Ch. 38 : Le retour

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Trois jours que son ex était réapparue dans sa vie. Trois jours qu'elle s'imposait comme une sangsue à son chevet. Trois jours que cette garce, qui lui avait brisé le cœur, s'octroyait les faveurs de ses sourires et de ses éclats de rire. Il s'était montré hésitant lorsqu'elle avait franchi le seuil de sa chambre d'hôpital mais la perfide avait trouvé les mots et s'était rapidement montrée indispensable. Elle le choyait, le couvait comme une bonne mère et ce nigaud n'y voyait que du feu. Il l'avait prise en pitié à cause de sa solitude mais je n'arrivais pas à la plaindre, je ne parvenais pas à lui trouver des excuses. Mon cœur se mourrait à mesure qu'elle s'installait dans son quotidien ...

- Heureusement qu'il rentre bientôt !

Perdue dans mes pensées, je n'entends pas Mado entrer dans la salle de sport. Les gants aux poings, je reste immobile devant le sac que j'imagine être celle que j'exècre. J'avais tapé de toute mes forces dans l'espoir de sentir s'envoler la douleur qui me brûle de l'intérieur mais l'exercice n'avait servi qu'à me faire transpirer.

- C'est toi qui passe le chercher ? s'entête-t-elle à m'interroger.

Je garde le silence et m'obstine à ne pas réfléchir mais un tas de questions se bousculent et je voudrai hurler pour évacuer la tension. Je reprends ma position et balance un premier coup, un second, je les enchaîne, plus rapide, plus fort contre la toile aussi noire que ses cheveux lissés. Ses yeux s'affichent derrière les perles de sueur qui obstruent ma vue. Je m'acharne, mes mains frappent et mes épaules deviennent douloureuses. Je claque mon tibias contre le sac, je donne un coup de genoux et poursuis avec le pied droit que j'envoie à mi-hauteur. J'enrage et la colère croisse en moi. Ma peau, en contacte avec l'objet de mon défouloir, me brûle, elle chauffe sous l'impacte avec le cuir. Je m'époumone et bientôt ma voix se libère, mes cris accompagnent mes gestes. J'hurle bientôt avant de m'écrouler sur la mousse du tapis. Les genoux à terre, j'expire bruyamment, la tête dans mes épaules voûtées, je tente de recouvrer un semblant de calme. Ma poitrine se lève péniblement et des taches en forme d'étoile décorent le tissu bleu sur lequel j'ai chu. Hypnotisée par les astres dessinées entre mes cuisses, ma tête se vide. Je suis parvenue à exhorter ma peine et désormais plus rien n'a de sens. Je ne me souviens pas être venue ici, ni avoir enfilé mes gants. Ma gorge me pique d'avoir trop crié, j'essuie d'un revers de bras mon front dégoulinant. Toujours au sol, je sens une paire de mains me saisir les bras pour m'obliger à me relever. Je me laisse guider sur le banc qui longe le mur. Une serviette éponge mon visage, mon cou puis descend jusqu'au bout de mes doigts.

- Tu vas attraper froid si tu ne te sèches pas, me gronde gentiment la voix de mon amie.

- Comment va-t-elle ? questionne une autre femme qui vient de faire son entrée dans la pièce.

Je devine qu'il s'agit de Rose, Namjoon et elle avaient décidés de laisser derrière eux les querelles insignifiantes pour donner une chance à leur idylle. Et le plus sincèrement du monde, je leur souhaite à toutes les deux le meilleur mais pour l'heure j'ai surtout besoin d'être seule, de prendre une douche et de filer à l'hôpital pour le ramener à la maison. Je m'éloigne d'elles pour m'introduire dans le vestiaire attenant à la salle de sport. J'ouvre le robinet et la vapeur chaude envahie l'espace en moins de temps qu'il m'en faut pour me glisser sous le jet. L'eau ruisselle sur ma peau nue, elle apaise les tensions de mes muscles mais réveille les douleurs, je jette un œil à mon corps meurtrit et constate des marques rouges sur mes jambes et mes avant-bras. Je passe une main machinale dans l'espoir divin de voir disparaître les tâches qui bleuiront demain mais en vain ... Je me savonne, shampouine mes cheveux avant de me rincer et d'enrouler une serviette autour de ma poitrine. J'observe mon reflet dans le miroir et ce que j'y vois n'est pas très reluisant, les mèches emmêlées, les yeux cernés et ses auréoles rouges qui parsèment ma peau comme les empreintes amères d'un vin de piquette. Je dois peut-être me rendre à l'évidence, Jungkook n'a jamais été attiré que par des physique gracieux comme celui de Naeul ...

I got you BabeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant