Sentiment inavouable

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Point de vue de Gabriel Attal



Nous nous sommes dirigés vers la sortie du bâtiment, le silence était pesant.
Lorsque nous avons passé la porte de sortie, nous nous sommes arrêtés un instant, nos yeux rivés vers le ciel.
Il faisait nuit désormais, et contrairement aux nuits habituelles de Paris, les étoiles étaient étonnamment visibles. Les rues étaient presque vides et la majorité des bâtiments étaient éteint, presque aucune lumière ne s'échappait, seul le ciel brillait à travers la lune et les étoiles.

À la vue de cela, je ne pus m'empêcher de commenter ce ciel étoilé.
 
- La nuit est vraiment belle ce soir, c'est bien la première fois que je vois un si beau ciel à Paris.

- Effectivement, c'est une première pour moi aussi. C'est comme si toute la ville de Paris était endormie, répondit Jordan d'une voix calme et posée.

Gabriel se sentit si bien face à la situation, il trouvait l'ambiance chaleureuse.

C'est étrange, pourquoi accorder autant d'importance à ce moment ? Ce n'est pas la première fois que je vois un ciel comme celui-là.
Puis je repensai à ce que j'avais dit avant d'arriver au lieu du débat. Je ne connaissais pas bien l'homme qui m'accompagnais, mais c'était plaisant de pouvoir partager un moment comme celui là avec quelqu'un.

Après ces quelques secondes passées à admirer le ciel, nous avons repris notre chemin en direction de ce fameux café.
Le silence était toujours présent, mais il n'était plus pesant comme avant, une sorte de tension avait émergé dans l'air.

Cette tension se faisait tellement sentir du côté de Jordan qu'il ne put rester silencieux plus longtemps.

- Gabriel, prononça-t-il d'une faible voix. Tu sembles bien fatigué ces derniers temps, tu es sûr que ça va ?

Gabriel, légèrement surpris par la question de Jordan, fut pris de court, et un petit silence s'installa avant sa réponse, lui laissant le temps de trouver ses mots.

-Honnêtement, je ne pensais pas que le travail de Premier ministre serait si compliqué. En temps normal, j'arrive à gérer, mais en ces périodes d'élections, la charge de travail a pris le dessus, et la fatigue me submerge.
Aujourd'hui, je réalise à quel point l'impact que j'ai sur le pays est grand, et je passe par une période de stress. À vrai dire, le sommeil me manque de plus en plus.

Je fus étonné de moi même par la réponse que j'apporta à la question de l'homme. Je ne parlais jamais de cela, même pas à mes proches, et pourtant, je n'eu aucune difficulté à exprimé mes ressenties à Jordan.

- Tu sais, je m'inquiète pour toi, tout le monde s'inquiète, répondit Jordan d'une voix imprégnée d'une forte inquiétude. Tout le monde voit les efforts que tu fournis pour remplir au mieux tes fonctions de Premier ministre, mais tu n'es pas infaillible, personne ne l'est.
Tu ne peux pas continuer comme ça, il faut aussi que tu trouves le temps de te reposer. Tu ne peux pas travailler de manière efficace si ta santé ne suit pas.

Pour la première fois depuis un moment, après avoir écouté les paroles de Jordan, je me suis senti bien. J'avais enfin le sentiment que quelqu'un me voyait vraiment et ne percevait pas uniquement le titre de Premier ministre à travers moi.

- Je ne t'imaginais pas si empathique, Jordan, dis-je.

-Et alors, cela ne te plaît pas ? Répondit-il d'un ton légèrement hautain et provocateur.

-Je n'ai pas dit ça, au contraire, répondis-je en laissant échapper un léger rire nerveux.
C'est une bonne qualité, ça me fait plaisir de voir que quelqu'un se soucie de moi. Merci de ton inquiétude.

Suite aux mots d'Attal, le visage de Bardella se mit à rougir, mais dans l'obscurité de la nuit, Attal ne remarqua rien.
Ils continuèrent tous deux d'avancer jusqu'à arriver au café.

 -Nous sommes arrivés, disais-je.

Attal et Bardella entrèrent dans le bâtiment. Ils s'installèrent à une table dans un coin isolé, et commandèrent tous deux un café, puis commencèrent à papoter.
Les deux politiciens semblaient être sur un bon terrain d'entente, ils parlaient, de tout et de rien, apprenant un plus qui était vraiment l'autre sous son masque politique. Ils riaient parfois, c'était vraiment plaisant, mais Attal n'avait pas oublié ce que Bardella lui avait dit avant le débat, et ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi Bardella semblait à ce point vouloir lui parler.

-Jordan, pourquoi voulais-tu tant qu'on se voit en privé ? Demandais-je, intrigué.

Jordan se raidit suite à la question d'Attal. Le stress qu'il ressentait étais si fort, il voulu répondre à la question, mais ne savait quoi dire ou faire.
L'atmosphère qui était plutôt détendu jusque là, avait prit une tournure totalement différente. Une véritable tension était née, et elle était palpable, pour chacun des deux hommes. Jordan essaya de son mieux de reprendre son calme, et prononça d'une voix légèrement tremblante.

 -Je.. Je ne comprends pas moi-même et je me déteste pour ça. Je ne peux m'empêcher de penser à toi. Chaque fois que je te vois, mon cœur se déchire, car tu ne me vois que comme l'homme politique que je suis, mais je ne souhaite pas que tu me voies de cette manière.
C'est pour ça que je voulais te voir en privé, pour que tu voies qui je suis vraiment, et ce que je ressens pour toi.
Tu me fais ressentir des choses que je n'avais jamais ressenties pour un garçon auparavant, et je déteste ça, mais je déteste encore plus la sensation d'être insignifiant pour toi.

Jordan du rassembler toutes ses forces afin de trouver le courage de dire à haute voix ce que son cœur criait tout bas depuis un moment maintenant.
Gabriel était totalement dépassé par la réponse de Jordan. Jamais il n'avait imaginé que Jordan avait des sentiments pour lui.
Son cœur battait la chamade, mais il fit de son mieux pour garder son calme.

Jordan est amoureux de moi ? Pourquoi ? Pourquoi est-il amoureux de moi et pourquoi cette révélation a-t-elle autant d'effet sur moi ? Il ne devrait pas ressentir cela pour moi, tout s'y oppose, ce n'est pas logique.

Suite à la réponse de Bardella, Attal se posait des milliers de questions, mais tout revenait au même point. Pourquoi cela semblait-il avoir un si grand impact sur lui ?
Son pouls était rapide, sa respiration haletante et la chaleur dans sa poitrine semblait l'étouffer.

Aurais-je des sentiments pour Jordan ? Je n'en avais pas conscience, mais je n'arrête pas de penser à lui ces derniers temps. Je n'arrive pas à me contrôler en sa présence, et mon corps semble réagir à chaque regard, chaque mot, chaque attention qu'il me porte.

Gabriel se leva brusquement, sa main gauche serrant fermement sa poitrine, son cœur ne semblant pas vouloir se calmer, puis se dirigea vers la porte de sortie.
Jordan, surpris par la réaction d'Attal, se leva à son tour, inquiet.

-Gabriel, ça ne va pas ? Prononça l'homme.
Gabriel ne répondit pas. Jordan le suivit jusqu'à la sortie du café. Une fois dehors, il l'attrapa par le bras et lui reposa la question.

Gabriel, qu'est-ce qui ne va pas ? Explique-moi, s'il te plaît.

Jordan transperça l'homme du regard, ses yeux remplis d'inquiétude. Gabriel avait les yeux qui brillaient, son regard semblait paniqué et perdu. Après avoir repris une respiration à peu près normale, il répondit.

-Je suis désolé, mais il faut que j'y aille.

Attal s'en alla sans plus attendre, laissant Bardella seul et sans réponse, suite à la déclaration de ses sentiments qu'il avait enfouis pendant si longtemps.


Sous les Draps du Parlement [ Attal x Bardella ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant