𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 70 - 𝒍𝒂 𝒎𝒐𝒓𝒕 𝒆𝒏 𝒇𝒂𝒄𝒆 -

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tw : mort

kaila

- Kaila, ma fille, veux-tu voir ton père ? Je sais que c'est compliqué, mais je suis sûre qu'il sera heureux de te voir , déclare ma mère.

Je prends un instant pour peser le pour et le contre dans le silence de mon esprit, avant de céder finalement à la proposition qui m'est faite. Main dans la main avec Diavolo, nous quittons le confort du canapé et suivons ma mère, qui s'avance avec détermination vers la chambre de mon père.

Lorsque la porte s'ouvre, un lit s'étend devant moi. Ce n'est pas un lit ordinaire ; c'est un lit d'hôpital, symbole impassible des souffrances passées et présentes. À mesure que je m'approche, mon regard se pose sur mon père. Les ravages du temps et de la maladie l'ont brutalement atteint, mais malgré tout cela, je reconnais cet homme entre mille. Malgré la rancœur et la douleur que son passé m'a infligées, il demeure mon père, et cela, pour l'éternité.

Alors que je m'approche de son corps affaibli, la vérité des blessures s'impose à moi avec une intensité poignante. Mon père est accablé par la sous-nutrition, enchevêtré dans un réseau de câbles, prisonnier de machines qui respirent à sa place.

Ma mère s'avance vers lui, prenant sa main avec une douceur infinie, espérant le ramener à nous. Petit à petit, il ouvre les yeux, cherchant à s'orienter dans ce monde trouble. Lorsqu'il croise mon regard, un frisson d'intensité passe entre nous, un instant suspendu dans le temps.

— C'est notre fille, regarde chérie, elle est enfin revenue à la maison après tout ce temps.

— Maman m'a tout raconté, papa. Je vais vous aider, je vais être là pour vous, dis-je, une larme solitaire coulant sur ma joue, ce qui incite Diavolo à caresser mon dos avec sa douce main rassurante.

Mon père se met à verser des larmes. C'est la première fois, dans ma vie, que je suis témoin de cette vulnérabilité tendre. Il ouvre les bras en quête d'un câlin, et, instinctivement, je me détourne de la main de Diavolo pour trouver refuge dans son étreinte. Mon père, avec une douceur infinie, m'abreuve de mots délicats, alors que je cède enfin à cette vague d'émotions. Je laisse aller les tensions accumulées, me libérant du poids du monde. Je lâche enfin prise.

— Je t'aime tellement, papa, dis-je en pleurant sur son épaule pendant qu'il embrasse mon front avec tendresse.

C'est le silence lourd qui précède l'ouragan. À mesure que les secondes s'égrènent, je remarque avec une inquiétude croissante que la respiration de mon père est devenue lente, presque irrégulière. Comme un instinct irrésistible, je me lève, et ce que je découvre me foudroie : la mort danse dans ses yeux. Il est figé, piégé dans l'étreinte féroce d'une crise cardiaque. La voix de ma mère s'élève, désespérée, appelant son époux comme si ses mots pouvaient le tirer de cet abîme sans retour. Mais lui, immobile, fixe le plafond d'un regard vide, son corps abandonné à un sort tragique.

Je suis assaillie par un vertige insupportable, mes jambes fléchissent et je cherche désespérément un soutien, lorsque je me heurte à Diavolo. Les larmes dévalent mes joues tandis que je me tourne vers lui, implorante. Dans un geste réconfortant, il m'enveloppe de ses bras, murmurant des paroles que je n'avais jamais imaginé entendre dans un tel désastre : « Ça va aller. »

Le diable et son histoire ( tome 2 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant