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Point de vue de Gabriel





Gabriel et Emmanuel étaient toujours dans le bureau du Premier ministre. Gabriel ne sut quoi dire après avoir vu la vidéo que le président lui avait montrée.

— Je ne comprends pas pourquoi Jordan a fait ça, prononçai-je d'un air apeuré, dépassé par la situation.

— Tu n'étais pas au courant pour cette vidéo ? répondit Emmanuel, toujours aussi en colère.

— Non, je n'en savais rien, répondis-je d'une voix perdue.

— Donc, en plus de faire n'importe quoi, il profite de votre relation ! Je ne me suis pas opposé à votre liaison, je n'avais pas vraiment mon mot à dire, mais en voyant cela, on peut se demander si Jordan tient vraiment à toi. Est-ce qu'il t'aime vraiment ?

En entendant toutes ces paroles si blessantes de la part du président, qui criait, dominé par la colère, Gabriel se perdit dans ses pensées, noyant son esprit, ne semblant plus pouvoir entendre autre chose que le bruit assourdissant du courant de ses pensées.

Le président continuait de crier sur Gabriel, mais il n'entendait pas ce qu'il lui disait.

Gabriel repensait juste aux moments qu'il avait pu passer avec Jordan, à tous ces moments passés dans ses bras. À toutes les fois où ils se sont murmuré leur amour d'une passion brûlante et frustrée, restreinte par la réalité, semblant vouloir crier au monde entier leur histoire, qu'ils vivaient cachée sous les draps, à l'abri des regards. À toutes les larmes qui avaient coulé, à tous les sacrifices et toutes les peines partagées.
Il repensait au fait que le monde entier était leur ennemi et que la seule personne en qui il semblait pouvoir faire confiance avait été, au final, la seule personne qui l'avait trahi.

Au fond de lui, il sentit que quelque chose s'éteignait, comme si l'image qu'il avait de Jordan en dehors des débats avait disparu, ne laissant plus que l'homme politique qu'il était. Le président du Rassemblement national, un parti qui ne souhaitait ni leur relation, ni même leur existence dans cette société, comme s'ils n'avaient pas leur place.
Puis finalement, il repensa à cette même pensée qui l'avait traversé lorsque Jordan avait refusé de venir vivre avec lui. Cette intuition qui lui laissait penser que, malgré le fait que Jordan assumait ses sentiments envers lui, il ne semblait toujours pas accepter le fait qu'il aimait tout autant les hommes que les femmes. Jordan semblait tout faire pour que leur relation n'avance pas, pour que rien ne s'officialise entre eux, comme s'il avait peur que cela devienne trop réel, trop concret.
Ils se disaient « je t'aime » de mille et une manières, mais jamais ils ne s'étaient clairement dit être ensemble l'un avec l'autre, jamais ils n'avaient parlé d'une quelconque relation sérieuse. Ils n'avaient pas pris le temps de définir ce qui les unissait, de mettre des mots sur ce qu'ils partageaient tous les deux.

Après avoir repensé à toutes ces choses, pendant ce qui lui sembla être des heures, mais qui ne fut en réalité que l'histoire de quelques secondes, son esprit revint à la réalité.

— Les conséquences de cette vidéo sont terribles, j'espère que tu t'en rends compte ! Le RN a trouvé un autre moyen d'embellir son image, et ça risque de ne pas rater. Tandis que pour nous, c'est tout le contraire. Le fait qu'un tel rapprochement soit né entre toi et Jordan Bardella est devenu un vrai problème chez nos électeurs, qui soupçonnent cette union. Pour certains d'entre eux, c'est vu comme une trahison, une trêve ou une alliance avec le RN. Un rapprochement entre nos deux partis, nous qui menons ce combat face au RN depuis ce qui paraît être une éternité.

Je suis très déçu de toi, Gabriel. Je t'ai fait confiance, je pensais que tu serais capable de gérer cette relation avec Bardella et que tu trouverais un moyen pour que cela n'ait pas d'impact sur notre campagne, mais tu n'as pas su y faire. Depuis cet événement, les prédictions des élections législatives ont pris un vrai tournant. Le RN aurait gagné encore plus de voix. Nous qui étions si mal partis, tout semble nous filer entre les doigts, répondit Emmanuel, d'un air défaitiste.

Le président semblait enfin s'être calmé après avoir déchaîné toute sa colère contre son Premier ministre, qui avait commis pour seule erreur d'avoir accordé sa confiance à la seule personne envers qui il pouvait se le permettre.

Emmanuel se dirigea vers la porte du bureau de Gabriel et sortit sans dire un mot, prenant le temps de refermer la porte derrière lui.

À peine la porte fut-elle fermée que Gabriel s'écroula sur le sol, en larmes.
Son désespoir était plus grand que jamais, sachant pertinemment qu'aujourd'hui, plus personne ne serait là pour le sauver.
Gabriel était si désemparé qu'il semblait ne plus pouvoir respirer, comme si la somme de tous ses regrets s'était nouée autour de son cou et l'étouffait. Il plaça ses mains tremblantes devant sa bouche, cherchant à étouffer ses cris au mieux.
Ses dernières forces le quittèrent, son front rencontra le sol froid de son bureau, ce qui lui rappela une fois de plus ce qu'il venait de perdre : la chaleur corporelle de Jordan qui lui manquait déjà.

Après avoir pleuré jusqu'à ne plus pouvoir lâcher une larme de plus, le Premier ministre se releva.

Il prit son téléphone et vit qu'il avait reçu des messages de Jordan.

Jordan :

" Gabriel, je suis vraiment désolé pour ce que j'ai fait. Je ne pensais pas que tout cela prendrait une telle tournure. Je t'en prie, pardonne-moi.

S'il te plaît, réponds-moi, tu m'inquiètes. Je ne voulais pas faire ça.

Où es-tu ? J'ai peur d'imaginer que tu sois seul, je t'en supplie, réponds-moi... "

Face à cela, Gabriel eut le cœur brisé. Il voulait tant pouvoir se précipiter dans les bras de Jordan, comme il avait pris l'habitude de le faire, mais il savait que ce n'était pas le bon choix.

" Je suis désolé, Jordan, mais je ne peux pas accepter cette situation. Tu t'es servi de notre relation pour la politique. Je ne doute pas de ton amour pour moi, mais je ne pense pas que tu sois prêt pour une relation sérieuse, pas avec moi en tout cas.
J'ai l'impression que tu fais tout pour que ça ne fonctionne pas, pour que rien ne bouge et qu'on reste dans le stade d'une relation floue. Rien ne se concrétise, nous n'avons jamais pris le temps de nous dire que nous sommes officiellement ensemble. J'ai l'impression d'être dans le cadre d'une simple aventure, quelque chose qui ne durera pas, et je ne peux plus continuer comme ça. Je pense que tu as encore du mal à accepter ton homosexualité et tant que tu ne l'accepteras pas complètement, jamais les choses ne pourront changer entre nous. Tout cela me dépasse, je ne peux plus le supporter. Il vaut mieux qu'on en reste là. "

Message envoyé.

La douleur que Gabriel ressentit au moment où il envoya ce message n'était comparable à celle d'un quelconque autre évènement tant elle était forte.




Message

Je tenais à vous remercier, vous tous qui suivez cette histoire. On a déjà dépassé les 4500 lectures ! Il y a peu de temps encore, lorsque j'ai commencé à publier les premiers chapitres de cette histoire, j'étais tellement heureux de voir la petite dizaine ou vingtaine de personnes qui suivaient cette histoire avec attention. Avoir atteint ce stade me paraît inconcevable, je ne réalise toujours pas l'ampleur que cela a pris en partant d'un simple coup de tête. Le fait de vous voir lire les chapitres que j'écris dans les minutes qui suivent leur publication pour certains, de voir à quel point vous êtes investis dans cette histoire me fait chaud au cœur. Chaque commentaire que je lis me confirme que ces heures que je passe à écrire chaque chapitre de cette histoire ne sont pas perdues. J'adore pouvoir lire chacune de vos réactions à cette histoire, de voir à quel point vous êtes pris d'émotion pour nos deux personnages. À chaque notification que je vois, je prie pour que ce soit un commentaire, c'est ce qui me motive le plus, je pense.

Après avoir dit tout cela, je voulais ajouter que je vais essayer d'écrire un chapitre par jour. J'adore écrire cette histoire, mais encore une fois, cela me prend beaucoup de temps, surtout que je l'écris pratiquement uniquement la nuit. Il y a beaucoup d'autres choses que j'aime faire en dehors d'écrire cette histoire, donc mon temps est assez limité, mais comme la quasi-totalité de mes amis sont actuellement en vacances, je dispose désormais de plus de temps pour écrire. Je serai donc sûrement plus régulier dans la publication de mes chapitres à partir de maintenant. ;)
En espérant que cette histoire vous captivera toujours autant qu'à ses débuts, et plus encore.

Sous les Draps du Parlement [ Attal x Bardella ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant