I got you Babe

Ch. 43 : La composition

Plusieurs jours étaient passés depuis mon arrivée en France. Woosung m'avait proposé de m'installer chez lui et je bénéficiais d'une chambre superbe avec une vue imprenable sur les toits parisiens. Je ne lui imposais pas ma présence dans la journée pour ne pas perturber son travail. Souvent, je sortais promener sur les quais de la Seine pour flâner entre les passants pressés. Je ne connaissais pas bien la capitale et les vagues souvenirs que j'en avais n'était plus vraiment d'actualité. Je me perdais régulièrement dans les ruelles pavées du vieux Paris ce qui rallongeait toujours mon trajet pour rentrer. Je m'empiffrais de jambon beurre et de macarons, de brie et de croissant mais aussi de calmants. La douleur lancinante de cette cheville foulée se rappelait à mon bon souvenir et la peur de devoir consulter me tordait le bide. Je me hisse hors de mon lit douillet à cloche pied pour me rendre jusqu'à ma penderie. J'attrape une tenue confortable pour sillonner à nouveau la capitale mais d'un geste maladroit je fais tomber mon sac, celui qui m'avait accompagné durant mon voyage retour. Son contenu s'étale sur la moquette grise et la blancheur d'une lettre contraste avec le duvet plus sombre. Je la ramasse et me souviens que Yoongi me l'avait tendu dans l'aéroport avant que je ne les quitte. Je la décachette et découvre une écriture manuscrite ainsi qu'une clé USB. Je m'assieds sur le rebord de mon lit.

"Salut Babe,

Si tu lis cette lettre c'est que tu nous auras quitté pour te reconstruire dans une autre vie. Que tu auras renoncé à Jungkook et définitivement rejeté mes sentiments. J'imagine qu'au moment où tu la lis, je me morfonds dans mon studio. Englué dans mon chagrin, je suppose que je n'arrive plus à composer mais je te rassure, c'est l'affaire de quelques semaines, quelques mois tout au plus avant que ma peine ne fasse place à un besoin insatiable d'écrire. Tu sais mieux que personne combien j'ai horreur de me dévoiler et qu'il n'y a que par ma plume que je sache m'exprimer. Souviens-toi de cette nuit que nous avons passé ensemble, tu m'avais surpris à pianoter une mélodie à laquelle aucune parole n'était associée. Cette musique je l'avais composé en pensant à toi et à la tendresse que je te porte. Lorsque Jungkook m'a fait part de ton désir de repartir j'ai cru bon l'utiliser pour écrire une chanson qui parlerait de toi. Tu la découvriras sur cette clé qui accompagne ma lettre mais je n'ai pas encore décidé à qui confier la partie chantée. Peut-être IU, elle me semble être la candidate idéale ... Qu'en penses-tu ? Tu as souvent pensé, à tord, que je ne te portais pas un grand intérêt. Désormais que tu connais mes sentiments pour toi, il m'était vital de t'offrir cette chanson intitulé "People". Elle apparaîtra dans mon prochain album solo, elle est triste, peut-être qu'elle te fera pleurer mais elle est aussi authentique que l'amour que je te porte. J'ai couché sur le papier mon âme pour que tu te souviennes mon attachement, pour que tu ne m'oublies pas ...

Prends soin de toi

Yoongi"

J'insère la clé sur mon PC et clique sur la flèche du lecteur. Les notes de cette mélodie sont à l'identiques celles de mon souvenir. La voix grave de Yoongi résonne dans l'appareil et mes yeux s'emplissent de cette douleur si familière. La chanson suinte le chagrin qui le consume, sa peine s'entend dans chaque touche écrasée de son piano. Je pleure et les larmes coulent au même rythme que la musique. Les paroles qui décrivent le départ d'un amour sincère m'émeuvent et je reste immobile à imprimer chacun de ses mots au plus profond de mon être.

Le timbre gracieux de IU sera parfait pour s'accorder avec celui plus roque de mon ami et je m'empresse de lui envoyer un message pour lui faire part de mon avis. Aussi bouleversé que je sois, je refuse de me lamenter en excuse parce que je sais qu'il attend autre chose de moi. J'attrape mon téléphone et tapote un texto pour le féliciter de cette création et lui donner mon avale pour désigner la belle IU pour ce duo qui sera un succès à n'en pas douter.