I got you Babe

Ch. 31 : Sous la menace

Les fesses au sol, j'accuse le coup ... Merde ! J'ai eu la trouille de ma vie. Ses yeux perçants me fixent, je me redresse pour ouvrir la baie vitrée.

- Mais qu'est-ce que tu fais là ? attirais-je la boule de poil vers l'intérieur.

Il miaule en s'approchant méfiant de moi. Je lui tends ma main, il n'est qu'à quelques centimètres mais n'ose s'aventurer davantage. Son pelage gris clair et ses yeux verts me fascinent. Appartient-il à un voisin ? Les garçons m'en voudraient-ils d'adopter ce chat sans leur consentement ? Tout un tas de questions qui se bousculent alors que le chaton n'a pas encore passé la barrière de cette vitre. Sans le quitter des yeux, je me dirige à la cuisine pour tenter de trouver un bout de jambon à lui proposer. Je reviens vers lui et l'odeur de la charcuterie rose attise son intérêt. Assise par terre, j'essaie de l'attirer à moi en l'amadouant. Il me tourne autour et finit par se frotter à mes cuisses. Il me laisse le caresser et la douceur de son poil est aussi agréable sous mes doigts que son ronronnement à mon oreille. Il s'adonne à une sorte de rituel, mélange de courtisanerie et de flatterie, avant de dérober la petite pastille rose dans ma main. Il s'éloigne pour se cacher sous un meuble et dévorer l'appendice chipée. J'entends les coups de langues et je l'observe sans le déranger. Il termine son festin et tente sa chance une nouvelle fois. Il revient vers moi et reprend sa parade de courbettes pour me séduire. Je me relève, il plaque son nez au sol et me regarde prendre la direction du frigo. Je dépose le paquet de charcuterie sur le plan de travail, il capte immédiatement l'odeur de la friandise et déboule d'un seul bond à côté de moi. Je découpe une tranche en fin morceaux que je lui dispose dans une assiette et le chaton plonge le museau dans la gamelle pour se délecter en ronronnant plus fort encore. Occupé à vider le contenu de la faïence blanche, il me laisse le caresser tout mon saoul et j'en profite pour vérifier s'il possède un collier. Je ne trouve rien sous le pelage touffu et décide de l'abriter pour la nuit.

- Je vais te garder avec moi ce soir et demain nous essaierons de t'emmener chez un vétérinaire pour vérifier si tu es pucé.

L'animal semble acquiescer ce que je lui dis alors que la tranche de jambon a littéralement disparue. Je le porte pour le caler contre moi. Suffisamment confiant, il se laisse faire. Je m'assieds dans le canapé et mon nouveau compagnon se blotti sur mes cuisses pour une séance de caresses. Le son sourd et continue qu'émet ce petit être est un baume apaisant pour moi qui commençais à trouver le temps long. J'entends la sonnerie de mon téléphone, je plonge la main dans ma poche mais je réalise que je l'ai oublié dans ma chambre. Je dépose l'animal endormi sur le velours beige pour monter récupérer l'appareil mais un bruit dans mon dos m'oblige à me retourner. La baie qui donne sur le jardin est grande ouverte et dans son encadrement se dessine la silhouette imposante d'un homme. Tétanisée, les battements de mon cœur s'accélèrent quand je réalise qu'il est en face de moi. Dans la pénombre, je devine son sourire et ses yeux luisent d'une lueur macabre. Le silence pesant ne réveille pas le chaton mais il m'oppresse d'une angoisse naissante. Face à moi, Ji-ho ne bouge pas. Il semble attendre que je parle la première mais les mots restent bloqués dans ma gorge. Il finit par briser ce calme inquiétant.

- Bonjour T/P ...

- Qu'est-ce que tu fais ici ? réussis-je à articuler.

- J'ai enfin retrouvé ta trace. Je voulais te rendre une petite visite mais tu n'étais jamais seule. On dirait que ma chance a tourné, sourit-il.

- Tu n'as rien à faire dans cette maison. Je te demande de sortir, répondis-je calmement.

- Voyons ... est-ce la manière la plus courtoise de recevoir un ami que tu n'as pas revu depuis si longtemps ?

- Ji-ho ... nous ne sommes pas amis. Je te prie de bien vouloir quitter les lieux et je te promets que tu ne seras pas inquiété, lui assurais-je.

Je perçois son rire nasillard dans la pièce sombre.