Chapitre 8

23 0 0
                                    

#Olivia

Après le repas, je me suis empressée d’accompagner notre fille à l’école. En chemin, elle brisa le silence avec une question qui me déstabilisa.

— Maman...

— Oui, princesse ? Qu’est-ce qu’il y a ? répondis-je en essayant de masquer mon inquiétude.

— Est-ce que toi et papa, vous avez un problème ?

Je fus prise de court.

— Pourquoi tu me demandes ça, chérie ?

— À chaque fois que tu le regardes, tu ne souris plus et tu as l'air triste.

Mon cœur se serra immédiatement.

Mon Dieu ! Je n’imaginais pas que les enfants pouvaient être si observateurs et sensibles à ce point.

Je pris une profonde inspiration, essayant de contenir l’émotion qui montait en moi. Comment lui répondre sans la troubler davantage ?

— Oh, ma chérie, parfois, les adultes ont des moments difficiles, mais ça ne veut pas dire que papa et moi ne nous aimons pas, répondis-je en caressant doucement sa joue.

Elle fronça les sourcils, visiblement perplexe, mais ne dit rien. Ce silence pesant m’étouffait. Mon cœur se débattait entre la vérité et l’envie de la protéger.

— Tu sais, ajoutai-je doucement, même quand on est triste, ça ne veut pas dire que tout est fini. Parfois, il faut juste un peu de temps pour que tout aille mieux.

Elle hocha la tête, mais son regard trahissait une inquiétude que je n'avais jamais vue chez elle. Son innocence, si fragile, me rappelait à quel point notre fille absorbait tout, même ce que nous voulions dissimuler.

Lorsque nous sommes arrivées à l’école, elle me lança un dernier regard, cherchant une réassurance que j'avais du mal à lui offrir. Je la pris dans mes bras et la serrai un peu plus fort que d'habitude.

— Passe une bonne journée, d'accord ? murmurai-je.

Elle me sourit timidement, avant de s’éloigner vers l’entrée. Mon cœur se serra encore une fois en la voyant partir, et je restai un moment plantée là, incapable de bouger, me demandant si j'avais pris la bonne décision en restant si évasive.

Après l'avoir regardée entrer dans l’école, je restai quelques instants immobile, le cœur lourd. Mes pensées tourbillonnaient. La conversation avec ma fille m’avait bouleversée plus que je ne voulais l’admettre. À quel point avait-elle ressenti ce malaise entre nous ? Depuis combien de temps s'inquiétait-elle de la distance qui s'était installée entre son père et moi ?

Sur le chemin du retour, je me sentais comme en pilote automatique, mes pieds avançant mécaniquement, mais mon esprit ailleurs. Chaque pas me ramenait à la réalité de ma situation. Comment en étions-nous arrivés là ? Avais-je laissé les choses s’effriter à ce point sans m’en rendre compte ?

Je rentrai à la maison, et la première chose que je vis fut le vide pesant qui régnait dans notre salon. Ce silence, autrefois synonyme de paix, me semblait maintenant oppressant. Ce n’était pas seulement ma tristesse que notre fille avait remarquée, c'était l’absence de complicité entre son père et moi, cette fracture que je n'avais plus les moyens d'ignorer.

Je pris une profonde inspiration, le regard perdu sur la table encore encombrée des restes de notre repas. Il fallait que je prenne une décision. Est-ce que j'étais prête à continuer ainsi, pour sauver les apparences, ou bien devais-je affronter une vérité que je redoutais ?

Je pris la décision de me rendre chez ma mère. Elle avait toujours su comment me conseiller, et dans des moments comme celui-ci, sa présence me semblait indispensable. J'avais besoin de parler à quelqu'un qui comprendrait, quelqu'un qui verrait au-delà de mes silences et saurait trouver les mots pour m'apaiser, pour me guider.

Je me rendis dans ma chambre et pris un bain, laissant l'eau chaude envelopper mes pensées tourmentées. Le bruit de l'eau apaisait un peu mon esprit, mais lorsque je sortis, la réalité me frappa à nouveau. Je m'habillai distraitement, sans vraiment prêter attention à mon apparence. Les vêtements que je choisissais n'importaient guère, car je ne cherchais qu'un refuge dans la chaleur de ma mère.

Quand je fus prête, je quittai la maison après avoir laissé des consignes à la domestique. Je fermai la porte derrière moi, un mélange d'angoisse et d'espoir dans le cœur. Sur le chemin, je me laissai porter par la routine.

En conduisant, j’étais distraite, le regard perdu au loin, imaginant déjà la discussion que j’allais avoir avec ma mère. Soudain, un bruit sourd résonna dans l’habitacle. Je réalisai trop tard que j’étais entrée en collision avec un véhicule stationné sur le côté de la route.

Mon cœur s’emballa alors que je réalisais ce qui venait de se passer. J’étais tellement préoccupée par mes pensées que je n’avais même pas remarqué le feu rouge. Je stoppai le moteur, les mains tremblantes sur le volant. Le choc m’avait à la fois réveillée et terrifiée.

Je sortis prudemment de la voiture pour évaluer les dégâts, la peur au ventre. Heureusement, il n'y avait pas eu de blessés, mais la situation m'effraya davantage. Je savais que j'avais besoin de prendre du recul, de me concentrer sur moi-même avant de m’attaquer aux problèmes de mon mariage.

Le propriétaire du véhicule sortit à son tour, et quand nos regards se croisèrent, je ressentis un choc. Son visage m'était familier, mais je ne parvenais pas à me rappeler où je l'avais rencontré.

— Olivia ? dit-il en premier, une lueur de surprise dans les yeux.

__ ....

— Olivia, c'est toi ? Wow, pour une surprise, s'en est une, répondit-il en s'approchant.

Je fus surprise qu'il sache mon prénom. Qui était-il vraiment ? Avions-nous un lien particulier ? Je l'observais, toujours confuse, pendant qu'il se rapprochait de moi, un mélange de curiosité et d’inquiétude me traversant l’esprit.

Son visage me semblait à la fois familier et distant, comme un écho d'un passé que j'avais oublié. Il avait des traits marquants, une assurance dans sa démarche qui me rappelait des souvenirs flous de nos années d'école, mais rien ne semblait assez concret pour que je puisse mettre un nom sur ce visage.

— Tu ne te souviens pas de moi, n'est-ce pas ? demanda-t-il, son sourire révélant une certaine tendresse.

Je secouai la tête, incapable de cacher ma confusion.

— Non, je suis désolée. J'ai un trou de mémoire... C'est juste que ça fait longtemps et je ne me rappelle pas très bien, avouai-je, me sentant un peu gênée.

Il prit une respiration profonde, comme s’il réfléchissait à la meilleure façon de se présenter.

— J'étais dans la même classe que toi au lycée, je m'appelle Williams, Williams Ahanda. On avait quelques amis en commun, et on avait même fait un projet ensemble en terminale.

L’éclat de son nom commença à résonner en moi. Je me rappelai des rires, des conversations partagées.

— Ah oui, Lucas ! Je me souviens maintenant, c'était un projet sur l’environnement, n'est-ce pas ?

Il hocha la tête, un sourire amusé sur les lèvres.

— Exactement. On s'était bien débrouillés, même si on avait procrastiné jusqu'à la dernière minute.

Je ris, soulagée de voir que les souvenirs commençaient à revenir. Mais je sentais toujours cette pression dans ma poitrine, une partie de moi sachant que je devais me concentrer sur ma situation actuelle, pas sur le passé.

— Écoute, je suis vraiment désolée pour l'accident. J'étais perdue dans mes pensées et...

— Ça va, vraiment. L'important, c'est que tu n'aies pas été blessée. Tu sembles avoir beaucoup sur le cœur, et si tu veux en parler, je suis là, dit-il avec une sincérité qui me toucha.

Cette offre inattendue me fit réfléchir. Avais-je vraiment envie de partager mes soucis avec un ancien camarade ? Mais en même temps, je ressentais un besoin urgent de me confier à quelqu'un.

InfidèlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant