Chapitre 9

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La saison continua à défiler avec son rythme effréné de voyages, de week-ends de course et de nuits blanches à écrire des articles, mais quelque chose avait changé pour Maxima. Malgré ses précautions et ses réticences, elle trouvait peu à peu dans les échanges avec Charles un espace de sécurité, un point d'appui dans ce milieu aussi imprévisible qu'épuisant. Ils se parlaient plus souvent, pas forcément longtemps, mais leurs échanges prenaient un caractère plus personnel, plus authentique.


Un soir, après une journée intense de qualifications à Interlagos, elle reçut un message de Charles :


*« Ça te dit de dîner ? Juste toi et moi. J'ai trouvé un endroit sympa. »*


Elle hésita. Charles était sans doute l'un des rares à n'avoir jamais cherché à la manipuler, mais après la trahison de George, une part d'elle se refusait à abaisser ses défenses. Pourtant, l'idée d'un moment hors du paddock, loin des regards et de l'effervescence de la course, la tentait.Finalement, elle répondit :


*« D'accord, mais tu as choisi la dernière fois. À mon tour de te surprendre. »*


Le soir même, ils se retrouvèrent dans un petit restaurant discret, caché dans une rue peu fréquentée de São Paulo. L'ambiance y était chaleureuse, et la lumière tamisée leur offrait une certaine intimité. Charles semblait surpris, amusé par le choix du lieu.


— Je ne savais pas que tu connaissais ce genre d'endroits, dit-il en s'installant en face d'elle.


— Je t'ai dit que je savais surprendre, répondit-elle, un sourire en coin.


Ils discutèrent, d'abord de sujets anodins : les circuits, les courses à venir, leurs restaurants préférés dans les différentes villes du monde. Mais peu à peu, la conversation prit une tournure plus personnelle. Charles lui parla de son enfance à Monaco, des défis qu'il avait dû surmonter pour atteindre la Formule 1, et des sacrifices que cela avait exigés.


— Parfois, j'ai l'impression que je n'ai jamais eu d'autre choix que de réussir ici, confia-t-il, le regard lointain. Ce sport, c'est tout ce que je connais... tout ce que je suis, en quelque sorte.


Maxima sentit une vague de tendresse l'envahir. Elle comprenait cette pression, ce poids des attentes, bien qu'elle-même ne soit pas pilote.


— C'est ce qui rend les moments comme celui-ci importants, répondit-elle doucement. Des moments où tu peux être juste toi, pas le pilote, ni la star, juste Charles.


Il la regarda, et un sourire doux éclaira son visage.


— Et toi ? demanda-t-il. Qu'est-ce qui t'a amenée ici, dans ce monde où tu es si... peu aimée, plaisanta-t-il, bien que son regard reflète une réelle curiosité.


Elle rit, mais le sérieux de sa question la poussa à se confier plus que prévu.


— Je suppose que j'ai toujours cherché des vérités cachées. Ce monde est fascinant, pas seulement par la vitesse ou l'adrénaline, mais par les histoires humaines qui s'y tissent. Les rivalités, les amitiés, les sacrifices... tout ça me captive. Mais je savais aussi que ce monde n'allait pas m'accueillir à bras ouverts.


Elle fit une pause, avant d'ajouter :


— Mais ça ne m'empêche pas d'essayer. Même si je sais que je ne peux pas faire confiance à tout le monde... je continue de croire que certaines personnes méritent qu'on leur accorde cette chance.


Charles l'écoutait, son regard intense fixé sur elle, comme s'il cherchait à comprendre ce qui se cachait derrière cette façade de journaliste déterminée.


— Tu es plus courageuse que tu ne le penses, murmura-t-il.


Leur regard se croisa, et Maxima sentit quelque chose bouger en elle, une émotion qu'elle n'était pas prête à reconnaître. L'atmosphère entre eux s'était chargée d'une tension légère mais palpable, quelque chose de doux, de fragile. Elle baissa les yeux, sentant son cœur battre plus vite.Elle essaya de détourner la conversation, d'effacer cette proximité naissante.


— Tu sais, tu as de la chance que ce soit moi qui te couvre et pas quelqu'un d'autre. Sinon, je suis sûre que ton image de « gentil garçon » serait en danger, dit-elle en souriant pour alléger l'ambiance.


Charles éclata de rire, reconnaissant la tentative de Maxima de dévier le sujet.


— Dans ce cas, tu ferais mieux de continuer à écrire pour moi, plaisanta-t-il.


La soirée continua dans cette même complicité, chaque minute passé en sa compagnie la confortant dans l'idée qu'elle avait peut-être enfin trouvé quelqu'un en qui elle pouvait, doucement, recommencer à avoir confiance.


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Au fil des semaines suivantes, leur relation s'approfondit. Ils se retrouvaient après les courses, partageaient des dîners discrets, et Maxima se surprit à attendre ces moments avec impatience. Cependant, elle restait vigilante, chaque fois qu'elle se sentait trop proche de Charles, un mécanisme de défense la poussait à mettre une distance.Charles, de son côté, ne semblait pas pressé. Il respectait ses silences, ne forçait jamais les choses, comme s'il comprenait qu'elle avait besoin de temps. Pourtant, Maxima remarquait parfois dans ses regards une certaine impatience, un désir qu'il ne masquait qu'à moitié.


Le Grand Prix du Qatar approcha, et pour Maxima, cette course revêtait une signification particulière et elle s'était préparée à écrire un article à la hauteur de l'événement. Lors des qualifications, elle assista aux sessions avec une attention particulière, son cœur serré lorsqu'elle vit Charles sortir de la voiture, légèrement tendu.Après les qualifications, elle l'attendit dans une zone plus calme, espérant pouvoir l'interviewer. Mais dès qu'il l'aperçut, il la prit à part, visiblement préoccupé.


— Je n'ai pas bien géré la pression, avoua-t-il, la voix basse.


Elle posa une main rassurante sur son bras.


— C'est normal, Charles. le Qatar est un circuit très chaud. Ne te blâme pas pour ça.Il l'observa un instant, comme si ses mots lui apportaient le réconfort dont il avait besoin.


— Tu sais... être avec toi me rappelle pourquoi je fais tout ça, murmura-t-il d'une voix à peine audible. C'est peut-être fou, mais je crois que tu es la seule ici à vraiment me voir.


Maxima sentit son cœur se serrer à ses mots, mais elle repoussa cette émotion, encore trop fragile pour se laisser aller à de nouveaux sentiments.


— Moi aussi, Charles. Mais... laisse-moi le temps, d'accord ?


Il hocha doucement la tête, un sourire sincère aux lèvres.


— Prends tout le temps que tu veux. Je suis là.

Le lendemain la course ce passa sans embuche et Charles finit a la 6e place, Verstappen instaurant une nouvelle coupe a son reigne.

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