Chapitre 39

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#Hervé

J'avais passé une nuit atroce, tourmenté par les images de ma femme, si confiante, me demandant le divorce. L'idée m'avait obsédé, au point que j'avais annulé mon rendez-vous avec Délice, trop en colère pour le supporter.

De retour à la maison, j'avais espéré qu'elle rentrerait, mais elle n'était jamais revenue. Où avait-elle passé la nuit ? Je n'en avais aucune idée. Mes appels étaient restés sans réponse, ce qui ne faisait qu'accroître ma frustration.

Au petit matin, déterminé à obtenir des réponses, je décidai de me rendre à l'hôpital où elle travaillait, pour voir si c'est là qu'elle avait passé la nuit.

À mon arrivée à l'hôpital, je me dirigeai immédiatement vers l'accueil. L'employée, visiblement fatiguée, consulta son ordinateur avant de me répondre :

__ Désolé, monsieur, mais votre femme n'était pas de garde la nuit dernière.

Cette réponse me fit l'effet d'un coup de massue. Elle n'avait donc pas passé la nuit à l'hôpital. Une vague de colère mêlée d'inquiétude monta en moi. Où était-elle allée alors ? Et surtout, avec qui ?

Je pris une profonde inspiration pour contenir ma rage. Je la retrouverai, coûte que coûte. En retournant à ma voiture, je tentai de me calmer, bien que l’agitation bouillonnait en moi. J’étais sur le point de démarrer quand, soudain, je la vis. Elle sortait d’un SUV noir qui s’éloigna presque aussitôt, avant même que je puisse voir le visage du conducteur.

Mon cœur se serra, l’image de cette voiture s’imprimant dans mon esprit. Qui venait de la déposer ? Où avait-elle passé la nuit ?

Je serrai le volant, partagé entre le désir de sortir pour l'affronter et celui d'attendre en silence. Finalement, la colère l’emporta. Je sortis de ma voiture, déterminé à obtenir des réponses.

Elle était encore dans la cour de l'hôpital quand je l'ai rattrapée, juste avant qu'elle n'entre. Je me plantai devant elle, mon regard empli de colère.

__ Où étais-tu cette nuit ?  demandai-je, le ton sec.

Elle s'arrêta, levant les yeux vers moi, visiblement irritée par ma présence. Son visage restait impassible, aucune émotion ne transparaissait.

__  Ce n'est plus ton affaire, Hervé . répliqua-t-elle calmement, comme si ma question n'avait aucun poids. Elle fit un pas pour m’éviter, mais je lui bloquai le passage, mes nerfs à vif.

__ Qui t’a déposé ? Tu crois vraiment que tu peux disparaître toute la nuit et faire comme si de rien n'était ?  Ma voix tremblait sous l’effet de la frustration, mais elle, toujours aussi calme, me toisa d’un regard glacial.

La seconde qui suit, je la traînai sans ménagement jusqu'à ma voiture, ignorant ses protestations. Elle s'efforçait de se libérer, mais ma colère me donnait une force que je ne contrôlais plus. J'ouvris la portière et la poussai à l'intérieur, la forçant à s'asseoir sur le siège passager.

__ Laisse-moi sortir ! cria-t-elle, son visage marqué par la surprise et la colère.

__  Pas avant que tu ne me dises où tu étais , rétorquai-je, la voix tremblante d'émotion. Je refermai la porte avec fracas et démarrai le moteur, m'éloignant de l'hôpital.

Je ne pouvais pas croire qu'elle ait pu passer la nuit ailleurs, avec quelqu'un d'autre. Le silence s'installait entre nous, chargé de tensions non dites. Je tournais la tête vers elle, espérant voir une lueur de remords, mais elle me défiait du regard, comme si elle était prête à se battre pour garder ses secrets.

__ Qu'est-ce qui se passe, vraiment ?  insistai-je, ma voix plus basse mais tout aussi déterminée.

Elle me fixa avec défi, les bras croisés, et je sentais la tension palpable dans l'habitacle.

__ Tu ne comprends pas, Hervé. Ça ne te regarde plus, répliqua-t-elle, sa voix pleine de mépris.

Je serrai le volant, contrôlant à peine ma colère.

__  Comment peux-tu dire ça après tout ce qu’on a traversé ?  rétorquai-je, incapable de cacher ma frustration. __ Tu penses vraiment que je vais te laisser filer sans explication ?

Elle détourna le regard, le visage tourné vers la fenêtre, et je pouvais presque voir son esprit s’évader. Je pris une profonde inspiration pour me calmer, mais la jalousie et la douleur s’en mêlaient.

__ Pourquoi tu me fais ça, Winnie ? demandai-je, ma voix tremblant d'une douleur mêlée à la colère.

Elle se tourna vers moi, visiblement surprise par ma question. Ses yeux, d'abord durs, s'adoucirent un instant, comme si elle hésitait à lâcher prise sur son masque d'indifférence.

__ Tu es terrible, Hervé. À t'entendre, on dirait que tu as oublié tout ce que tu m'as fait subir.

__ J'ai fait des erreurs, Winnie, mais ce n'est pas une raison pour divorcer. Qui t'a déposé tout à l'heure ?

__ Ça ne te regarde pas.

__ QUI T'A DÉPOSÉ TOUT À L'HEURE !?

Elle se redressa dans son siège, le défi brillait dans son regard comme une flamme prête à exploser.

__ Pourquoi insistes-tu tant ? Tu n’as pas le droit de me traiter comme ça, comme si je te devais quelque chose.

Je serrai les dents, ma frustration atteignant un niveau insupportable.

__ Tu crois vraiment que je ne mérite pas de savoir ? Ça ne te dérange pas de me laisser dans l'ignorance alors que je suis ici, à essayer de comprendre ce qui se passe ?

Sa colère se déversait sur moi, et je le savais.

__ Tu me fais chier, Hervé. Je suis fatiguée de toi ! Sa voix, désormais vibrante d'émotion, était comme une lame de fond. Et tu sais quoi ? Je ne t'aime plus. Je ne ressens plus rien pour toi. En fait, tu me dégoûtes.

Le choc de ses mots me frappa comme un coup de poing. Je restai figé un instant, son regard tranchant m'atteignant de plein fouet. Le silence s’installa, pesant, alors que son accusation résonnait encore dans ma tête.

__ Comment peux-tu dire ça ? murmurai-je, la voix brisée par l’incompréhension. Après tout ce que nous avons traversé, après tout ce que nous avons construit ensemble ?

Elle détourna le regard, mais je la retenais.

__ Tu es en train de tout détruire, Winnie. Ne vois-tu pas ce que tu es en train de faire ?

__ Peut-être que j’en ai assez de subir, répliqua-t-elle, les larmes aux yeux, mais une détermination dans le ton.__ Assez de tes mensonges, de ton égoïsme. Je ne veux plus de cette vie.

__ Tu n’as pas le droit de tout balayer comme ça, dis-je, ma voix s’élevant à nouveau. Tu veux partir et tout balancer c'est ça ?

Elle se mit à rire, un rire amer et désabusé qui fit vibrer l’air autour de nous.

__ Partir ? Tu ne comprends vraiment rien, n'est-ce pas ? Ce n’est pas seulement une question de partir. C’est une question de moi, de ce que je ressens, de ce que je veux. Et je ne veux plus de toi !

Chaque mot qu’elle prononçait était une balle tirée droit au cœur.

__ Alors tu préfères vivre dans le mensonge, avec un autre, plutôt que de me faire face ?

__ Tu es un parasite, Hervé, lâcha-t-elle, sa voix froide comme la glace. Tu es celui qui m’a étouffée pendant des années. Je veux vivre, pas survivre.

Une douleur aiguë se mêla à la colère.

__ Tu te trompes de chemin, Winnie. Si tu pars, tu te perds toi-même.

Elle baissa les yeux, un instant, comme si ma déclaration lui faisait mal. Mais quand elle leva à nouveau le regard, c'était comme si un mur s'était érigé entre nous.

__ Je suis déjà perdue.

Et là, dans ce silence lourd de vérités non dites, je réalisai que tout était en train de basculer.

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