𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 9 - 𝐨𝐛𝐣𝐞𝐜𝐭𝐢𝐟 -

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Kaila

Dans le reflet du miroir, mes gestes étaient minutieux et précis alors que je dissimulais habilement les stigmates de la nuit précédente. Mon visage, sculpté dans une expression impénétrable, cachait habilement la douleur et les remords qui me consumaient en silence.

Optant pour des teintes sobres et raffinées, je sublimais ma peau d'un léger voile de fond de teint, rehaussais mes pommettes d'une touche de blush délicate, soulignais mon regard d'un trait d'eye-liner fin et ourlais mes lèvres d'un rouge nude, synonyme d'élégance intemporelle.

Le résultat final était un maquillage sans fausse note, un masque d'irréprochabilité masquant avec brio les stigmates de la souffrance et de l'épuisement. Contemplant mon image dans le miroir, je me sentais à la fois étrangère et familière à moi-même.

Dégageant une aura de résolution inflexible, j'abandonnai la pièce pour retrouver Diavolo, enfouissant au plus profond de moi les malaises de la nuit passée. L'avenir demeurait incertain, mais je comptais défier les circonstances avec bravoure et dignité.

Silencieusement, je me dirigeai vers la cafetière, l'esprit encore voilé par les abîmes du sommeil. L'arôme enivrant du café fraîchement moulu emplit la pièce, me ramenant brusquement à la réalité. Après avoir ajouté l'eau nécessaire, dosé le café avec soin et enclenché la machine, je me laissai bercer par le ronronnement apaisant de l'appareil pendant quelques instants de quiétude matinale.

Pendant ce temps, Diavolo s'activait déjà aux fourneaux, préparant des pancakes avec une précision et une fluidité déconcertante. Les ingrédients se mélangeaient dans un ballet harmonieux avant qu'il ne dépose des ronds de pâte dorée dans la poêle frémissante, attendant patiemment que de petites bulles apparaissent à la surface pour les retourner d'un geste assuré. L'odeur alléchante des pancakes tout juste cuisinés embaumait la pièce, éveillant mes papilles endormies.

Alors qu'il dégustait un second pancake, Diavolo posa sur moi un regard empreint d'hésitation, comme en proie à une question muette.

-Bonjour Kaila, cette nuit j'ai réfléchi et je pense que ce serait une bonne idée que je renoue les liens avec ma sœur. Tu penses que c'est une bonne idée ? me demanda-t-il.

Alors que je savourais une gorgée de ce délicieux breuvage, mon cœur s'emballait dans ma poitrine. La question lancinante de Milena planait au-dessus de nous depuis trop longtemps, obscurcissant notre relation telle une sinistre ombre.

-Je sais pas, je n'ai jamais eu de frère ou de sœur alors je ne sais pas si c'est possible de renouer ce style de lien, dis-je d'une voix tremblante.

-Je pense qu'il faut prévoir un après-midi juste tous les deux pour qu'on discute de notre séparation forcée par nos parents, s'exclama Diavolo avec enthousiasme.

Dans un ultime geste de frustration, je vidai d'un trait le contenu résiduel de ma tasse de café. La colère, telle une marée impétueuse, semblait prête à m'engloutir tout entier.

-Je dois te le dire franchement Diavolo, je n'en ai absolument rien à foutre de tes histoires avec Milena, que ce soit elle ou toi, donc si tu pouvais fermer ta gueule ou juste l'ouvrir pour dire des choses importantes, je t'en remerci, dis-je sèchement avant de déposer ma tasse dans l'évier et de quitter la cuisine.

Je m'engouffrai prestement dans ma chambre, faisant résonner le claquement sec de la porte derrière moi. Le silence qui m'accueillit sembla soudain prendre vie, devenant un miroir de la solitude qui tentait de s'insinuer en moi.

Après avoir trébuché maladroitement sur une paire de chaussures égarées, j'eus la chance de me rattraper in extremis à mon lit pour éviter une chute imminente. Une fois sur mes pieds, la vision du chaos qui régnait dans la pièce me frappa : vêtements en désordre, livres poussiéreux empilés, objets personnels éparpillés... Le désordre était roi, et je savais qu'il me faudrait ranger, même si l'énergie me manquait cruellement.

Le volet hermétiquement fermé m'empêchant de laisser entrer la lumière du jour, je décidai éteindre la lumière tamisée de ma lampe et de me laisser choir sur le lit. Tout en laissant mes doigts errer du bout de mon téléphone, je me laissai bercer par les mélodies mélancoliques de ma playlist de musique triste.

Les notes poignantes et les paroles empreintes de douleur semblaient résonner en délicates harmonies avec mes propres tourments. En chuchotant les paroles, je me laissai emporter par la vague d'émotions dévorantes qui m'assaillait.

Dans cet instant de solitude profonde, la musique semblait être le seul refuge capable de comprendre ma souffrance, de la sublimer et de l'apaiser. Comme si les mélodies et les paroles savaient exprimer ce que mon cœur était incapable d'exprimer.

Alors que les mélodies mélancoliques emplissaient la pièce d'une tristesse poignante, une douce fatigue s'empara de moi. Mes paupières alourdies se fermaient lentement, et je sentais mon corps se détendre entièrement sur le lit moelleux.

Un voile de sommeil engourdissait peu à peu mes pensées tourmentées, écartant lentement les soucis qui me hantaient. La musique semblait s'éloigner, devenant un murmure lointain dans le vent, m'invitant à me laisser aller à la douce et rassurante sensation du sommeil.

Dans mon rêve, je me trouvais dans un havre de paix, où la douleur et la tristesse n'avaient pas leur place. Les rayons dorés du soleil caressaient tendrement mon visage, tandis qu'une brise légère faisait voleter mes cheveux.

Je me sentais enveloppée d'une douceur protectrice, comme si un ange veillait sur mon repos. Enfin, je pouvais me détendre, me laisser aller et oublier les tourments qui m'avaient tourmentée.

Le diable et son histoire ( tome 2 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant