Aveuglé

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Point de vue de Jordan





Alors que Jordan continuait d'admirer l'homme endormi, le silence qui régnait dans la pièce fut de nouveau brisé lorsqu'une personne entra.

Jordan n'y prêta pas plus attention, jusqu'à ce qu'il entende cette même personne s'arrêter net, malgré la hâte apparente avec laquelle elle avait ouvert la porte, ramenant ainsi le silence.

— Jordan Bardella, que faites-vous ici ? Demanda l'homme, complètement sceptique face à la présence de Jordan.

Finalement, Jordan se décida à faire face à celui qui venait de l'interpeller, rompant le contact visuel qu'il avait maintenu avec Gabriel depuis son arrivée dans la pièce.

Lorsqu'il vit l'homme en face de lui, il voulut croire un instant que son esprit lui jouait un mauvais tour, tant la réalité était difficile à accepter.

Stéphane Séjourné se tenait juste devant lui, et pour la première fois depuis le début de leur relation, Jordan se retrouvait face à l'ex de Gabriel, qui ignorait tout de leur liaison.

— Bonsoir, Monsieur Séjourné, répondit Jordan d'une voix calme.

Face à cette réponse, et au contexte ironique de la situation, Emmanuel et Jordan purent voir la colère monter sur le visage de Séjourné à vue d'œil.

Il s'approcha de Jordan, l'attrapant par le col de sa chemise, tant bien que mal vu la différence de taille entre les deux hommes, Jordan étant nettement plus grand que lui.

Jordan ne réagit pas, se laissant faire, n'ayant pas le courage ni la force de rentre dans le jeu de l'homme.

— Que faites-vous là ? Vous ne croyez pas en avoir déjà assez fait ? Hurla Stéphane, resserrant un peu plus son emprise sur lui.

— Ne criez pas, pas ici s'il vous plaît. Nous sommes dans un hôpital.

La réponse de Jordan fit bouillonner encore plus la colère de Stéphane. Jordan avait ce vilain défaut de toujours provoquer, cherchant à se donner un air supérieur face à ses adversaires politiques. Mais cette fois-ci, il en était autrement. Il voulait simplement que Stéphane cesse de crier, ce lieu n'étant pas approprié pour cela.

— Vous n'avez pas honte de venir ici après ce que vous avez fait ?

Stéphane avait baissé le ton, mais il restait toujours aussi hostile face à l'homme.

— Je n'ai rien fait, rien qui aille à l'encontre de Gabriel, répondit Jordan, toujours aussi calme.

— Et l'annonce que vous avez faite aujourd'hui, cela ne signifie rien pour vous ? C'est le seul moyen que vous ayez trouvé pour contrer le discours d'Attal ?

Un soupçon de tristesse passa dans le regard de Jordan, ses yeux brillants légèrement. Il repoussa doucement l'emprise de Stéphane sans y mettre la moindre force. Stéphane, en voyant sa réaction, le relâcha.

— Cet article est faux, je n'ai jamais fait cette annonce, dit Jordan, se tournant à nouveau vers Gabriel.

Stéphane ne comprenait pas. Si Jordan n'avait pas fait cette annonce, alors pourquoi cet article mensonger avait-il été publié ? Cela n'avait aucun sens.

— Bien sûr que cet article est faux. Jamais Gabriel n'aurait pu avoir le moindre sentiment pour vous. Mais dans ce cas, expliquez-moi pourquoi cet article existe ?

Stéphane semblait ne pas croire Jordan, mais son comportement avait éveillé un doute en lui.

Jordan ne répondit pas. Il était trop perdu dans ses pleurs silencieux, des larmes coulant à nouveau sur ses joues. Stéphane ne les voyait peut-être pas, mais Emmanuel, lui, était témoin de toute la scène.

Voyant que le plus jeune atteignait ses limites face à cet échange, Emmanuel intervint.

Il posa une main sur l'épaule de Jordan, comme pour lui indiquer qu'il prenait le relais, et se tourna vers Séjourné.

— Ne comprenez-vous donc vraiment pas ce qu'il se passe ? Demanda le président, subjugué par l'aveuglement de l'homme face à la scène qui se déroulait sous ses yeux.

— Y a-t-il vraiment quelque chose à comprendre face à cette situation totalement dénuée de sens ? Demanda Stéphane, d'un ton plus calme.

Le président poussa un soupir, épuisé par l'incompréhension de l'homme.

— Vous êtes simplement trop aveuglé par la haine pour voir ce qui est pourtant évident.

Stéphane ne comprit pas tout de suite, puis il regarda plus attentivement l'homme qui lui tournait le dos, penché vers Gabriel, tremblant légèrement à cause de ses pleurs. Enfin, il comprit.

— Ils sont ensemble, dit Stéphane, se rappelant des rumeurs qui circulaient déjà à leur sujet, et semblant terrifié par la pensée qui venait de traverser son esprit.

— Eh oui, de vrais tourtereaux, répondit le président, d'un air sarcastique.

— Je ne comprends pas, pourquoi Gabriel ne m'a-t-il rien dit ?

— Vous posez vraiment la question après la scène que vous venez de nous faire ? Demanda le président, toujours aussi perplexe face aux questions de l'homme. Vous ne savez pas faire la différence entre vie professionnelle et vie privée. Vous ne voyez que Bardella, jamais Jordan. Ici, il n'est pas question de Bardella, mais uniquement de Jordan.

Stéphane réalisa le manque de tact dont il avait fait preuve et sentit la culpabilité l'envahir. Il avait beau haïr Bardella, il ne le connaissait pas en dehors de la politique.

— Je suis désolé, je n'aurais pas dû me comporter ainsi. Pardonnez-moi, Monsieur Bardella.

Finalement, les trois hommes restèrent quelques minutes de plus, avant qu'un médecin vienne leur dire que les visites étaient terminées pour la nuit.

Jordan quitta à contrecœur la chaleur de la main de Gabriel. Il était terrifié à l'idée que cette fois-ci pourrait être la dernière où il ressentait cette chaleur, mais il ne pouvait rien faire d'autre que croire en Gabriel.

Il rentra chez eux et s'occupa de nourrir la chienne, qui avait été totalement délaissée face à la situation. Jordan était épuisé, il ne souhaitait plus qu'une seule chose, dormir. Il se dirigea vers la chambre et, en voyant le lit dans lequel ils dormaient habituellement, il ne put s'empêcher de se remémorer les scènes qui s'étaient déroulées la nuit précédente.

Jordan n'osait même pas franchir le seuil de la porte de leur chambre. Il restait figé, incapable de faire un pas de plus, jusqu'à ce que Volta vienne se blottir à ses pieds.

Sentant la tristesse de Jordan, la chienne semblait tenter de le réconforter. Elle entra la première dans la pièce, comme pour l'inciter à la suivre. Jordan finit par se décider à entrer, avant de se déshabiller et de s'effondrer sur le lit.

Volta le rejoignit, tenant compagnie à l'homme, toujours aussi triste. L'absence de Gabriel se faisait ressentir, mais la présence de Volta aida Jordan à se calmer un peu. Finalement, une fois bien installés, l'homme et la chienne s'endormirent.




Message


Excusez-moi pour le rythme qui a perdu un peu en régularité ces derniers temps. Le fait d'en être arrivé aussi loin dans l'histoire me coupe un peu l'envie d'avancer, ne voulant pas qu'elle se termine. Mais tout doit avoir une fin. Je pense donc me pencher dès demain sur le plan d'une suite à cette fanfiction, ou sur une nouvelle histoire, afin de me motiver à finir celle-ci dans le but d'en commencer une autre, ahah. En espérant que ce chapitre vous plaira, il n'était pas prévu au départ.



Sous les Draps du Parlement [ Attal x Bardella ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant