𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 7 - 𝐟𝐚𝐧𝐭𝐨𝐦𝐞 -

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tw : dépression

Diavolo

Les rayons du soleil matinal dansaient gracieusement dans la pièce, enveloppant chaque recoin d'une douce chaleur. Après une journée passée cloîtrée, j'ai enfin décidé de me rendre dans le grand salon. En chemin, j'ai croisé Klem, son visage éclairé par un sourire radieux mais ses yeux reflétaient une certaine inquiétude.

-Salut ? Ça va ? demanda-t-il.

-Oui, et toi ? répondis-je schématiquement.

-Oui, tu sais où est passée Kaila ?

-Je pensais qu'elle était dans sa chambre. Elle n'est pas sortie depuis un jour, comme moi, dis-je en me grattant l'arrière de la tête.

Klem pivota vivement, ses yeux empreints soudain d'une inquiétude palpable.

-J'espère qu'elle n'a pas rechuté, articula-t-il avant de se précipiter vers le jardin pour rejoindre Milena.

Sans poser de plus amples questions, je me suis dirigé silencieusement vers la cuisine afin de me préparer un café. Le doux ronronnement de la cafetière m'a enveloppé dans une bulle apaisante, mais les paroles de Klem résonnaient encore et toujours dans mon esprit, comme le refrain d'une chanson lancinante.

Je n'avais pas besoin de chercher des réponses, car au fond de moi-même, je savais déjà la vérité. Kaila et moi étions tous deux en proie à une profonde souffrance, étreints par la solitude et le mal-être qui nous consumaient de l'intérieur, nous privant de la lumière et de la joie qui auraient dû illuminer nos existences.

Cinq jours avaient passé depuis que Kaila s'était enfermée dans sa chambre, semblant se dissoudre peu à peu dans l'obscurité qui l'entourait. Seul le bruit monotone du bol de céréales matinal avait ajouté une fragile note de présence à son absence grandissante.

Les traces laissées derrière elle - des marques de sang sur ses bras, un tee-shirt taché, les cernes de nuits sans sommeil - étaient autant de signaux d'alerte que je refusais de voir, engourdi par la peur du conflit qui me maintenait complice de son silence.

Ce jour-là, Kaila déambulait dans l'appartement tel un spectre, une silhouette perdue dans un univers parallèle. Son regard vide, ses gestes mécaniques, tout en elle exprimait la douleur et l'isolement.

Chaque jour, elle suivait le même chemin, une trajectoire tracée dans le silence, vers une destination inconnue. La porte de sa chambre se refermait, me laissant à l'écart du monde, impuissante à percer le secret qui se dissimulait derrière son errance.

La culpabilité me rongeait. Témoin de sa souffrance, je percevais les signes de son mal-être, mais restais figée, incapable d'agir. La peur me retenait prisonnière, m'empêchant de lui tendre la main.

Deux jours s'étaient écoulés depuis que Kaila s'était repliée dans sa chambre. Son silence oppressant et son absence à la table du petit-déjeuner éveillaient l'alarme d'une détresse profonde. L'angoisse étreignait ma gorge, m'incitant à agir, à briser le mur de son isolement.

Je m'avançai lentement vers sa porte, mon cœur battant la chamade. Un frisson courut le long de mon échine, la peur de ce que je pourrais découvrir derrière cette porte close. Sans hésiter, je tournai la poignée, m'enfonçant dans l'inconnu.

Kaila reposait dans son lit, une image de souffrance et de désespoir. Sa peau d'une pâleur fantomatique était affaissée sur ses os, son visage marqué par la faim et la tristesse. Le désespoir m'envahit, et sans réfléchir, je me précipitai vers elle, fol espoir de la secourir.

Je commençai à pratiquer un massage cardiaque, mes mains tremblantes exerçant une pression sur sa poitrine inerte. Et alors, un miracle se produisit : Kaila ouvrit les yeux, un cri de colère mêlé de peur s'échappant de ses lèvres.

-Mais t'es complètement tarée, tu fais quoi ? sale pervers hurle-t-elle, accusant mon geste de perversion.

Je suis bouleversée, les mots me manquent. Mes yeux s'emplissent de larmes, ma voix se brise sous le poids de la déception.

Malgré mes espoirs, ma tentative s'est soldée par un échec cuisant. La colère de Kaila m'a atteinte, mais c'est sa douleur qui a profondément touché mon âme.

Alors que mes larmes coulent, Kaila pose délicatement sa main sur mon dos, un geste empli de compassion. Son geste est empreint de tendresse, un réconfort inattendu. Cependant, je repousse brusquement son contact, incapable d'accepter sa sollicitude.

Les sanglots m'étreignent, les mots peinent à franchir ma gorge contractée.

-Je... te... croyais... morte, dis-je entre deux pleurs.

La peur et l'angoisse s'emparent de mon être à la simple pensée de la perdre, dévoilant la profondeur de mes sentiments. Malgré sa voix douce et enchanteresse, Kaila tente de me réconforter, son amour irradiant de chaque mot prononcé.

-Tu n'as pas besoin de moi pour vivre, Diavolo. Ce n'est pas grave si j'étais morte.

Son sourire en demi-teinte, empreint d'amertume, s'accompagne de paroles cinglantes. Mes larmes coulent en abondance, submergée par une angoisse lancinante. Les mots de Kaila, aussi blessants soient-ils, viennent attiser le brasier de ma douleur. Le poids de la culpabilité écrase mon âme, l'idée que je suis responsable de son chagrin me broie le cœur.

-Si, c'est grave, même très grave, Kaila ! Toutes les personnes que je connais meurent. Ma mère, mon père, et jusqu'à il y a quelques semaines, je pensais que ma sœur, celle que j'aime le plus au monde, était morte. Alors oui, c'est grave si tu mourais sur ce matelas. Ça signifierait que j'ai une malédiction, que toutes les personnes que je connais finissent par disparaître, dis-je d'un souffle, la peur de la solitude me serrant la gorge.

Kaila plongea son regard dans le mien, ses prunelles écarquillées d'une surprise mêlée de crainte, une émotion nouvelle pour elle. Mon aveu, brut et empreint de sincérité, la toucha en plein cœur.

Puis, d'un geste impromptu, elle m'enlaça. Son étreinte était tendre, chaleureuse, un havre de paix dans la tourmente qui m'agitait. La chaleur de son corps me réconforta, apaisant les tremblements qui me secouaient. Son parfum enivrant m'enveloppa, me procurant un sentiment de sécurité profonde.

Nous restâmes ainsi, enlacés, dans un silence chargé d'émotions indicibles. Nos cœurs semblaient se confondre, partageant la douleur et la peur, mais aussi l'espoir et la résilience.

Dans ce moment de tendresse, nos âmes se rejoignaient, scellant un lien profond et indestructible. Un lien qui allait nous donner la force de surmonter toutes les tempêtes qui se dresseraient sur notre chemin.

Le diable et son histoire ( tome 2 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant