Chapitre 81

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#Olivia

Après mon divorce, j'avais décidé de me reconstruire. Reprendre ma vie en main n'était pas seulement une résolution; c'était devenu une question de survie. Chaque matin, je déposais ma fille à l'école, tentant de masquer l'angoisse qui montait en moi à chaque nouveau refus d'embauche.

J'avais postulé partout, dans des grandes entreprises, des PME, même des startups qui payaient à peine au-dessus du minimum. Mais toujours, la même question, froide et tranchante :

"Combien d'années d'expérience avez-vous ?"

À chaque fois, je sentais mon cœur se serrer. J'avais sacrifié ma carrière pour un mariage que je croyais solide, pour un foyer que je pensais éternel. Aujourd'hui, je regrettais cette foi aveugle. Mon master en finance était devenu un papier jauni que personne ne semblait plus respecter.

Ce matin-là, pourtant, quelque chose de différent me poussait. J'avais un entretien dans une banque réputée, l’un des établissements que je regardais autrefois avec admiration. Le poids des années passées à m’occuper de ma famille, sans salaire ni indépendance, semblait s'alléger un instant. Ce poste, je le voulais plus que tout. Pour ma fille, pour moi, pour enfin prouver que j'avais encore ma place dans ce monde.

Aujourd'hui, je ne laisserais pas mes sacrifices définir mon avenir.

*
Assise dans la salle d'attente de la banque, mon cœur battait à un rythme que je tentais de maîtriser. Les murs épais et le silence imposant donnaient à cet endroit un air solennel. Je n'avais pas l'habitude de me sentir intimidée par des bureaux en verre et des décorations modernes, mais après toutes ces années passées loin des milieux professionnels, chaque regard, chaque murmure me semblait pesant.

Autour de moi, d'autres candidats attendaient. La plupart paraissaient bien plus jeunes, peut-être même sortaient-ils tout juste de l'université, avec ce regard vif et sûr de ceux qui n'ont pas encore été confrontés aux épreuves de la vie. Ils se tenaient droits, plongés dans leurs notes, pendant que je feignais une assurance qui vacillait sous la surface.

On m’appela enfin. D’un geste sec, je redressai ma veste, tentant de raviver en moi l’étincelle d'une femme qui croyait encore au succès. La salle d’entretien était simple, impersonnelle, comme si l'on voulait minimiser toute distraction, ne laissant que l'essentiel : l'évaluation, le jugement.

Face à moi, deux personnes : un homme d’une cinquantaine d’années, au regard perçant, et une femme plus jeune, qui semblait noter chaque détail. Le premier me salua, tandis que la seconde m'étudiait, observant chaque geste, chaque expression.

__ Alors, madame... après une pause dans votre carrière, pourquoi souhaitez-vous revenir dans le secteur bancaire ?

La question, posée avec une fausse légèreté, semblait chercher à sonder bien plus que ma réponse. C’était le moment de leur montrer ce que j’avais dans le cœur, au-delà des compétences techniques, des chiffres et des calculs financiers. Inspirant profondément, je répondis :

__ Parce que je n’ai jamais vraiment quitté ce secteur. Je sais que mon CV indique une absence, mais pour moi, ces années étaient une autre forme de travail, un autre genre de gestion. J'ai pris soin de mon foyer comme j'aurais pris soin d'un portefeuille d'investissements, en m'adaptant à chaque défi, en jonglant avec les ressources, en tenant des comptes. Je n'ai jamais cessé d'apprendre, même si la vie m'a orientée vers d'autres priorités.

L’homme m’observa un instant, semblant peser chacun de mes mots. Puis, il posa la question inévitable :

__ Ne craignez-vous pas d'être... dépassée, avec les nouvelles technologies et les méthodes actuelles ?

InfidèlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant