Ch. 47 : Babe

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"Salut Babe"

Les mots résonnent dans le noir, ils tranchent et percutent avant de me transpercer le cœur. La douleur qui sommeille, étouffée par mon obstination, s'éveille comme une rose qui éclot. Mais sa tige s'enroulent à l'organe, elle le comprime jusqu'à suffocation, les épines se plantent pour le saigner et ne plus jamais le laisser en paix. Stoïque, presque inerte au milieu de cette ruelle déserte, j'analyse la situation. Mon cerveau étudie les éléments qui l'entourent, l'odeur de cette cigarette consommée, de ce parfum familier et cette voix autrefois si douce à mon oreille ...

- Comment m'as tu trouvé ?

- Est-ce si important ? Ne préfères-tu pas savoir pourquoi ?

Je l'entends s'approcher, je garde les yeux rivés au sol comme dans un cauchemar où j'aurai peur de découvrir qu'il n'est finalement pas là. Durant toutes ces nuits où j'ai rêvé qu'il me ramenait, réveillée en sursaut au milieu de mon lit, seule et loin de lui. Désespérée de ne plus le voir, de ne plus le toucher ou l'embrasser. Je pleurais et me rendormais pour le retrouver au détour d'un nouveau songe parfois plus doux et d'autre fois funeste.

- C'est donc toi qui as interrogé ma collègue ?

- Ne veux-tu pas entendre la raison de ma venue ? insiste-t-il.

Je sais qu'il est à un pas de moi, malgré l'obscurité, je sens sa présence toute proche, il me suffirait de tendre le bras pour le toucher mais mes doigts restent agrippés à la toile de mon sac.

- Et depuis quand fumes-tu ?

- Putain Babe ...

- Ça suffit ! criais-je la tête obstinément baissée. Ici Babe n'existe pas, ajoutais-je la voix brisée par l'émotion.

- Peu importe où tu te trouves ... pour moi tu restes Babe.

- Tu as tord. Je ne suis plus celle que tu as rencontré sur cette plage. Je n'ai plus l'intention de me laisser guider par mes sentiments. Aujourd'hui ... j'ai trouvé mon indépendance ...

- Alors c'est pour cette raison que tu t'es sauvée ? demande-t-il le ton plus froid.

Je relève les yeux sur lui pour le découvrir très près, trop proche de moi.

- Je n'ai pas fui. Je vous ai rendu service en m'éloignant de vous.

- Qu'est-ce que tu racontes !

- Je n'ai fait que semer le trouble dans le groupe. J'ai fait de la peine à trop de personne. Je ne pouvais pas continuer à vous tourmenter.

- Ouah ! En vrai t'es une sainte. On aurait dû te remercier ! répond-il sarcastique.

Son ton m'exaspère, je le contourne pour m'éloigner mais il me retient par le bras et ce premier contacte provoque une onde électrisante dans tout mon être.

- Babe ... je t'ai cherché durant près de deux ans. Tu pourrais au moins m'écouter ...

- ...

- Quand Woosung nous a informé de ton départ. Qu'il a découvert ton téléphone ... on a d'abord été soulagé de comprendre qu'il ne t'était rien arrivé mais dès lors qu'on a réalisé que tu nous avais abandonné ...

Ses doigts se resserrent sur mon bras et je sens toute son émotion me parcourir.

- ... quand j'ai compris que peut-être je ne te reverrai plus ...

Je décide de ne pas écouter la suite de ses lamentations et me dégage précipitamment de cette main qui ne m'avait pas lâché. Le jour pointe à l'horizon et désormais ses traits sont plus nets et le voile qui obscurcit ses beaux yeux me tord le ventre mais il doit aussi prendre ses responsabilités.

I got you BabeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant