I got you Babe

Ch. 18 : Mauvais coups

La pluie battante frappe les carreaux et le flux dans mes veines martèle à mes tympans. Je m'assieds difficilement dans mon lit, la tête entre mes mains, des flashs de la veille me reviennent. La partie de poker, notre fuite, notre proximité dans cette ruelle sombre et je me rappelle avoir vomi mes tripes sur le sol puis le néant ...

Je glisse sous la douche quand j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir à la volée. Je sais que c'est lui alors à travers les vitres opaques je lui signale où je suis. Il entrouvre le panneau de la salle de bain mais déjà une buée dense envahie l'espace.

- Babe ? T'es là ? résonne sa voix comme un écho dans ma tête.

- Qui veux-tu qui soit sous la douche ? m'agaçais-je.

- Tu es seule ?

- T'es sérieux ?

- ...

Surpris par mon ton, il ne répond pas mais je l'entends souffler d'exaspération.

- Qu'est-ce qui justifie ta présence ici ? lui demandais-je toujours énervée.

- Depuis quand ai-je besoin d'un prétexte pour te voir ?

C'est plus fort que moi ! J'ouvre, en couvrant ma nudité, la paroi vitrée pour le fusiller du regard.

- J'espère que tu plaisantes ?

Il s'approche pour river ses yeux aux miens mais je ne décolère pas. Malgré la simple vitre qui me sépare de lui, je fulmine de son assurance mal placée.

- JK ? Dis-moi que tu te moques de moi ?

Je crois voir le mouvement lent de sa pomme d'Adam, il déglutie péniblement avant de me presser de sortir de cette douche.

- Je prendrai le temps qu'il me faut ! claquais-je la porte vitrée sous son nez.

- Si tu n'es pas dans la salle de sport dans moins de vingt minutes ... je viens te sortir moi-même !

- Essaie !

- Ne me tente pas Babe, crie-t-il avant de fermer violemment la porte de ma chambre.

Il s'est passé exactement vingt-cinq minutes quand j'entre dans le gymnase. Il sait que je suis là pourtant il m'évite, il focalise son attention sur le sac de frappe alors que je m'approche pour déposer mes affaires sur le banc. Je m'assieds et commence à bander mes mains, je m'y prends mal, je recommence et il s'impatiente. Il s'approche pour appliquer les bandes lui-même. Je le laisse faire mais je sens qu'il passe ses nerfs sur mes mains. Le bandage est trop serré. Je devrai lui dire mais à coup sûr il m'enverra paître. J'enfile mes gants, je tire sur le scratch du second avec mes dents et à nouveau Jungkook vient à mon secoure. Ses yeux sont voilés d'une colère intense, je voudrai le soulager de cette peine mais je couve la même hargne à son égard. Presque religieusement, nous montons sur le ring, nous empruntons un angle opposé pour nous rejoindre au centre. J'arme ma garde et il lance les hostilités.

- Lève les poings ! m'ordonne-t-il.

- T'occupe pas de moi et approche !

Je reçois un coup dans la hanche, je rage contre mon manque de réparti. J'encaisse, j'avance sur lui mais je prends une frappe dans la tempe. Il m'a à peine touché mais mon mal de tête se réveille. Je souffle et reprend ma position.

- Monte ta garde ! rage-t-il.

- Je t'ai dit de me foutre la paix ! Je n'ai pas besoin de tes conseils !

- Pourtant face au type de l'autre fois, crache-t-il véhément, tu donnais pas l'impression de savoir te défendre ...

Il me provoque et je sens une bile acide brûler ma trachée, mélange de colère et de décuvage, je me rue sur lui et lui assène une série de coups violents. Je ne contiens plus ma frustration et je le vois se débattre à travers mes larmes. Il me hurle des directives que je n'entends plus, une série de mots qui filent entre ses lèvres mais qui ne m'atteignent pas puis une douleur sur l'arrête du nez et je tombe sur le tapis de boxe. Un goutte à goutte rouge tâche la surface beige et je réalise que je saigne. Jungkook s'avance pour constater les dégâts mais je le repousse violemment. Je m'empresse de descendre pour retirer mes gants et attraper ma serviette.