Ch. 51 : La torture

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J'étais rentrée seule à l'appartement, laissant les deux hommes dans ce bureau devenu trop exigu pour que j'y respire sereinement. J'avais, en partant, averti Margaux que son bel inconnu n'était autre que le Jungkook dont elle entendait parler depuis deux ans et elle m'avait contraint de la laisser fermer à ma place, comprenant surement combien mon cœur saignait. Un peu perturbée par tous les événements qui s'enchaînaient depuis la veille, je ne m'étais pas fait prier.

La nuit avait été agitée, entrecoupée de cauchemars et de réveils en sursaut, j'avais fini par me relever pour zapper sur les chaines de la télévision et me rendormir sur le divan. Enroulée dans un plaid duveteux, un bruit de casserole m'exhorte de mon sommeil. Surprise, je m'éveille brutalement et tombe du canapé. Je râle après celui qui m'oblige à affronter cette réalité trop difficile à gérer.

- Lève-toi feignasse, gronde Thomas de la cuisine.

J'émets un geignement proche du croassement d'un corbeau enroué et me redresse les cheveux en bataille. Je me traîne jusqu'à l'odeur du fumet qui émane d'une casserole sur le feu pour reconnaître l'odeur du lait qui boue.

- Tu vas manger un morceau et filer te préparer, m'informe-t-il comme une directive non négociable.

- Je bosse pas aujourd'hui ...

- Je sais mais Jungkook passe te chercher dans deux heures. Ça te laisse le temps de te remplir la panse et de filer sous la douche !

Ahurie par son discours, je le dévisage.

- Bah quoi ?

- Depuis quand es-tu dans les confidence de JK ?

- Depuis qu'on a discuté hier soir après ton départ. Ce type est raide dingue de toi.

- Dois-je te rappeler qu'il vit de l'autre côté du globe ? répondis-je en piquant un gressin au sésame.

- C'est votre date anniversaire aujourd'hui ! Tu dois le suivre et l'écouter ... et arrête de grignoter ou tu ne mangeras rien ! s'énerve-t-il en m'arrachant le biscuit salé des mains.

Je souffle agacée de le voir s'immiscer dans ma vie et saisit l'occasion pour lui rendre la pareille.

- Et avec Greg ? Vous vous êtes réconciliés ?

- Occupe-toi de tes affaires de cœur avant de venir mettre le nez dans les miennes !

Je saute du tabouret pour me retirer dans ma chambre alors que mon ami me crie de revenir me mettre à table. Je ris de le voir impliqué ainsi mais j'ai besoin d'une bonne douche pour me remettre les idées en place.

Lorsque je sors enfin de la salle de bain, j'ai enfilé une tenue décontractée et le regard courroucé de Thomas m'indique qu'il ne valide pas mon choix.

- C'est quoi ce truc informe ?

- Ça ? demandais-je en tirant sur le pull orange beaucoup trop grand pour moi. C'est le prémisse d'une réconciliation ... avouais-je timidement.

Je retourne à la cuisine et l'informe que mon estomac crie famine. Il réchauffe au micro-onde mon assiette et la dépose devant moi avant de m'embrasser le front comme un grand frère protecteur.

- J'espère que ce qu'il y a dessous est plus aguichant, ne peut-il s'empêcher d'ajouter.

Je souris en imaginant la tête de Jungkook quand il découvrira la dentelle soigneusement choisie pour l'occasion puisque j'avais reçu un message de sa part m'invitant à prendre une petite valise pour la nuit.

Je termine mon encas quand le bruit strident de la sonnette retentit dans l'appartement. Je réalise qu'il est déjà l'heure, j'attrape le petit sac préparé à la hâte et fait signe à Thomas qu'il est temps que je me sauve. Accroché à son téléphone, il m'envoie un baiser et je ferme la porte avant de dévaler les escaliers trop pressée pour attendre l'ascenseur. J'ouvre un peu brutalement la porte cochère et découvre Jungkook adossé à une cylindrée de toute beauté. Son corps athlétique est moulé dans un équipement de cuir noir qui souligne ses cuisses fermes et ses épaules larges. Mon cœur rate un battement en l'apercevant ainsi, plus dangereusement beau et diablement sexy que jamais, je fonds littéralement devant lui. Sa visière relevée, je devine son sourire amusé et grimace de me laisser décrypter si facilement. J'entends son rire étouffé dans la coque et lui offre mon majeur en l'honneur de cette journée spéciale. Il me tend un casque, je m'en saisis et, comme une vieille coutume, il m'attire à lui pour sceller la gâche de sécurité lui-même. Installée derrière lui, il enroule mes mains à sa taille et démarre le bolide qui nous emmène en dehors de la capitale. Je me laisse entraîner sans regarder la route, je ne fais pas attention aux panneaux, ni même à son allure, je profite de cet instant où il n'existe que nous. Il active le haut-parleur de nos casques et me demande si le choix de ma tenue avait été scrupuleusement étudié. Je lui réponds que c'est une manière de lui rappeler combien il a mauvais goût et le son de son rire résonne à mes oreilles comme le chant mélodieux d'une mésange au petit matin, doux et cristallin ...

I got you BabeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant