Ligne de Départ

Chapitre 1

Le bruit assourdissant des moteurs couvrait presque tout. Maxima Strake ajusta ses écouteurs pour se protéger les oreilles, puis releva ses lunettes de soleil sur son front, jetant un dernier regard sur la piste du Circuit de Monaco. Ses chaussures à talons aiguisés foulaient la zone de paddock, familière et hostile à la fois. Elle savait que plusieurs regards suivaient ses mouvements, certains curieux, d'autres franchement antipathiques. C'était là sa vie depuis ses débuts : personne ne l'aimait vraiment, mais tous la respectaient malgré eux. Elle était incisive, intrépide, et bien trop têtue pour se soucier de ce que pensaient les pilotes ou les autres journalistes de son franc-parler.Elle balaya les alentours du regard, repérant les équipes rassemblées autour de leurs voitures, des mécaniciens concentrés à affiner chaque détail avant les essais. Au loin, elle aperçut Lando Norris et Max Verstappen, plongés dans une discussion animée, l'air de deux hommes désinvoltes, bien qu'elle sache parfaitement que sur la piste, ils étaient impitoyables.Mais son regard se fixa sur Charles Leclerc, le pilote Ferrari au sourire charmant et aux yeux perçants, qui se tenait un peu à l'écart, les bras croisés, observant sa voiture avec une intensité calculée. Il avait cette allure calme et silencieuse qui masquait une volonté inébranlable, et Maxima ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de curiosité à son égard. Contrairement à d'autres, il ne l'avait jamais publiquement critiquée, bien qu'il n'ait jamais cherché non plus à la défendre.Avec une inspiration, elle s'approcha de lui, laissant le bruit ambiant assourdir ses pensées.

— Charles, dit-elle d'un ton qui ne laissait guère de place à la conversation légère, un mot pour Racing Insight ?

Il leva lentement les yeux vers elle, un éclair de surprise passant brièvement sur son visage. Puis, avec son sourire énigmatique, il répondit d'une voix douce mais teintée de défi.

— J'aurais cru que tu aurais plus de questions pour Max, ou peut-être Lando. D'habitude, tu aimes les bad boys, non ? De plus c'est eux les stars cette saisons. 

Elle esquissa un sourire, refusant de se laisser déstabiliser.

— Peut-être que je cherche quelque chose de différent cette fois. Après tout, les bad boys, comme tu dis, finissent toujours par se lasser de jouer à la même mélodie. J'ai besoin d'un nouveau son pour captiver mon public. Et tout le monde va vers les star de la saison, moi je vais vers ceux qui ont un talent qu'ils cachent.

Charles la fixa un instant, les yeux pétillants d'amusement, avant de répondre.

— Dans ce cas, je crains que tu sois déçue, Maxima. Je ne suis pas vraiment du genre à improviser pour le spectacle.

— Il est parfois bon de surprendre, non ? dit-elle, plissant les yeux.

Le silence s'installa entre eux, mais ce n'était pas le silence inconfortable qu'elle avait connu avec d'autres pilotes. Charles la scrutait comme s'il cherchait à percer le mystère derrière son regard tranchant et ses mots acérés. Elle sentait presque le poids de ses pensées, et pour une fois, elle n'avait pas l'impression d'être jugée.

— Alors, Charles, reprit-elle, peut-être es-tu prêt à prouver que Ferrari peut faire quelque chose d'imprévu, aujourd'hui ?

Il sourit légèrement, mais cette fois, son expression portait quelque chose de plus profond.