#Maëlys
Cet après-midi, je suis allée à l'entreprise de mon mari pour que nous allions déjeuner ensemble. Sur le chemin vers un restaurant en ville, son téléphone a sonné. Il a répondu immédiatement et, tandis qu'il parlait, je l'observais du coin de l'œil. Peu à peu, son expression s'est assombrie.
Lorsqu'il a raccroché, je l'ai questionné sans attendre :
— Qu'est-ce qui se passe ?
— Changement de programme. On doit aller à l'hôpital.
— Quoi ? Pourquoi ?
— Winnie est dans le coma.
— Quoi ?!
Mon cœur a soudain battu plus fort.
— Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Je n'en sais pas plus. On en saura davantage une fois sur place.
— D'accord.
J'ai préféré ne pas insister, voyant bien qu'il n'avait pas envie d'en parler. Le reste du trajet s'est déroulé dans un silence pesant jusqu'à l'hôpital.
*
En arrivant à l'hôpital, l'atmosphère pesante ne fit que renforcer mon malaise. Mon mari se dirigea d'un pas rapide vers l'accueil. Tandis qu'il discutait avec l'infirmière, je restais légèrement en retrait, tentant de calmer mes pensées qui s'emballaient. Winnie, dans le coma ? Tout semblait si irréel.
Il revint rapidement vers moi, son visage fermé.
— On peut la voir, dit-il simplement.
Nous avons pris l'ascenseur, chaque étage défilant avec une lenteur qui me rendait impatiente. Quand nous sommes finalement arrivés à l'étage où Winnie était hospitalisée, une vague de nervosité m'envahit. La chambre était calme, presque trop calme. Winnie, allongée, respirait grâce à un appareil. La voir ainsi, si immobile, m'a fait un choc.
Je me suis approchée et j’ai pris délicatement la main de Winnie.
— Tu sais ce qui s’est passé ? ai-je demandé à mon mari, confuse.
Il allait me répondre lorsqu’Hervé fit irruption dans la pièce.
— Vous êtes déjà là ? dit-il en nous regardant, l’air désemparé.
— Qu’est-ce qui lui est arrivé ? demanda mon époux.
— Elle a fait une mauvaise chute et s’est cogné la tête, répondit Hervé.
Je plissai les yeux, tentant d’analyser ses paroles.
— Paddy, on peut discuter ? demanda-t-il à mon mari.
— D’accord.
Ils quittèrent la pièce, et je les suivis du regard jusqu’à ce qu’ils disparaissent. Hervé semblait troublé, presque comme s’il dissimulait quelque chose. Je savais qu’il n’était plus en bons termes avec Winnie et qu’ils prévoyaient de divorcer. Et si c’était à cause d’une dispute conjugale ? Cette pensée me traversa furtivement l’esprit, mais je l’écartai rapidement.
Winnie était mon amie, jamais elle ne m’avait parlé de violences de la part d’Hervé.
Je restais seule dans la chambre, le silence me pesant soudainement. L’image de Winnie, allongée là, inerte, continuait de me hanter. Je resserrai ma prise sur sa main, comme si ce simple geste pouvait la ramener à moi, comme si le contact pouvait la sortir de cet état. Mais rien ne se passa.
Mon esprit vagabondait, revenant sans cesse à Hervé. Son comportement étrange ne me laissait pas tranquille. Il y avait quelque chose dans son attitude, dans la manière dont il avait évité de me regarder directement, qui me troublait. Certes, il devait être bouleversé, mais cela n’expliquait pas ce malaise palpable entre nous.
Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrit doucement et mon mari entra, seul. Son expression était indéchiffrable.
— Qu’est-ce qu’Hervé voulait ? demandai-je doucement.
Il se contenta de hausser les épaules.
— Il voulait juste m'expliquer en détail ce qui s’est passé… Rien de plus.
Je fronçai les sourcils. Tout ça me paraissait bien étrange.
— Et qu’est-ce qu’il t’a dit ?
— Rien de nouveau, répondit-il en se rapprochant du lit. Il m’a répété que c'était un accident. Winnie a trébuché, elle est tombée et s’est cognée la tête.
Je restai silencieuse, observant mon mari. Il semblait vouloir clore la discussion, mais quelque chose ne collait pas. Un accident, vraiment ? Une sensation d’inconfort se forma dans mon estomac.
— Tu crois qu’Hervé dit toute la vérité ? demandai-je finalement, hésitante.
Il tourna la tête vers moi, visiblement agacé.
— Maëlys, ce n’est pas le moment pour ça. On est ici pour soutenir nos amis, pas pour spéculer.
Je me tus, mais le doute s’installait de plus en plus en moi.
....
#Paddy
De mal en pire...
Comment avais-je pu en arriver là, à mentir à mon épouse ? Pfff.
J'étais furieux. Après avoir quitté la pièce, je suis allé lui poser un ultimatum.
— Si quelque chose arrive à Winnie, tu devras te comporter comme un homme et prendre tes responsabilités, bon sang !
Il m'a regardé, abasourdi.
— Tu... tu ne peux pas me demander ça, Paddy. Je risque de tout perdre !
— Et tu pensais que frapper une femme était la solution ? Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? Et en plus, tu me rends complice de tes conneries ! Ça fait des années qu'on est ensemble, tu ne peux pas suivre mon exemple ? Pourquoi faut-il toujours que tu agisses comme un imbécile ?
Ma colère était palpable, et il le savait.
— Ne profite pas de la situation pour me manquer de respect.
— Je dis ce que je veux, et puisque tu te crois si fort, va te mesurer à quelqu'un de ton niveau. Comment oses-tu frapper une femme ? Tu n'es qu'un lâche !
— Hé !
— Quoi ? Tu crois que j'ai tort ? Quand tu as un problème avec ta femme, il existe des milliers de façons de lui faire comprendre ton ressenti. La violence, c'est pour les faibles. Tu me déçois. Et je te le dis encore : si quelque chose arrive à Winnie, ne compte pas sur moi !
— Tu ne vas tout de même pas me tourner le dos ?
— Contrairement à toi, j'utilise mon cerveau !
Je me suis retourné, prêt à rejoindre ma femme.
— Paddy ! Hé... !
Il m'appelait, mais je n'ai pas réagi. Une fois à l'intérieur, je me suis approché de mon épouse.
— Chérie, il faut que je te parle...
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— C'est Winnie... Je sais que c'est ta sœur de cœur, que vous avez grandi ensemble et que sa mère t'a toujours considérée comme sa fille. Je ne peux pas rester silencieux.
— Tu me fais peur, là...
— Si elle est dans cet état, c'est à cause d'Hervé. Ils se sont disputés et il l'a frappée. Elle est tombée violemment à cause de ça.
— Mon Dieu !
Sa voix trahissait sa stupeur.
En lui révélant la vérité, je savais que je mettais en péril ma relation avec Hervé, mais je ne pouvais pas faire autrement. Ma femme était la seule famille que Winnie avait encore, la seule personne sur qui elle pouvait compter. Elle devait savoir la vérité.
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Infidèles
HumorLa fidélité est un luxe que certains ne sauraient s'offrir, c'est le cas pour ce trio qui a su explorer divers horizons sexuels.