Infidèles

Chapitre 35

#Winnie

La situation avait failli tourner au drame. Hervé était impulsif et violent, et son comportement ne faisait que renforcer ma décision : il n’y avait plus rien à faire ensemble. Malgré cela, je ressentais une douleur sourde. Cet homme, je l'avais aimé de tout mon cœur, plus que ma propre vie. J'aurais vraiment souhaité que les choses se passent différemment, mais une fois que l'on atteint le point de non-retour, il devient très difficile d’avancer.

En regagnant la salle de soins, je me perdais dans mes pensées.

__ Tu es revenue juste à temps, le Dr Théo te cherchait.

Me dit ma collègue.

__ Où est-il ?

__ Dans son bureau.

__ Merci.

Je me dirigeai rapidement vers son bureau. Lorsque j'arrivai devant sa porte, je signalai ma présence avant d'entrer.

__ Où étais-tu ?

__ Longue histoire...

Je n'avais pas envie de m'étendre sur le sujet.

__ Je t'écoute.

__ Pas maintenant, s'il te plaît. Et puis, nous sommes au travail ; je ne veux pas mélanger les choses.

__ Hum, d'accord, mais ce soir, j'aimerais que tu m'en parles.

__ D'accord.

Il coupa court à la conversation, et je me sentis apaisée. Il est vrai que notre relation évoluait dans le bon sens, mais je devais encore régler mes affaires avec Hervé. Que je le veuille ou non, il restait mon époux. Après cet échange, je repris le travail, essayant de faire la part des choses.

.....

#Paddy

Cet après-midi, j'ai reçu un appel du détective que j'avais engagé pour me renseigner sur la nouvelle nounou de ma fille.

__ Qu'avez-vous découvert ?

__ J'ai creusé un peu, et j'ai trouvé quelques éléments intéressants, m'a-t-il répondu d'une voix posée.

__ Allez-y, je vous écoute, dis-je, le cœur battant.

__ Elle s'appelle Frida Matip, et selon mes recherches, elle a un bon dossier. Elle a travaillé pour plusieurs familles dans la région, et les retours ont été positifs. Cependant…

__ Cependant quoi ?

__ Il y a eu un incident il y a environ deux ans. Elle a quitté une famille après une accusation d'avoir été trop stricte avec les enfants. Les parents avaient eu des doutes sur sa méthode d'éducation.

__ Je vois, autre chose ?

__ Rien, hormis ça elle est clean.

__ Hum, d'accord ! Continue de creuser, si tu trouves quelque chose tu me tiens informé.

__ C'est compris.

Je mis fin au coup de fil et plongea dans mes pensées. Ce rapport, n'était pas exactement ce que j'attendais. J'étais un peu déçu car mon sixième sens ne me trompait jamais. Cette fille était louche à mes yeux. Je pris l'initiative d'installer des caméras de surveillance à mon domicile. De petits modèles discrets qui ne seront pas détectables facilement.

Je voulais garder un oeil sur tout ce qui se passait en mon absence. La sécurité et le bien-être de ma famille étaient ma priorité.

*

Plus tard,

L'appel de ma maîtresse venait briser ma concentration alors que je m'apprêtais à entrer en réunion. Malgré la familiarité dans sa voix, mon esprit resta fermé à toute idée de rencontre. Depuis longtemps, j'avais appris à garder mes relations discrètes, à les maintenir à bonne distance de ma vie quotidienne.

— Paddy chéri, je suis en ville pour le week-end, ça te dirait qu'on passe du temps ensemble ?

Son ton était enjôleur, mais je ne me laissais pas attendrir.

— Désolé, Lisa, ce n'est pas possible cette fois. Par contre, on peut se voir à ton retour.

Il y eut un moment de silence, marqué par un soupir presque résigné.

— Hum.

Elle n'était visiblement pas convaincue, mais je n'avais pas l'intention de céder. Je m'étais fixé des règles, et l'une d'elles était claire : aucune aventure dans ma ville. Ce genre de liaison devait rester lointaine, anonyme, et surtout sans attache émotionnelle. Avec les femmes, il valait mieux être sur ses gardes.

Je raccrochai avant qu'elle n'ait le temps de répondre davantage. Lisa n'allait pas insister. Elle savait, tout comme moi, que notre "relation" était basée sur des moments éphémères, sans attachement réel ni promesse. J'avais toujours été prudent avec ce genre de rencontres, et je ne comptais pas changer de stratégie maintenant.

Alors que je rangeais mon téléphone, mon regard se porta un instant sur la fenêtre de mon bureau. La vue de la ville en contrebas me ramenait à cette vigilance permanente. Ici, il était trop facile pour des erreurs personnelles de devenir publiques, et je ne pouvais pas me permettre ce luxe.

La réunion allait commencer dans quelques minutes, mais mon esprit était ailleurs. La voix de mon assistant me sortit des nuages.

— Monsieur, tout est prêt, les autres vous attendent, annonça t'il à l'entrée du bureau.

Je hochai la tête et me levai, adoptant cette posture assurée que j'avais cultivée au fil des années. Le jeu des apparences devait se poursuivre, même si, en coulisses, je manœuvrais pour garder chaque aspect de ma vie sous contrôle.