Chapitre 69

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#Winnie

La soirée avec Théo avait été parfaite jusqu'à ce que son téléphone sonne brusquement. Une césarienne d'urgence à l'hôpital. Il avait attrapé ses clés et refusé poliment ma proposition de l'accompagner, m'assurant qu'il n'en aurait pas pour longtemps.

Je l'avais regardé partir avant de tenter de me rendormir, mais l'insomnie s'accrochait à moi. Vers trois heures du matin, un bruit sourd retentit, brisant le silence de la nuit. Pensant d'abord que Théo était rentré, j'avais tendu la main pour appuyer sur l'interrupteur, mais l'éclat dansant d'une torche à travers l'obscurité me fit l'effet d'une douche glacée. Ce n'était pas lui.

Mon instinct en alerte, je m'étais glissée sous le lit, priant pour que l'ombre qui envahissait la pièce ne me remarque pas. La porte s'ouvrit lentement, un grincement sinistre résonnant dans l'air chargé de tension. Des pas lourds foulèrent le parquet, accompagnés d'une voix grave et impatiente.

__ Où sont-ils ?

Chaque muscle de mon corps se contracta, et je me forçai à ne pas respirer. L'intrus avançait lentement, chacun de ses pas faisant craquer le plancher sous son poids. Mon cœur battait si fort que j'avais l'impression qu'il allait trahir ma cachette. Je luttais pour garder le contrôle, me répétant que le moindre mouvement pourrait me coûter cher.

La torche balaya la pièce, projetant des ombres menaçantes sur les murs. Je distinguai la silhouette d'un homme massif, vêtu de noir. Il s'approcha de la commode et la fouilla bruyamment, renversant tout sur son passage. Le bruit résonnait dans la chambre, cassant le silence oppressant.

— Où sont-ils ?! répéta-t-il, cette fois avec plus de colère.

Je sentis la panique monter en moi, envahissant mes veines comme un poison. S'il venait à regarder sous le lit, il me découvrirait. Mes doigts tremblaient légèrement alors que je tentais de m'immobiliser complètement. Soudain, un bruit lointain, un grincement de porte ou peut-être le claquement d'une fenêtre, attira son attention. L'homme tourna brusquement la tête, la lumière de sa torche suivant son mouvement.

Il resta figé un instant, écoutant attentivement, puis fit demi-tour et quitta la pièce, la porte se refermant derrière lui dans un claquement sec. L'angoisse en moi ne se relâcha pas pour autant. Je savais que ce n'était pas fini.

Je pris une profonde inspiration, écoutant le moindre bruit. Si je voulais m'en sortir, je devais réagir avant qu'il ne revienne. J'attendis quelques secondes qui me semblèrent une éternité avant d'oser sortir de ma cachette. Mes muscles endoloris protestèrent lorsque je me glissai hors de l'étroite cavité sous le lit. Mes pieds touchèrent le sol froid, et je me redressai lentement, le cœur battant à tout rompre.

Je tendis l'oreille, chaque bruit de la maison paraissait amplifié : le tic-tac de l'horloge, le léger gémissement du vent contre les volets. L'homme était peut-être encore là, quelque part, prêt à revenir. Il fallait que je m'assure de ne pas me retrouver nez à nez avec lui.

Je me dirigeai vers la porte de la chambre, mes pas aussi discrets que possible. Un frisson me parcourut le dos lorsqu'une pensée me traversa : et si Théo rentrait maintenant ? Il ne saurait pas à quoi s'attendre. Il devait y avoir un moyen de le prévenir.

Je saisis mon téléphone posé sur la table de chevet et tapai nerveusement un message rapide à Théo : Quelqu’un est entré. Fais attention. Je fis glisser le verrou de la porte sans bruit et sortis dans le couloir plongé dans l’obscurité.

L’écho des pas de l’homme retentit soudain au rez-de-chaussée, accompagné d’un raclement métallique. Je me figeai, priant pour que le plancher sous mes pieds ne grince pas. Il cherchait quelque chose, c’était évident, mais quoi ? Et pourquoi ici ?

Tandis que je me déplaçais lentement vers l'escalier, une lumière soudaine se refléta dans le miroir du bout du couloir. La torche. L'intrus était à nouveau en mouvement, et il montait. La panique monta en moi, serrant ma gorge jusqu'à m'en couper presque le souffle. Je me plaquai contre le mur, espérant que l'ombre suffirait à me cacher. Mon regard chercha désespérément une échappatoire, mais la seule issue était l'escalier derrière moi, là où l'homme approchait.

Les pas étaient plus proches maintenant, chaque marche grinçant sous son poids, trahissant sa progression. La lumière de la torche balaya le couloir, se rapprochant inexorablement. Je pouvais presque sentir le souffle glacé de la peur se poser sur ma peau.

Mon esprit tournait à toute vitesse. M'échapper sans être vue semblait impossible, mais rester là me condamnait. Mes doigts tremblants effleurèrent la rampe de l'escalier alors que je prenais la seule décision qui restait : avancer et l'affronter avant qu'il ne me trouve.

Je me penchai légèrement, guettant l'ombre mouvante de l'homme, le cœur tambourinant dans ma poitrine. Puis, d'un geste brusque, je me redressai et poussai un cri féroce, mêlé de peur et de désespoir, espérant que cela le surprendrait assez pour me donner un instant d'avance.

L’homme s’immobilisa, surpris par mon cri. La lumière de sa torche trembla un instant, révélant ses traits durcis et la lueur froide de ses yeux. Ce bref moment d'hésitation était tout ce dont j'avais besoin.

Je bondis en avant, passant à quelques centimètres de lui et bousculant son bras. La torche tomba au sol, roulant et projetant des éclats de lumière vacillante sur les murs. L’homme jura, tendant la main pour m’attraper, mais je fus plus rapide.

Je dévalai les escaliers, manquant de perdre l'équilibre à chaque marche. Le bruit de ses pas précipités derrière moi résonnait comme un compte à rebours dans ma tête. Il se rapprochait. J'entendais sa respiration haletante, un grognement animal tandis qu'il m'engageait dans cette course effrénée.

En bas, le salon baignait dans une semi-obscurité. Les ombres se tordaient sur les murs, et mes yeux peinaient à s'ajuster à la faible lumière. Je pris la première chose à ma portée: un vase posé sur une console et me retournai brusquement.

L'homme s'arrêta net, les yeux écarquillés juste avant que le vase ne se fracasse contre lui. Il tituba en arrière, lâchant un cri de rage. Sans perdre une seconde, je courus vers la porte d'entrée. Mes doigts glissèrent sur la poignée alors que je tentais de la déverrouiller, mais une pression brutale sur mon poignet me fit lâcher prise.

Il m'avait rattrapée.

InfidèlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant