I got you Babe

Ch. 5 : Shooting photo

Le jour est levé depuis un moment déjà mais ma nuit n'a pas été reposante. Sans les bras sécurisant de Jungkook, mes cauchemars renaissent et avec eux la peur viscérale de recroiser celui qui m'a fait souffrir. Lorsque je me souviens de lui, je revois ses yeux mauvais, j'entends les insultes et les menaces. Je peux encore sentir sa main emprisonner mon bras pour me forcer à lui obéir, comme si ma chaire avait imprimer la sienne. Je secoue la tête pour chasser les images du passé. Je me prépare à la hâte et sors de ma chambre pour retrouver Namjoon installé au salon. Ses lunettes vissées sur le nez, l'attention captivée par un épais bouquin, il ne m'entends pas arriver et je me jette littéralement sur le canapé. Evidemment il sursaute et me foudroie de son regard réprobateur.

- T'es vraiment une gamine, lance-t-il en soufflant.

Je lui réponds avec mon plus beau sourire. Il fait mine de replonger dans sa lecture alors je m'approche pour poser ma tête contre son épaule.

- Ça parle de quoi ?

- T'as rien d'autre à faire ?

Je secoue la tête.

- Jungkook n'est pas là ! suppose-t-il comme un constat.

Je re-secoue la tête en ajoutant ma mine de chien battu.

- Et tu t'ennuie ...

J'acquiesce.

- Et donc tu viens m'embêter.

- Non ! Je voulais juste prendre cinq minutes de ton temps. Je dois filer le rejoindre sur son shooting photos et comme tu es toujours plus occupé que les autres ...

- OK ... viens là, ouvre-t-il ses bras pour que je m'y blottisse.

Je cale ma tête contre sa poitrine, il reprend sa lecture tout en me caressant les cheveux tendrement. Le temps semble s'être suspendu et le renflement de sa respiration me berce. Puis mes yeux captent une phrase sans ambiguïté. Le protagoniste, de son roman, saisit les hanches de sa partenaire et la pénètre violemment pour l'entendre crier son nom ...

Je me redresse précipitamment, les yeux écarquillés de stupeur. Je dévisage celui que je considérai comme le sage de cette maison.

- Tu lis des romans porno ?

- Quoi ? Mais non, s'égosille-t-il.

- Nam ... je viens de lire une phrase qui suggère que le type pénètre sa copine à grand coup de rein.

- Mais qu'est-ce que tu dis ? C'est un roman policier. Le flic saisit violemment l'espionne pour la faire entrer dans une cellule.

J'attrape le livre pour relire le passage et je crois devenir rouge de honte. Dans une même phrase, les mots hanche, pénétrer, violemment et crier ont eu raison de moi. Je lui tends l'ouvrage et cache mon visage cramoisi dans mes mains. Il éclate d'un rire fort et me pince la joue.

- Babe ? Si je peux te donner un conseil ... trouve-toi un homme et amuse-toi un peu. Le trop plein de frustration sexuelle pourrait finir par te nuire.

Je sens qu'il se redresse et s'éloigne mais malgré lui, il ne peut retenir un nouveau fou rire en gravissant l'escalier. J'entends la porte de sa chambre se refermer et me décide à sortir de mon trou de souris. Désormais seule dans la pièce, je laisse échapper le souffle trop longtemps retenu dans mes poumons. Merde ... comment ai-je pu me ridiculiser ainsi ? Et s'il le racontait au autre ? Non ... Namjoon est un homme trop intègre pour se jouer de moi ! Enfin je l'espère ...

Je gare ma moto dans les sous-sols d'un building immense. Un peu plus loin, je reconnais celle de Jungkook. Dieu sait qu'il est parfois puéril mais quand il s'agit du taf, il est toujours sérieux et ponctuel. J'avance vers l'ascenseur et le commande de m'amener au dernier étage de cet immeuble. L'ascension me parait interminable et les voyageurs ressemblent tous à des zombies. Des mines blafardes, des costumes sombres, des attaché-case en cuir noir pour la plupart. Même les femmes qui empruntent la cage métallique semblent préoccupées, les traits tirés et la mine morose. La sonnerie m'indique que je suis arrivée à destination. Je longe un long couloir pour me présenter devant la porte d'un studio. Je frappe mais personne ne répond, j'entre et découvre un fourmillement d'employés pressés et d'assistante débordées. Je cherche du regard celui que je suis venu voir mais aucune trace de JK. Je déambule entre les projecteurs et tout le matériel entreposé et finit par intercepter une jeune femme à l'allure d'une gamine paumée.