Chapitre 50

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#Winnie

Je ne savais pas comment j'étais arrivée à l'hôpital, mais ma première pensée en me réveillant fut pour Théo. Voir ma meilleure amie à mes côtés plutôt que mon époux m’a apporté un certain réconfort. Je lui ai demandé de l'aide, en sachant qu'elle agirait sans poser de questions.

Dès qu'elle eut composé le numéro, elle me remit le téléphone, et j'attendis avec impatience qu'il décroche. Quand ce fut le cas, je pris une profonde inspiration et commençai la conversation.

__ Allô... Théo, c'est moi...

__ Mon amour ! Mon Dieu, enfin, j'ai des nouvelles. Je suis dans l'angoisse depuis tout ce temps. Qu'est-ce qui s'est passé ? Où es-tu ?

Sa préoccupation à mon égard m'émut profondément.

__ Je suis à l'hôpital.

__ Lequel ? Dis-le-moi, j'arrive tout de suite !

Je remis le téléphone à Maëlys, qui s'occupa de lui communiquer le nom de l'hôpital. Quand elle eut raccroché, un silence gênant s'installa entre nous. Quelques instants plus tard, elle rompit ce silence.

__ Je peux te poser une question ?

__  Oui.

__ Qui était-ce ?

Sa question me prit au dépourvu. Comment lui dire que cet homme était mon amant, celui avec qui j'avais trahi mon époux ? Allait-elle vraiment comprendre ?

Comme si elle avait lu dans mes pensées, elle ajouta :

__ N’aie pas peur de te confier à moi. Je ne te jugerai jamais. N’oublie pas, tu es ma sœur...

Ses paroles m'ébranlèrent. Je sentais que je pouvais lui faire confiance, que je pouvais lui dévoiler ma vérité. Je pris une profonde inspiration, rassemblant mon courage.

__ C’était Théo,  commençai-je, la voix tremblante. __ Mon amant. L'homme avec qui j'ai été infidèle. Je suis désolée, Maëlys. Je ne voulais pas que tu l'apprennes comme ça, mais je ne peux plus le cacher.

Un silence pesant s’installa à nouveau après mes mots. Je pouvais voir le choc sur le visage de Maëlys, ses yeux écarquillés, mais elle ne détourna pas le regard. Elle avait toujours été celle qui me soutenait, et je savais qu’elle essaierait de comprendre.

__  Winnie... commença-t-elle doucement, comme si elle pesait chaque mot.__ Pourquoi ne m’en as-tu jamais parlé ?

Je baissai les yeux, submergée par la honte.

__  J'avais peur de ta réaction, peur de perdre ta confiance. J'étais tellement perdue dans cette situation…

Maëlys s'approcha un peu plus près, prenant ma main dans les siennes.

__ Tu es ma sœur, et je suis ici pour toi, peu importe ce qui se passe. Je ne suis pas là pour te juger. Mais je veux que tu sois honnête avec moi. Qu'est-ce qui t'a poussée à le faire ?

Les larmes me montèrent aux yeux.

__ Au début, c’était juste un moment de faiblesse. J’étais frustrée, je me sentais seule. Et puis, Théo… il était là. Je sais que ce n'est pas une excuse, mais... il a été un soutien quand je me sentais si perdue.

Maëlys hocha la tête, son regard empli de compréhension.

__ Je te comprends. Hervé est un idiot. J'ai entendu parler de ce qu'il t'a fait, mais j'aurais souhaité que tu divorces d'abord avant d'entamer une relation avec cet homme.

__ Je sais... c'était si déroutant. Théo m'a fait du bien, Maëlys. Il m'a vraiment rendue heureuse. Et tu sais... la dernière fois qu'on a discuté, il m'a dit qu'il voulait m'épouser.

__  Hum, il sait que tu es mariée ?

__ Oui ! » dis-je faiblement.

__ Yes ooo, là alors...

__ Maëlys ! Tu m'as promis de ne pas juger.

__ Désolée, c'est juste... bref. L'essentiel, c'est que tu sois en bonne santé et heureuse.

__ Merci,  murmurai-je, reconnaissante de sa compréhension.

Je réalisai que, malgré la complexité de ma situation, je n'étais pas seule. Maëlys était là, prête à me soutenir, quoi qu'il arrive. Je pouvais ressentir un certain soulagement à l'idée de partager mon fardeau avec elle.

__ Tu penses que je devrais lui parler de tout ça ?  demandai-je, l'inquiétude s'immisçant dans ma voix.

__ Oui, je le pense. Théo mérite de savoir ce que tu ressens vraiment et ce qui se passe dans ta vie. C'est à toi de décider ce que tu veux, mais il est important d'être honnête.

Je hochai la tête, réfléchissant à ses mots. La route devant moi était incertaine, mais avec le soutien de Maëlys, je me sentais prête à affronter mes choix, même les plus difficiles.

*
*

Plus tard, alors que je regardais par la fenêtre, perdue dans mes pensées, j’entendis des pas résonner dans le couloir. Mon cœur se mit à battre plus vite.

Était-ce Théo ?

La porte s’ouvrit lentement, et il entra, l’inquiétude marquant chacun de ses traits. À sa vue, un mélange de soulagement et de tension me submergea. Ses yeux cherchaient désespérément les miens, débordant de cette émotion qui le submergeait.

— Mon amour… souffla-t-il, la voix chargée d’émotion. Je suis tellement soulagé de te voir. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Je pris une profonde inspiration, sentant le poids de la conversation à venir.

— Ça va mieux... Mais il faut qu’on parle, répondis-je d’une voix qui trahissait à peine ma nervosité.

Il hocha la tête, l’inquiétude se mêlant à la frustration. Comprenant la gravité du moment, Maëlys s'éclipsa sans bruit, nous laissant seuls.

— C’était qui ? demanda-t-il, un brin de méfiance dans la voix, en faisant un signe de tête vers la porte.

— Une amie.

— Très bien. Maintenant, explique-moi ce qui s’est passé.

Je pris une grande inspiration et lui racontai tout : les tourments, l’enfer qu’Hervé m’avait fait vivre. Les mots me brûlaient la gorge, et mes larmes finirent par couler. Sans un mot, il s'approcha pour essuyer mes joues, ses doigts effleurant ma peau avec une tendresse qui contrastait avec sa colère à peine contenue.

— C’est terminé, murmura-t-il en me prenant dans ses bras. Je suis là maintenant. J’aurais dû te protéger...

— Ce n’était pas ta faute, comment aurais-tu pu savoir ?

— Plus jamais je ne te laisserai seule. À ta sortie, tu viendras vivre avec moi. Je vais accélérer ce fichu divorce, et tout ira mieux.

Blottie contre lui, je sentais mes douleurs s’effacer sous la chaleur de ses bras. Mais notre moment fut brutalement interrompu. La porte s’ouvrit à la volée, et Hervé entra, une ombre derrière lui. Maëlys, essoufflée, s’excusa rapidement :

— Désolée, je n’ai pas pu l’empêcher d’entrer...

Hervé nous regarda, ses yeux noirs brûlants d’une rage incontrôlable. La haine qui se dessinait sur son visage était presque palpable.

Le calme avant la tempête.

InfidèlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant