Désarroi

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Point de vue de Gabriel


Alors que Gabriel ouvrait finalement les yeux, il lui fallut un moment pour comprendre ce qui se passait.

Une lumière blanche l'éblouissait, tandis que tous les sons autour de lui bourdonnaient dans ses oreilles.

Des infirmiers et infirmières s'approchèrent de lui pour s'assurer que tout allait bien. Ils en profitèrent également pour contacter ses proches et les informer de son réveil.

Il fallut bien une quinzaine de minutes à Gabriel pour retrouver pleinement ses esprits. Son corps se réhabituant petit à petit aux divers stimuli environnants.

En voyant que l'homme reprenait finalement ses repères, l'un des infirmiers s'approcha de lui et lui rendit ses affaires.

— Vous vous réveillez enfin. Nous avons contacté vos proches, ils ne devraient pas tarder, dit-il avec un sourire.

La première chose qui résonna dans la tête de Gabriel fut ces quelques mots : "vous vous réveillez enfin". Le stress commença à s'emparer de lui.

— Combien de temps ai-je dormi ? Demanda Gabriel, un peu inquiet.

— À peine plus de sept jours, répondit le médecin.

À cette réponse, Gabriel fut terrifié.

Cela fait déjà plus de sept jours que Jordan affronte seul les conséquences de ce que j'ai fait. Comment a-t-il pu réagir à tout ça ?

Réalisant la souffrance qu'il avait dû infliger à Jordan, Gabriel se précipita sur son téléphone pour vérifier ses messages, espérant que tout allait bien.

Le premier message qu'il vit était de Jordan.

En le lisant, Gabriel sentit son cœur se briser en mille morceaux. Il ne pouvait pas l'accepter, il ne voulait pas croire que c'était réel. Alors qu'il était sur le point de s'effondrer, une lueur d'espoir apparut dans son regard lorsqu'il remarqua la date d'envoi du message. Il ne datait que d'hier soir. Peut-être n'était-il pas trop tard ?

Il ouvrit immédiatement Twitter pour voir les dernières actualités. L'apparition de Jordan avait déjà eu lieu, elle s'était terminée une trentaine de minutes plus tôt.

Gabriel connaissait bien l'endroit où se trouvait le plateau de l'émission sur laquelle Jordan avait fait irruption. La chance semblait être avec lui lorsqu'il vit dans quel hôpital il avait été transporté. Celui-ci était proche du lieu mentionné dans le message.

Il ne perdit pas une seconde de plus. Gabriel se leva précipitamment de son lit d'hôpital et se dirigea vers l'endroit indiqué.

Alors qu'il traversait les couloirs de l'hôpital, tentant d'échapper aux infirmiers qui ne semblaient pas vouloir le laisser partir seul, Gabriel tenta d'appeler Jordan.

Il laissa son téléphone sonner une première fois, puis une deuxième.. Jordan ne répondait pas, ce qui inquiéta encore davantage Gabriel.

Mais il ne comptait pas se décourager. Tant qu'il y avait la moindre chance de sauver Jordan, il ferait tout pour la saisir.

Une vie sans lui, il n'en voudrait pas.

Finalement, il atteignit la sortie de l'hôpital et continua sa course dans les rues de Paris.

Le souffle commençait à lui manquer, et son corps se déplaçait difficilement, ce qui n'était pas surprenant après avoir passé une semaine entière alité. Malgré cela, Gabriel ne s'arrêtait pas de courir, peu importe la douleur ou l'épuisement qu'il ressentait.

Il parcourait les rues où il était déjà passé, main dans la main avec Jordan. Mais à cet instant, Gabriel ne pensait pas à ces souvenirs. Son esprit était envahi par des pensées négatives, imaginant le pire.

Gabriel sentait ses forces l'abandonner peu à peu. Il était si épuisé que sa vision devenait floue, tant l'air lui manquait. Et après ce qui lui sembla une éternité, il aperçut enfin le fameux pont mentionné dans le message de Jordan.

Il ne ralentit pas sa course avant de l'atteindre.

Arrivé sur le pont, Gabriel ne vit personne. Pas la moindre trace de Jordan. Tandis qu'il reprenait son souffle, le peu d'espoir qui lui restait semblant quitter ses yeux. Gabriel cria son nom. Un ultime appel à l'aide, un dernier espoir de revoir l'homme qu'il aimait.

— Jordan !

Gabriel cria son nom à plusieurs reprises, n'espérant qu'une seule chose, que Jordan lui réponde. Mais sa voix finit par se briser, n'en recevant aucune. Seul un silence morbide l'entourait, lourd de sens. Ses cris se perdaient dans le crépuscule qui s'installait peu à peu.

Gabriel vérifia une nouvelle fois son téléphone, tentant d'appeler encore Jordan. Mais là encore, aucune réponse.

Il s'effondra par terre, en larmes. Il s'en voulait tellement d'avoir commis un tel acte. Comment avait-il pu envisager de se donner la mort, laissant Jordan seul, alors qu'ils s'étaient promis de toujours tout affronter ensemble ?

À cet instant précis, Gabriel comprit pleinement la douleur qu'il avait causée à l'homme qu'il aimait.

Il se releva doucement, toujours en pleurs.

Son cœur hurlait de douleur, et il n'aspirait qu'à une seule chose, faire taire cette souffrance.

À son tour, il se dirigea vers le bord du pont et contempla les reflets des derniers rayons de soleil sur la Seine, la nuit prenant doucement le dessus.

Tout était clair dans l'esprit de Gabriel. Il avait déjà tenté d'en finir, et même s'il regrettait son geste, l'absence de Jordan ne faisait que le pousser à répéter ce choix.

Il repensa à tout ce qu'il avait vécu avec Jordan. Cette période, bien que courte, était la seule qui avait de l'importance à ses yeux. 

Finalement, Gabriel se décida à monter sur la rambarde du pont, cherchant à se libérer de ses peines. 

Il posa ses deux mains sur la rambarde, supportant le poids de son corps et de son chagrin. Alors qu'il s'apprêtait à la franchir, il l'entendit.

— Gabriel !

Ce simple mot était la seule réponse qu'il avait rêvé d'entendre, sans plus y croire.

Pourtant, lorsqu'il tourna la tête, il le vit.

Jordan était là, essoufflé lui aussi, s'étant arrêté à une dizaine de mètres.

En voyant l'homme, Gabriel se sentit plus heureux qu'il ne l'avait jamais été, tout en étant à bout de forces.

Il se précipita vers Jordan et se blottit dans ses bras, criant de douleur et de soulagement à la fois.

Ses cris étaient si douloureux à entendre pour Jordan, lui rappelant la nuit où ils s'étaient échangé leur premier baiser, nuit durant laquelle Gabriel avait crié de la même manière.

Jordan pleura à son tour, silencieusement. Des larmes de compassion en voyant la peine de son amant, mais aussi des larmes de soulagement de n'être pas arrivé trop tard.

D'une voix calme et triste, il tenta de rassurer Gabriel du mieux qu'il le pouvait.

— Ça va aller, Gabriel, je suis là..

Sous les Draps du Parlement [ Attal x Bardella ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant