Chapitre 14

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Lorsque nous arrivâmes à quelques mètres de chez moi, je ressentis une lutte intérieure entre le désir de prolonger ce moment intense et la nécessité de revenir à ma réalité. Le silence dans la voiture était chargé, comme une mélodie pleine d'impressions et de désirs inexprimés flottant entre nous.

Il ralentit et se gara près du trottoir. Je me tournai vers lui, cherchant une lueur d'espoir, une promesse que notre histoire ne se terminerait pas ici. Ses yeux sombres brillaient d'une intensité qui me déstabilisait.

— Je ne veux pas que ça s'arrête, murmurai-je enfin, ma voix tremblante.

Il me fixa, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres.

— Moi non plus !

Dit-il en plongeant son regard dans le mien.

— Que devrions-nous faire alors ?

Demandai-je, le cœur battant.

— Nous allons reprendre où nous nous sommes arrêtés, quand tu le voudras. Je suis à ta disposition, poussin.

Un frisson d'excitation parcourut mon corps à l’entente de ses mots. La promesse qu’il formulait m’enivrait. J’étais tiraillée entre la sécurité de mon foyer et l’adrénaline de cette connexion irrésistible.

— À ma disposition ? répétai-je avec un sourire, essayant de cacher l’anticipation qui grandissait en moi.

Il hocha la tête, un regard plein de défi.

— Oui, tu es la Reine. Je ne suis que ton humble serviteur !

— Je vois... De toute façon, nous en reparlerons demain.

— Pas de souci.

Il se pencha et déposa un baiser sur ma joue. Mon corps réagit, une excitation insoupçonnée naissant d'un geste si banal.

L’instant d’après, rassemblant mon courage, je sortis du véhicule après lui avoir lancé un dernier regard. Ma conscience hurlait de me ressaisir ; j'étais mariée, pourtant, au fond de moi, j'avais ce besoin de vivre, de me sentir désirée.

En rentrant chez moi, je pris un bain en essayant de chasser les images de notre rencontre plus tôt. Il était mon supérieur hiérarchique, c'était mal, mais ce qui apportait du plaisir était souvent fou et insensé.

Lorsque je sortis du bain, je réalisai que mon époux était rentré après plusieurs nuits passées dehors sans donner de nouvelles.

— Bonsoir !

Dis-je en entrant dans la chambre.

Assis sur le lit, il ne daigna même pas me répondre.

— Hervé !

— Quoi ? Suis-je obligé de faire ce que tu veux ?

— Désolée !

Je n'étais pas d'humeur à me disputer.

— Sers-moi à manger, j'ai faim !

Dit-il sèchement en se levant pour quitter la pièce.

Mon cœur se refroidit. J'avais envie de hurler, mais je me retins. Enfilant un peignoir, je me rendis à la cuisine.

Quelques minutes plus tard, je dressai la table et il s’assit. En se servant, je l'observais, essayant de comprendre pourquoi il était si froid avec moi.

— C'est quoi cette merde ?

Dit-il en plissant les lèvres.

— Quel est le problème avec le repas ?

— C'est dégueulasse ! À quoi me sers-tu dans cette maison ? Tu es nulle au lit, tu es une piètre cuisinière et si ce n'était pas pour les domestiques, je suis sûr que cette maison ressemblerait à un dépotoir.

Ces mots me brisèrent.

— Hervé...

Je déglutis, cherchant mes mots, mais ma voix était à peine un murmure. Chaque insulte, chaque reproche, résonnait dans mon esprit comme un coup de tonnerre, me laissant désemparée. Je baissai les yeux, tentant de dissimuler mes larmes, mais elles jaillissaient malgré moi, brûlant mes joues.

— Pourquoi tu me traites comme ça ? demandai-je finalement, ma voix tremblante, l'émotion m'étouffant.

Il haussait les épaules, indifférent à ma souffrance.

— Parce que tu le mérites. À quoi bon rester ici ? Je suis fatigué de tes inepties.

Ses mots étaient des coups de poignard, me laissant sentir toute l'impuissance de ma situation. Je pris une profonde inspiration, tentant de ravaler mes larmes, mais l’effort était vain.

— Tu sais, Hervé, je ne suis pas parfaite. Je fais de mon mieux... pour nous.

Il éclata de rire, un rire froid et méprisant.

— Ton mieux ? C'est risible. Tu es juste une femme qui ne sait rien faire d'autre que pleurnicher.

Je serrai les poings, une rage sourde grondant en moi. Mais au fond, la tristesse dominait, se mêlant à un profond sentiment d'abandon. Je me sentais si seule, si insignifiante.

— Peut-être que je n'ai pas besoin de rester ici à subir ça. Je mérite mieux que d'être traitée de la sorte, Hervé.

Ma voix, bien que déterminée, tremblait de désespoir. J'étais piégée dans cette vie que je n'avais pas choisie.

— Tu crois vraiment que tu peux partir comme ça ? demanda-t-il, un rictus cruel sur les lèvres. Qui t'accueillera ? Personne ne se soucie de toi. Tu es une pauvre fille, une orpheline. En fait, tu devrais m'aduler, car oui, je suis TON DIEU ! Sans moi, tu n'es rien d'autre qu'un déchet, un fardeau. Tu te demandes pourquoi je passe mon temps hors de cette maison ? J'évite de voir ta tronche, qui me répugne. Tu n'es pas classe, tu ne sais pas t'habiller comme une vraie femme, ni séduire. Tu es nulle, Winny, et à ta place, j'aurais honte de respirer. Tu aurais mieux fait de céder ta place sur cette terre à une autre personne.

Les larmes commençaient à couler, me brulant les joues.

— Pourquoi m'as-tu épousée ? Pourquoi ?

— Par reconnaissance. On s'est connus dans la galère, et si je ne l'avais pas fait, je craignais de subir le karma de la vie. Mais là, tu vois, je regrette. J'aurais dû t'abandonner et épouser une vraie femme.

— Tu es un idiot, Hervé, et...

Il réduisit la distance entre nous en un éclair et me flanqua une gifle si violente que ma lèvre inférieure se fendit.

— Saleté ! Tu sais ce qu'on fait des femmes comme toi ? On les utilise comme des objets. Chienne !

Puis, dans un dernier éclat de colère, il quitta la pièce, me laissant là, tremblante et meurtrie, sous le poids de ses paroles cruelles.

Je restai là, figée, le cœur lourd et l’esprit embrouillé par la violence de ses mots. L’écho de sa colère résonnait encore dans mes oreilles, comme une mélodie macabre que je ne pouvais pas chasser. Les larmes coulaient librement maintenant, traçant des chemins brûlants sur mes joues. Je m’effondrai sur le sol, repliant mes jambes contre ma poitrine, en quête d’un peu de réconfort dans cette position vulnérable.

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