Chapitre 57

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La colère et l'inquiétude s’entremêlaient en moi tandis que j'observais Frida, debout dans le salon, hésitante, un téléphone à la main. Elle évitait mon regard, cherchant visiblement une échappatoire. Tout en moi criait qu’elle cachait quelque chose.

Je serrai les poings pour maîtriser le flot d’émotions qui menaçait de déborder.

— Frida, que faisais-tu ici, seule dans le noir ? demandai-je, tâchant de garder mon calme.

Elle se raidit, ses yeux s'égarant un instant vers le téléphone, puis répondit d'une voix mal assurée :

— Je… je regardais juste les informations, murmura-t-elle, comme si elle ne croyait pas elle-même à cette excuse.

— Les informations ? Ici ? Dans le noir ? Vraiment ?

Son mensonge était flagrant. Gênée, elle fit un mouvement hésitant pour cacher le téléphone. Instinctivement, je cherchai l'interrupteur et illuminai la pièce. Frida sursauta et tenta de glisser le téléphone dans sa poche, mais je n’étais pas prêt à la laisser s’en tirer si facilement.

— Sors ce portable de ta poche ! ordonnai-je, haussant la voix.

— C'est mon téléphone, Monsieur. Je ne vois pas pourquoi je devrais obéir, répondit-elle d’un ton glacial.

— Ne me pousse pas à bout, Frida, répondis-je, la voix pleine de tension.

Frida refusa obstinément de me montrer son téléphone, serrant l'appareil comme si sa vie en dépendait. Frustré, je tentai de l’arracher de ses mains. Elle se débattit, résistant de toutes ses forces, ses doigts crispés autour de l’objet.

— Frida, arrête ça ! dis-je, la voix tremblante d'agacement.

Elle ne cédait pas d'un pouce, luttant avec acharnement. Dans la mêlée, je n'avais pas remarqué que Maëlys, ma femme, était entrée dans la pièce, silencieuse, probablement attirée par les éclats de voix.

C'est alors que Frida leva soudain les yeux vers elle. Son visage changea, une lueur de malice traversant ses traits. D’un cri perçant, elle s’exclama :

— Arrêtez, Monsieur ! Je ne veux pas coucher avec vous !

Je restai figé, stupéfait, incapable de comprendre ses paroles. Puis, réalisant la gravité de ce qu'elle venait de dire, je me retournai brusquement. Maëlys était là, plantée dans l'encadrement de la porte, les yeux écarquillés, choquée.

— Maëlys, ce n’est pas ce que tu crois ! dis-je précipitamment, relâchant Frida.

Mais Frida continuait à jouer la victime, se reculant lentement, le regard faussement terrifié, jetant un regard accusateur dans ma direction.

Maëlys resta pétrifiée, son visage blême, trahissant à la fois l'incompréhension et une profonde blessure. Son regard oscillait entre moi, haletant, et Frida, qui essuyait faussement ses larmes, comme si elle venait d’échapper à un cauchemar.

— Maëlys, tu dois me croire, c’est un malentendu ! m’écriai-je, tendant une main désespérée vers elle.

Mais elle recula, les yeux emplis de larmes, secouant la tête comme si elle refusait d’entendre mes explications.

— Comment tu as pu, Paddy ? murmura-t-elle d’une voix brisée. Comment tu as pu me faire ça sous notre toit ?

Je sentis mon cœur se briser en entendant ces mots. L'air dans mes poumons se fit rare, comme si le poids de l'accusation m'écrasait. Frida, de son côté, jouait parfaitement son rôle, prenant une voix tremblante et accusatrice.

— J’ai toujours respecté votre famille, Madame, dit-elle en baissant les yeux, mais il… il a tenté de me forcer.

— Arrête tes mensonges ! criai-je, hors de moi, mais chaque mot que je prononçais semblait aggraver la situation.

Maëlys porta une main à sa bouche, incapable de détacher son regard de Frida, qui me lançait un regard de défi, ses yeux pétillant d’une satisfaction cruelle.

— Je ne peux pas… je ne peux pas croire que tu aies pu faire ça, murmura Maëlys en s’écartant encore davantage.

Elle se détourna brusquement, le cœur lourd, et je fis un pas vers elle, tentant une dernière fois de la retenir.

— Maëlys, écoute-moi ! Ce n'est qu'une mise en scène ! Je t'en supplie, laisse-moi t'expliquer !

Elle s'arrêta, mais ne se retourna pas. Sa voix était faible, tremblante, à peine un murmure.

— Ne t’approche plus de moi, Paddy. Je ne sais pas si je pourrai un jour te pardonner…

Puis elle sortit en silence, me laissant seul face au chaos que Frida venait de semer.

La tension dans la pièce atteignait son paroxysme, et l'air semblait chargé d'un poids insoutenable. Mes pensées tourbillonnaient, égarées entre l'injustice de l'accusation et l'impuissance face à ce spectacle cruel. Frida affichait un air triomphant, son regard d'acier braqué sur moi, comme pour savourer la destruction qu'elle venait de provoquer.

Je sentais la rage bouillir en moi, mêlée à une profonde tristesse. Je n'avais jamais envisagé que quelqu'un puisse aller aussi loin dans la perfidie. Maëlys, ma Maëlys, venait de partir, blessée, trahie, incapable de discerner la vérité du mensonge.

Frida fit un pas en arrière, le téléphone toujours solidement en main, comme une arme dont elle avait appris à maîtriser la puissance. Un sourire à peine dissimulé flottait sur ses lèvres, révélant une satisfaction froide et calculée.

— Pourquoi ? murmurai-je, le souffle court. Pourquoi aller aussi loin ?

Elle me fixa un instant, comme si elle évaluait l'effet de ses mots avant de déclarer :

— Je ne vois pas de quoi vous parlez !

Sa réponse fit éclater en moi une rage incontrôlable.

La colère montait en moi, brûlante et insupportable. Comment osait-elle prétendre l'ignorance après tout ce qu'elle venait de faire ? Le regard de défi qu’elle m’adressait n’était que la preuve supplémentaire de son insolence.

Je fis un pas en avant, la voix tremblante d'indignation.

— Arrête de jouer l'innocente, Frida ! Tu as semé la discorde dans mon foyer, et tu le sais très bien.

Elle haussa les épaules, un sourire glacé aux lèvres.

— Si votre femme a cru ce qu'elle a vu, c’est peut-être qu’elle connaît mieux son mari qu'il ne le pense, murmura-t-elle, ses mots s'insinuant comme des poignards.

Mon poing se crispa, mais je me retins de laisser la colère l’emporter. L’affronter de front ne ferait qu’empirer les choses. Si je voulais sauver ce qui restait de ma vie avec Maëlys, il allait falloir ruser, comprendre les raisons derrière cette manipulation.

Inspirant profondément pour garder mon calme, je plantai mon regard dans celui de Frida, déterminé à lui faire comprendre que je ne céderais pas si facilement.

— Tu joues avec le feu, Frida, lui dis-je, la voix basse et pleine de menace. Et ce jeu risque de se retourner contre toi.

— On verra bien !

répondit-elle, défiante.

À cet instant, je compris que les pressentiments que j'avais eus à son sujet depuis le premier jour étaient bel et bien fondés.

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