Ch. 42 : T/P

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Les fans hurlent dans la salle, le spectacle est grandiose. Les lumières vacillent entre différents tons et mettent en valeur les costumes de scène. Les garçons assurent comme à leur habitude et enchaînent les chorégraphies revisitées pour le plus grand plaisir des Army. Ils nous embarquent dans tous leurs univers, nous offrent des sensations uniques, nos émotions se bousculent au rythme des musiques. Nous sommes enivrés par la cadence soutenue qu'ils proposent à leur public, ils sont déchaînés mais je remarque le comportement agité de Jungkook qui saute à travers la scène, il s'épuise. Son tee-shirt est trempé de sueur, ses cheveux dégoulinent, il s'empare d'une bouteille d'eau, il s'asperge le visage pour se rafraîchir et lance l'objet dans la fosse créant un mouvement de foule difficilement géré par les agents de sécurité. Il ne réfléchit plus, son cerveau est comme déconnecté, il ne préserve son interaction qu'avec celles qui le supplient de l'aimer accrochées aux barrières et qui pleurent leur amour déchu. Le spectacle de ces femmes, larmoyant un chagrin fantasmé, est pathétique. Leurs émotions me paraissent si illusoires que je trouve la scène affligeante ... mais peut-être suis-je simplement jalouse de l'intérêt qu'il leur porte à cet instant ?

- Ça va bientôt être à toi, m'indique l'un des régisseurs.

Je file en loge pour déposer mes vêtements en attendant que la tableau soit mis en place. C'est ce soir la dernière pour moi et demain je décolle pour la France. Mado connait les chorégraphies sur le bout des doigts, seulement Jungkook a catégoriquement refusé le porté prétextant qu'elle est plus grande que moi et qu'il serait difficile de le mettre en place. Elle s'était résignée et n'avait pas insisté. Je monte l'escalier métallique, mes pieds entre en contacte avec l'eau déjà présente dans le bassin en plexiglas, j'ai l'agréable surprise de la trouver plus chaude que lors de notre première représentation. La salle est plongée dans le noir et il profite de cet instant pour me rejoindre. Il s'approche pour glisser trois mots à mon oreille.

- Ne pars pas ...

Il se positionne, je devine qu'il replace son micro et le spot qui éclaire la pluie fine qui tombe sur nos épaules s'allume. Son torse luisant, mis en lumière dans une clarté chaude, est absolument saisissant de beauté. Je plaque mes mains sur sa large poitrine et les premières notes s'envolent au rythme lent de cette musique douce. Sa voix parait moins structurée, il ne tient pas ses notes aussi longtemps que d'habitude, mais elle semble chargée d'une émotion douloureuse qui donne tout son sens à cette chanson qui évoque un amour perdu. Chacune de ses prises sur mon corps presque nu s'imprègne en moi, au plus profond de ma chair, ses mains me brûlent, elles me marquent au fer rouge, il prend possession de ma peau, de mon souffle, de mon être tout entier et je m'abandonne une dernière fois à lui. Il se retourne, je recule et prend l'élan pour me propulser sur son dos. Je sers mes cuisses contre lui, peut-être un peu plus que les fois précédentes ... je prends mon appuie sur ses trapèzes mais un mouvement à peine perceptible de son épaule blessée m'informe qu'il me faut être prudente et ne pas lui imposer trop de poids. Je déporte mon appui légèrement et entame l'acrobatie, je tends la jambe, le pied en pointe et me repose sur sa main levée mais je comprends rapidement que la chute est proche. Je glisse le plus gracieusement possible le long de son bras pour jouer l'illusion mais me réceptionne mal et ressens une douleur de la cheville qui s'étend jusqu'au mollet. J'étouffe un cri contre son torse alors qui envoie cette dernière phrase.

- But hatin'you's the only way it doesn't hurt
- Mais te détester est le seul moyen pour que ça ne fasse pas mal

Mes larmes de douleur se mêlent à la tristesse de sa voix brisée par l'émotion ...

La lumière s'éteint, elle nous plonge dans l'obscurité et je sens ses bras s'enrouler à ma taille et glisser sous mes genoux. Il me porte pour redescendre en coulisse.

I got you BabeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant