Chapitre 7

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L'attitude de ma femme m'avait déstabilisé. Toute la nuit, je n'avais cessé de ruminer, incapable de trouver le sommeil. Les pensées tourbillonnaient dans mon esprit, et une seule question me hantait : comment avais-je pu en arriver là ? À l'aube, après une nuit blanche, je pris une décision. Je devais lui parler, affronter ce que j'avais longtemps ignoré.

Très tôt ce matin-là, je l'ai invitée à s'asseoir, mon cœur battant à tout rompre.

— Ma chérie… Je sais que je t'ai profondément blessée. Je sais aussi qu'aucun mot, aucune excuse ne pourra effacer ce que j'ai fait. Mais je te demande de me pardonner, de nous donner une autre chance.

Elle resta silencieuse, ses yeux baissés, comme si mes mots ne l'atteignaient plus. Son silence m'oppressait, chaque seconde devenant un poids supplémentaire sur mes épaules.

— Je t’en prie… dis quelque chose, ajoutai-je, ma voix presque brisée.

Elle releva doucement la tête, ses yeux remplis d’une fatigue que je ne lui avais jamais vue auparavant.

— Qu’est-ce que tu veux que je dise ? Que tout ira mieux ? Que je vais oublier ? murmura-t-elle, sa voix glacée. Il ne s'agit pas que de pardon. Tu m'as changée, tu m'as détruite un peu plus à chaque mensonge, à chaque trahison.

Ses paroles me frappèrent de plein fouet. Je n'avais jamais réalisé à quel point mes actes l'avaient atteinte, comment je l'avais lentement brisée. Je sentais que quelque chose m'échappait définitivement.

— Je sais que je ne mérite pas ton pardon, mais je suis prêt à tout pour réparer ce que j'ai cassé. Donne-moi une chance… une dernière chance.

Elle me fixa un instant, comme si elle cherchait dans mon regard la sincérité que j'avais si souvent trahie.

— Une dernière chance, murmura-t-elle. Mais sache une chose… Si tu échoues encore une fois, il n'y aura plus de retour en arrière.

Je hochai la tête, conscient que c'était probablement mon dernier espoir de la reconquérir.

Après ces mots, elle se leva doucement, comme si le poids de notre conversation lui pesait autant qu’à moi. Je la regardai s’éloigner vers la fenêtre, où elle s’arrêta un instant, ses bras croisés. La lumière du matin dessinait des ombres sur son visage fatigué, creusé par la douleur que je lui avais infligée.

— Je ne te promets pas de tout oublier, reprit-elle d’une voix plus basse, presque murmurée. Le pardon… ça ne se commande pas. Mais je vais essayer. Pour nous. Parce que malgré tout, il y a encore quelque chose qui me retient.

Je sentis un maigre espoir renaître dans mon cœur, mais je savais qu'il serait fragile, que chaque geste, chaque parole compterait désormais.

— Je te remercie, soufflai-je, la gorge serrée. Je vais faire en sorte que tu ne regrettes pas cette décision.

Elle hocha la tête, sans me regarder, le regard perdu à travers la fenêtre, dans un ailleurs où je n’avais plus accès. Le silence qui s’installa ensuite fut lourd, chargé de ce qui avait été dit, et de tout ce qui restait encore à reconstruire.

Alors que je la fixais, une pensée me traversa l’esprit : le chemin vers la rédemption serait long, incertain, et je devrais apprendre à vivre avec cette peur de tout perdre, à chaque instant. Mais c’était un chemin que je devais emprunter, pour elle… pour nous.

Quelques instants après, la porte de notre chambre s'ouvrit doucement, dans un léger grincement.

— Maman ? Papa ? lança une petite voix hésitante.

Notre fille, encore vêtue de son pyjama, se tenait dans l’encadrement de la porte, son doudou serré contre elle. Elle semblait confuse, sentant sûrement la tension dans l'air, malgré son jeune âge.

Mon cœur se serra en la voyant. Elle représentait tout ce que nous avions de plus précieux, tout ce que je risquais de perdre si je ne me rachetais pas.

— Ma chérie, viens ici, murmura ma femme en lui tendant les bras, forçant un sourire.

Notre fille s'approcha timidement, grimpant sur le lit entre nous deux. Elle posa son petit visage contre l’épaule de sa mère, cherchant la chaleur et la réassurance. À cet instant, je réalisai à quel point elle était affectée, à quel point nos disputes silencieuses pouvaient l'atteindre, même si elle ne comprenait pas tout.

— Vous êtes fâchés ? demanda-t-elle, d’une petite voix pleine d’innocence.

— Non, ma puce, répondis-je doucement, m'efforçant de rester calme. Maman et moi, on discute, c'est tout.

Elle nous regarda tous les deux avec ses grands yeux, cherchant une vérité qui dépassait ses mots. Ma femme lui caressa tendrement les cheveux, tandis que je sentais ce poids revenir sur mes épaules. Nous ne devions pas seulement reconstruire notre couple, nous devions aussi protéger ce fragile équilibre familial.

Je savais qu’à partir de ce moment, chaque geste, chaque parole compterait doublement.

Plus tard, ma femme se leva pour s'occuper de notre fille et l'apprêter pour l'école. De mon côté, je me préparais pour une nouvelle journée de boulot, essayant de me concentrer, mais mes pensées revenaient sans cesse à notre conversation.

Lorsque tout fut prêt, nous nous sommes retrouvés à table pour prendre le petit-déjeuner en famille, comme nous le faisions presque tous les matins. Pourtant, aujourd'hui, tout semblait différent. Le silence était palpable, et bien que nous nous efforcions de maintenir une certaine normalité pour notre fille, il était difficile d'ignorer la tension qui planait entre nous.

Ma femme servait distraitement le jus d’orange, ses gestes automatiques, tandis que notre fille babillait joyeusement, insouciante de la situation. Je jetais de rapides coups d’œil à ma femme, cherchant dans son regard une trace de ce qu’elle pouvait ressentir, mais elle évitait soigneusement de croiser le mien.

Je me forçais à sourire, à participer à la conversation avec notre fille, bien que mes pensées soient ailleurs. La culpabilité m'étreignait, mais je savais que pour le bien de notre famille, je devais maintenir cette façade, du moins pour l’instant.

— Papa, tu viens me chercher après l’école aujourd'hui ? demanda soudain notre fille avec un grand sourire.

— Bien sûr, ma chérie, je serai là, répondis-je doucement, tout en espérant que, d’ici là, les choses entre sa mère et moi trouveraient un semblant d’apaisement.

Le petit-déjeuner se poursuivit dans cette ambiance étrange, entre normalité et malaise, jusqu'à ce que chacun de nous parte vaquer à ses occupations. Mais je savais que cette journée ne serait pas comme les autres. La bataille pour sauver notre couple et notre famille venait de commencer.

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