Le diable et son histoire ( tome 2 )

𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 56 - 𝒓𝒆𝒗𝒆𝒊𝒍𝒍𝒆 -

Diavolo

À peine mes paupières s'ouvrent sur la lumière douce du matin, je réalise que je suis étendu sur le sofa de notre modeste salon. Une lourde ivresse me saisit, et je cligne des yeux, luttant contre ce brouillard persistant. C'est alors que je découvre Kaila, blottie contre moi, mes bras l'enveloppant délicatement, tandis que sa tête repose sereinement sur mon torse. Une douce agitation naît dans mon ventre, comme une danse légère de papillons. À la vue de Kaila, si paisible, allongée sur moi, je sens mon cœur s'emballer, prêt à déborder d'une tendresse inexprimable.

Avec une précaution infinie, je me dégage du canapé, veillant à ne pas troubler son sommeil, la laissant à la merci des rêves. Sans même prendre le temps d'un café réconfortant ou d'un modeste petit-déjeuner, je me dirige vers le vaste salon, l'espoir de croiser Milena en tête. Descendant l'escalier avec une hâte feutrée, je pénètre dans la pièce tant convoitée, mais ma sœur semble s'être volatilisée. Sans hésitation, je bifurque vers le second escalier, l'impatience me propulsant en avant.

Arrivé au sommet, je frappe doucement à la porte de la chambre où Klem et Milena se sont installés. Lorsque la porte s'ouvre, je découvre non pas Milena, mais Klem, qui me toise de son regard habitué à l'interruption matinale.

— Bonjour Diavolo, que veux-tu ? demande-t-il, gonflé par ma présence et visiblement sa gueule de bois.

— Salut, est-ce que Milena est là ? Je dois lui parler en privé, dis-je en essayant de regarder par-dessus l'épaule de Diavolo pour voir si Milena est derrière.

— Milena, Diavolo veut te voir ! hurle Klem en tournant la tête pour regarder sa bien-aimée qui est allongée dans le lit en train de déjeuner.

— Je t'attends dehors, au bord de la piscine, hurle-je à mon tour.

Après avoir refermé la porte dans un léger souffle, Klem m'emmène dans l'espace vaste et accueillant de la cuisine. Là, je me mets à l'œuvre pour préparer deux tasses de café, l'arôme enivrant s'élevant délicieusement dans l'air. Une fois les breuvages prêts, j'en saisis un dans chaque main et me dirige vers les transats, placés avec grâce au bord de la piscine. Je dépose les tasses sur la petite table à mes côtés, l'impatience d'attendre Milena me tenant en haleine. C'est alors qu'elle arrive, encore enveloppée dans la douceur de son pyjama, et vient s'installer sur un transat tout proche, prête à partager ce moment paisible.

— Ce matin, lorsque je me suis réveillé, j'ai ressenti quelque chose de fort, encore plus fort que ce que j'ai ressenti pour Carolina, et je ne sais pas comment gérer ça. Tout me prouve que notre amour avec Kaila est impossible, pourtant j'ai envie d'y croire et de le vivre à fond, déclare-je en mettant mes mains sur mon visage, complètement perdu.

— Pourquoi est-ce que tu ne laisses pas simplement les choses se passer comme elles devraient se passer ? Accepte ton deuil et passe à autre chose, Diavolo. Tu as une femme qui, je pense, ferait tout pour voir un sourire sur ton visage et qui t'attend. Alors, laisse les choses se faire et laisse ton cœur, pour une fois, décider de ta vie, explique Milena en me regardant droit dans les yeux.

C'est à ce moment précis que la révélation se produit. Les mots de ma sœur résonnent en moi comme une clé qui déverrouille les ardeurs de mon cœur, me délivrant enfin des entraves de ce mental omniprésent qui cherche à tout maîtriser. Je ressens une transformation profonde, comme si, pour la première fois, j'étais un homme authentique, dépouillé de mes démons intérieurs.