Chapitre 60

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Le silence pesant qui suivit la déclaration de Paddy était insupportable. Jeff, à mes côtés, plantait un regard ardent dans les yeux de Paddy.

__ Je ne partirai pas, Paddy, a-t-il dit, la voix ferme. __ Maëlys a besoin de moi ici, et tu ne peux pas simplement l’ignorer.

Le rire de Paddy résonna, amer et dédaigneux.

__ Vraiment ? Tu penses que tu peux te dresser contre moi dans ma propre maison ? Tu te crois plus important que moi pour elle ?

__ Ce n’est pas une question d’importance, a répliqué Jeff, sa colère visible. __ C’est une question de respect. Tu as trahi Maëlys, et maintenant tu essaies de la faire passer pour la coupable.

__ C'est vrai ça ?... D'accord !

Paddy quitta la pièce d’un pas précipité, et un frisson d’angoisse parcourut mon corps.

__ Je suis vraiment désolée, Jeff !

__ Ne t'inquiète pas, dit-il d’un ton calme, mais avec une intensité sous-jacente. __ Il doit comprendre que cette maison est aussi la tienne.

Ses mots résonnèrent en moi, mais je savais que Paddy était déjà sur le point de franchir une ligne. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit à nouveau. Paddy était de retour, et cette fois, il n'était pas seul.

__ Foutez-le hors de ma maison ! rugit-il, désignant Jeff du doigt comme s’il s’agissait d’un délinquant.

La tension devint palpable, comme une corde prête à se rompre. Jeff, imperturbable à mes côtés, soutenait le regard de Paddy, ses yeux étincelants de défi.

__ Je ne pars pas, Paddy, déclara-t-il d'une voix ferme. __ Maëlys a besoin de moi.

Paddy avança d’un pas, son visage blême de rage, ses poings serrés à ses côtés.

__ Tu crois que je vais laisser un homme comme toi rester ici et me défier ? C’est chez moi, et je ne tolérerai pas ça !

Mon cœur battait à tout rompre, chaque pulsation intensifiant l'urgence de la situation. Je savais que je devais intervenir, mais mes mots semblaient se perdre dans l'atmosphère chargée de tension.

__ Paddy, calme-toi. Se battre n’est pas la solution pour résoudre ce qui se passe entre nous.

Mais mes paroles, loin de le rassurer, attisèrent sa colère.

__ Qu'est-ce que vous attendez ?!

Il lança cette phrase aux vigiles, qui se précipitèrent vers Jeff. Dans un élan désespéré, je me jetai devant lui.

__ Si tu le mets dehors, je partirai aussi !

Paddy prit un moment pour peser mes mots, et, finalement, il répondit :

__ D'accord.

Sa réponse me déchira le cœur, chaque syllabe résonnant comme une promesse de rupture.

__ Maëlys, tu n’as pas besoin de faire ça !

s’exclama Jeff dans la seconde qui suivit.

__ C’est ton dernier mot ?

demandai-je à Paddy, ignorant totalement la tentative de mon ami de me raisonner.

__ Mettez-les dehors !

ordonna-t-il aux vigiles, sa voix pleine d’autorité.

Les vigiles s'approchèrent, leurs silhouettes massives se dessinant dans l'ombre. Jeff, l'air farouche, se redressa et fit face à Paddy.

— Arrête tes conneries, Paddy, lâcha-t-il d’une voix vibrante de colère.

Il se plaça devant moi, comme un rempart, mais l'un des vigiles l’attrapa et le traîna sans ménagement vers la sortie. Lorsqu'il voulut faire de même avec moi, Paddy leva la main pour le stopper.

— Tu viens d’ouvrir une porte que tu n’es pas prête à franchir, Maëlys. J'espère que tu pourras assumer les conséquences.

Mon sang bouillonnait. Je serrai les poings, les mots jaillirent malgré moi.

— C’est toi qui as tout détruit ! Tu n'avais pas à sauter la bonne !

Paddy me fixa, impassible, avant de me lancer, dédaigneux :

— Je pensais que tu étais mature, Maëlys, mais tu n'es qu'une gamine naïve. Va donc voir ta mère et demande-lui ce que signifie être une femme.

— Et toi, tu n’es qu’un homme sans cœur qui croit pouvoir justifier un acte aussi dégoûtant que l'infidélité !

Il eut un sourire froid, presque cruel.

— Peut-être que c’est ma faute, après tout. Je t’ai trop couvée, et voilà que tu agis comme une idiote. Cette Frida, cette traînée, je t’avais prévenue dès le début, mais non, madame faisait trop confiance ! Maintenant, tu viens me prouver que n'importe qui vaut plus pour toi que moi. Bravo, Maëlys. Espérons que tu pourras garder la tête haute quand je te mettrai les preuves sous le nez.

Puis, il se tourna vers le vigile.

— Sortez-la de chez moi.

— Paddy, tu ne peux pas faire ça, je suis ta femme ! dis-je d'une voix brisée, tentant de le ramener à la raison.

— Ah, tu te souviens soudainement que tu es ma femme ? Oser amener un homme dans mon foyer et me défier ouvertement ? La porte est là, n’hésite pas.

Sa voix était glaciale, sans la moindre trace de compassion.

— Je ne partirai pas sans ma fille, murmurai-je, terrifiée par ce que je venais de déclencher.

— Notre fille. Et non, elle reste ici. Je refuse que tu la contamines avec tes idioties.

Les mots me poignardèrent. C’était comme si je ne reconnaissais plus mon propre époux.

— Paddy, attends…

— Vous allez la foutre dehors, oui ou non ?! lança-t-il au vigile d’une voix sèche.

Le vigile me saisit fermement et me traîna, sans pitié, hors de la maison. Cette maison qui avait été un havre, où j’avais cru être en sécurité.

— Tu n’as pas le droit de faire ça, Paddy ! J’en parlerai à mon père, et…

— Ton père, c’est Dieu ?! répliqua-t-il, exaspéré. Ferme-la donc !

Avant même de pouvoir réagir, la porte se referma derrière moi, me laissant seule, exclue de la vie que j'avais construite.

Je restai là, devant cette porte close, une vague de panique m'envahissant. Les mots de Paddy résonnaient encore dans ma tête, acérés comme des lames. Comment en étions-nous arrivés là ? Ce foyer que nous avions bâti ensemble, ce bonheur que nous avions partagé… tout cela semblait s’être évaporé en un instant.

Ma respiration était saccadée, et je sentais les regards des voisins derrière leurs fenêtres, témoins silencieux de mon humiliation.

*

Les minutes passèrent, mais la porte restait obstinément fermée. Finalement, je m’éloignai, chaque pas m'arrachant un peu plus le cœur. J’entendis une voix m’interpeller derrière moi. Jeff, affaibli mais déterminé, s’était relevé et s'approchait de moi.

— Tu ne devrais pas rester seule, Maëlys. Viens, on va s’éloigner d’ici, dit-il en me prenant doucement par les épaules.

Je le suivis, sans énergie, trop hébétée pour protester. Nous marchâmes jusqu'à sa voiture, et il démarra sans un mot. Assise à côté de lui, je sentais les larmes monter, mais je refusais de pleurer. Pas maintenant. Pas devant lui. Jeff jeta un coup d'œil en ma direction, et sans que je le voie, il serra le volant un peu plus fort.

— Tu mérites mieux que ça, Maëlys, murmura-t-il, la voix remplie de tristesse et de colère.

Mais ces mots, bien que réconfortants, ne comblaient pas le vide immense que je ressentais. Tout ce que je voulais, c'était comprendre comment les choses avaient pu dégénérer à ce point.

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