Ch. 46 : Deux ans

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Le soleil décline dans le ciel, il se fane lentement pour nous diriger vers des journées plus fraîches et des nuits froides. Enroulée dans un plaide doux, je suis affalée dans le canapé. Le fond sonore de la télé me berce mais mes yeux ne quittent pas la galerie de photos. Je me remémore cette journée durant laquelle nous avions pris ce cliché ou encore celui-ci. Son sourire me désarme, ses yeux sombres me chamboulent, cette manière qu'il a de plisser le front lorsqu'il s'inquiète, ses fossettes qui se creusent, ses mains veineuses, ses épaules larges, sa taille fine, ...

- Tu veux bien arrêter de te morfondre ... souffle Thomas en entrant dans le salon.

Je renifle bruyamment avant de verrouiller mon téléphone.

- Très élégant ! rouspète-t-il en ouvrant le frigo.

Je roule comme une larve pour me hisser sur mes jambes et venir jusqu'à lui la mine boudeuse et l'œil humide.

- Tu devrais filer te préparer, suggère-t-il.

J'inspire profondément et en même temps que mes poumons se vident, ma motivation s'enfuit. Y a-t-il quelque chose sur cette Terre de plus pathétique qu'une larve ? Oui ... moi à cet instant. Je traîne ma mauvaise humeur depuis ce matin et Thomas s'agace de me voir ainsi. Je m'écroule sur une chaise de la pièce où nous nous trouvons et laisse ma tête retomber sur la table en bois dans un bruit sourd. Il soupire en s'approchant de moi. Il s'accroupie et m'oblige à le regarder.

- Ça va bientôt faire deux ans ... si tu ne veux pas retourner vers lui alors résigne-toi. Tu ne peux pas traîner ta peine comme un boulet.

- Pourquoi je ne parviens pas à l'oublier ?

- Probablement que tu es encore amoureuse de lui mais tu vas devoir prendre une décision.

- Je l'ai prise quand je suis sortie de leurs vies.

- T/P ... tu es certaine de ne pas le regretter ?

- ...

- On est ami depuis que tu as passé cette porte ... n'est-ce pas ?

J'acquiesce.

- Tu refuses tous les dates qu'on te propose. Tu tournes le dos à tous les types qui te tournent autour. Tu es simplement amoureuse !

- De qui ?

- Mais de lui ! De qui d'autre ?

Cette réalité trop douloureuse à entendre provoque un électrochoc en moi. Je me dégage de son emprise pour me diriger vers la salle de bain.

- T/P ? m'appelle-t-il.

- C'est des conneries ! Je n'ai plus aucun sentiments pour Jungkook. Il faut juste que j'apprenne à vivre loin de mes amis, ajoutais-je en claquant la porte pour m'enfermer.

Je me raconte de belles histoires et me berce d'illusions depuis ce jour où Woosung s'est envolé pour la Corée mais au fond de moi je sais combien tous me manquent et particulièrement JK. Souvent son sourire hante mes nuits et je l'imagine avec moi, ici en France et mes cauchemars deviennent moins pesants. Je nous rêve déambulant sur les pavés, longeant les bords de Seine à la clarté d'une lune ronde. Et puis le réveil sonne, je me bouscule et entame une nouvelle journée. Je ne suis pas morose tous les jours mais certains sont difficilement vivable comme aujourd'hui. Une nouvelle semaine démarre et elle entraîne avec elle notre date anniversaire. Il y a deux ans, l'un de nous avait fait la promesse à l'autre de toujours être présent ce jour sur cette plage de Incheon. Et je crois me souvenir que c'était moi ...

Le trafique est chargé mais Thomas connait la ville comme sa poche et réussit à nous extraire des bouchons pour ne prendre que des artères secondaires. Il est un peu anxieux car aujourd'hui il reçoit la visite d'un éventuel futur associé. Un type de la finance qui cherche un business dans lequel investir une somme rondelette.

I got you BabeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant