Chapitre 51

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Le silence qui suivit l’entrée d’Hervé était électrique. Son regard noir, brûlant de rage, se posa sur Théo, puis sur moi, comme s’il cherchait à deviner ce que nous venions de partager.

— Qu’est-ce que tu fais ici, Hervé ? demandai-je d’une voix tremblante, bien que je sache que l’affronter était inévitable.

Il s’avança, ses pas résonnant lourdement sur le sol de l’hôpital.

— Je viens voir comment va ma femme, répondit-il d’un ton glacial. Je vois que tu es en bonne compagnie.

Théo se redressa, sa posture se raidissant, mais il garda le silence, attendant le moment propice pour intervenir.

— Je ne suis pas ici pour discuter de ma vie privée, répliquai-je, essayant de cacher ma peur derrière une façade de détermination.

Hervé éclata de rire, un son amer qui résonna dans la chambre.

— Ta vie privée ? Ne me fais pas rire, Winnie. Je vais te poser une question et tu as intérêt à me répondre. C'est qui cet homme ?

Je sentais l’angoisse grimper en moi comme une vague prête à déferler. La tension dans l'air était palpable, et les battements de mon cœur résonnaient dans mes oreilles.

— Tu as perdu le droit de me demander ce genre de choses depuis belle lurette Hervé et pour ta gouverne, je vais déposer une plainte contre toi pour viol et coups et blessures. Après ça on vera si tu feras encore le fier.

Dis-je en serrant les poings.

Le visage d’Hervé se déforma sous le choc de mes paroles. Son rire s'étrangla dans sa gorge, et il se figea, les yeux écarquillés, comme s’il ne pouvait croire ce qu’il venait d’entendre.

— Quoi ? murmura-t-il, sa voix se brisant.

Je pris une profonde inspiration, le fixant droit dans les yeux. Mon cœur battait à tout rompre, mais je savais que je devais maintenir ma position.

— Tu m’as bien entendue. Il est temps que tu assumes tes actes. Je ne te laisserai plus jamais me traiter comme tu l’as fait.

Théo, toujours silencieux, se tenait prêt, attentif, comme un bouclier invisible entre Hervé et moi. L’atmosphère dans la pièce était si lourde que je pouvais presque entendre chaque respiration, chaque battement de cœur.

Hervé fit un pas en avant, mais cette fois, ce n’était plus de la colère que je percevais sur son visage. C’était une peur profonde, une panique qu’il ne pouvait plus masquer.

— Tu ne peux pas faire ça, Winnie. Pas après tout ce que nous avons traversé.

Je serrai les poings plus fort, sentant une détermination nouvelle monter en moi.

— Regarde bien, Hervé. Parce que c’est exactement ce que je vais faire.

Hervé, les traits déformés par la rage, tourna brusquement la tête vers Théo et le pointa du doigt, le doigt tremblant d'une colère à peine contenue.

— C'est à cause de lui, n'est-ce pas ? hurla-t-il, sa voix résonnant dans la chambre. C’est pour lui que tu fais tout ça ? Il t'a retourné la tête ?

Théo, calme mais tendu, soutint le regard d’Hervé sans broncher. Il n’avait pas besoin de parler pour imposer sa présence, mais je sentais l’orage gronder à l'intérieur de lui.

— Arrête de toujours rejeter la faute sur les autres, Hervé ! Ce n’est pas à cause de lui que je prends ces décisions. C’est à cause de toi, de ce que tu m’as fait vivre !

Hervé recula d’un pas, déstabilisé, mais son regard restait brûlant.

— Tu es à moi, Winnie. Tu crois que tu vas t'en sortir comme ça ? Avec lui ? pensa-t-il en désignant Théo de nouveau, ses mots chargés de venin.

Je me redressai, le défiant du regard.

— Je ne t'appartiens pas. Tu n'as jamais su ce qu'était le respect, Hervé. Mais tu vas l'apprendre, que ça te plaise ou non.

Théo fit enfin un pas en avant, posant doucement une main sur mon épaule, comme pour m’apaiser. Sa voix, grave et posée, brisa le silence tendu.

__ Calme-toi mon amour, et laisse-moi régler ça avec lui !

Les mots de Théo eurent l’effet d’une déflagration. Le visage d’Hervé vira au rouge, ses yeux s’écarquillèrent sous l’effet de la fureur.

— Je rêve ou tu viens d’appeler ma femme "mon amour" ? rugit-il, sa voix se brisant dans une explosion de colère. Tu as perdu la tête ?

— Tu as bien compris, répéta Théo, les yeux fixés sur Hervé. Et sache que je n’ai pas peur des petites racailles de ton genre. À mains nues, je t’achève.

Le silence qui suivit fut étouffant, et je vis Hervé vaciller un instant sous l’impact de ces mots. Son visage, déjà rougi par la colère, se tordit davantage, comme s’il cherchait à contenir une rage qu’il ne pouvait plus maîtriser.

— Tu oses me défier, toi ? hurla-t-il, s’avançant brusquement, le poing serré et tremblant de colère. Tu crois que tu peux me parler comme ça et t’en sortir ?

Théo ne bougea pas, restant immobile face à cette tempête, ses traits marquant une confiance implacable. Il ne faisait pas un geste, mais chaque mot qu’il prononçait vibrait d’une menace contrôlée.

— Je ne parle pas, je t’informe. Si tu continues à la harceler, ce sera toi contre moi. Et je n’ai pas l’intention de perdre.

Hervé s'arrêta net, déstabilisé par l'assurance inébranlable de Théo. Sa mâchoire se crispa, ses yeux brûlant d'une haine qu’il ne savait plus comment canaliser.

— Je vais te détruire, siffla-t-il, mais ses mots semblaient creux, comme s’il réalisait soudain qu’il n’avait plus le contrôle.

Je décidai d'agir car je ne pouvais pas laisser cette confrontation s’intensifier.

— Hervé, c’est fini. Tu n’as plus aucun pouvoir sur moi, ni sur ma vie. Il n’est pas ton problème, c’est toi qui l’es.

Hervé eut un rire nerveux, sans joie, avant de lancer un dernier regard chargé de rancœur vers Théo, Maëlys puis vers moi.

— Vous allez regretter tout ça, grogna-t-il avant de tourner les talons, quittant la pièce avec une fureur qui flottait encore dans l’air après son départ.

Je laissai échapper un soupir que je retenais depuis trop longtemps, sentant la tension retomber. Théo, toujours à mes côtés, resta silencieux, mais je sentais son regard sur moi, attentif, protecteur.

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