes de leur amour défendu.

Jordan passait tout son temps dans la chambre de Gabriel, dès qu'il le pouvait. À part s'occuper de Volta et veiller sur son amoureux, il ne faisait rien de ses journées. Il errait sur les réseaux sociaux, observant les conséquences des propos qu'il avait tenus durant son discours.

Le Rassemblement national ne semblait pas avoir été désigné responsable de la tentative de suicide de Gabriel. Pourtant, le discours de Jordan leur avait bien coûté la victoire à ces élections.

Les élections devaient avoir lieu dans seulement quelques heures, et plus rien ne semblait pouvoir sauver le Rassemblement national, qui perdait drastiquement la confiance de ses électeurs.

S'ils ne subissaient pas les conséquences de leurs actes d'un point de vue judiciaire, Jordan leur avait laissé un goût amer en bouche. Un goût qu'ils n'étaient pas prêts d'oublier, maintenant qu'ils n'avaient plus Jordan pour redorer leur image.

Malgré ce sentiment de victoire, cela n'était rien comparé au désespoir qui l'habitait.

Chaque minute qui passait lui rappelait un peu plus l'homme qu'il avait été avec Gabriel. Celui qui n'avait pas su le raccrocher à la vie. Celui qui n'avait pas eu assez d'importance ou d'impact pour chasser cette idée noire de l'esprit de son compagnon.

Gabriel avait été prêt à renoncer à la vie, quitte à perdre les lèvres de Jordan pour toujours, à oublier leur chaleur. Tandis que Jordan, lui, était prêt à survivre éternellement, dans l'unique espoir de pouvoir embrasser l'homme une toute dernière fois.

Sous les Draps du Parlement [ Attal x Bardella ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant