Entre travail et sentiment

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Point de vue de Gabriel




Alors que le président venait de finir son discours, il reposa le micro avant de se diriger vers Gabriel.

— Je voulais savoir si cela ne te dérangeait pas de faire ce discours. Je sais que cela pourrait créer des tensions entre Monsieur Bardella et toi, mais tu es la personne la mieux désignée pour cela, prononça le président d'un air sérieux.

Gabriel était pris entre deux courants. D'un côté, il voulait vraiment pouvoir répondre présent à la demande de son mentor, mais d'un autre côté, il s'inquiétait de la réaction que pourrait avoir Jordan.

— Me permettez-vous d'en parler avec Bardella avant de vous donner ma réponse ? Demandai-je, le regard marqué par l'indécision.

— Bien sûr, mais le discours est prévu pour demain en fin d'après-midi, alors fais vite s'il te plaît.

Gabriel s'empressa de quitter la salle, téléphone à la main, afin d'appeler Jordan. Mais à peine avait-il mis un pied en dehors de celle-ci que son téléphone se mit à sonner. C'était Jordan qui l'appelait.

— Allô, Jordan ? Tout va bien ? Prononçai-je, inquiet de l'appel de l'homme.

— Oui, Gabriel, ça va, et toi ? Tu as vu les résultats des premiers tours, j'imagine..., Prononça Jordan d'une voix également inquiète.

Gabriel fut rassuré de voir que tout semblait bien se passer pour son compagnon.

— Oui, ça va, et oui, je les ai vus. On dirait que tu as encore gagné cette fois-ci.., répondis-je, un peu déçu.

— On dirait bien, oui. Pour autant, je n'arrive pas vraiment à m'en réjouir. J'ai beau avoir gagné, je ne pense qu'au fait que toi, tu as perdu. Je ne pouvais pas être heureux d'avoir gagné si cela voulait dire que toi, tu devais perdre. Tu ne m'en veux pas trop pour cela, j'espère ? Demanda Jordan, d'une tristesse et d'une inquiétude audibles même à travers le téléphone.

Gabriel, en entendant cela, fut soulager de voir que lui et Jordan partageaient les mêmes inquiétudes. Jordan, avec sa victoire aux élections, avait peur que Gabriel le prenne mal, et inversement, Gabriel craignait que Jordan prenne mal le discours que le président lui avait demandé de prononcer pour faire barrage au RN.

— Non, bien sûr que non, je ne t'en veux pas. On savait tous les deux très bien que ce genre de scénario allait forcément arriver.
J'aimerais pouvoir te féliciter pour ta victoire, mais j'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer.

Jordan sentit le stress monter en entendant Gabriel prononcer ces mots, au point de se raidir sur place.

— Que se passe-t-il ? Dis-moi.

— Le président m'a demandé de faire un discours demain, un discours dans lequel nous allons annoncer à nos électeurs que nous comptons faire barrage au RN pour le second tour des élections. Si jamais tu me disais que cela te dérange que je prononce ce discours, alors dans ce cas, je me désisterais et demanderais au président de trouver quelqu'un d'autre pour le faire.

Un léger silence s'installa après que Gabriel eut fini de parler. À chaque seconde qui passait, son inquiétude grandissait un peu plus.

— Non, cela ne me dérange pas, prononça Jordan. Je ne veux pas qu'on se fâche pour la politique, même si c'est compliqué. Si le président t'a choisi, c'est parce que tu es la personne la mieux placée pour ce discours. Je ne veux pas qu'on implique notre relation dans la politique ou la politique dans notre relation. Si on commence à mélanger les deux, ça ne peut que mal finir. Alors, je ne veux pas de compromis. Il faut que ce soit toi qui prononces ce discours si vous voulez en tirer le plus de bénéfices.

Sous les Draps du Parlement [ Attal x Bardella ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant