Pleurer était certainement la dernière chose à faire, mais nana n'avait pas pu s'en empêcher.
Elle avait passé le reste de la journée enfermée chez elle, ignorant les appels et protestations de ses enfants.
Elle savait que Ndeye allait s'occuper d'eux, sinon qui d'autre l'aurait fait.
Sait-elle ce qu'elle a fait ?
Une question qui avait torturé son esprit malade alors que son cœur était en lambeaux.
Elle avait versé toutes les larmes de son corps et n'avait même pas pris la peine de remplir son ventre.
De toutes les façons c'est fini !
Ce qu'elle avait vu sur le visage de son mari était trop effrayant pour se convaincre qu'il pouvait rapidement revenir à de meilleurs sentiments.
Elle se leva alors scruta la pendule : 18h45. Elle ouvrit les volets de sa chambre, tira une de ses valises et se mit à sortir ses vêtements.
Pendant ce temps-là, Ndeye Fatou terminait de donner à manger à Sabrina et aida Aminata, avant de les laisser sous la surveillance de la nounou.
Elle savait que quelque chose de mauvais se passait dans cette maison.
Karim était méconnaissable, et nana pareille. Elle ne les avait jamais vu comme ça. Tout ce qu'elle avait pu retenir de ce couple était sans nulle doute leur complicité, leur proximité et surtout cet amour qui n'avait cesse de les caractériser.
Quand elle frappa doucement à la porte de la chambre de nana et qu'elle n'eut pas de réponse, son cœur rata un battement.
Elle y entra et vit la jeune femme rangeant ses affaires, ne pouvant s'arreter de pleurer.
Elle accouru vers elle
- Hey hey nana loy def ni ? (Qu'est ce que tu es en train de faire)
- S'il te plait Ndeye laisse-moi partir.
Ndeye Fatou lui arracha le vêtement qu'elle avait dans les mains et l'obligea à la regarder
- Qu'est ce qu'il se passe ? tu t'es disputé avec Karim ?
Elle ne pouvait répondre. Qu'allait elle dire de toutes les façons ?
Ses yeux étaient rougis par les larmes et son visage endolori. Elle ne sentait plus ses jambes et surtout, tout son corps lui faisait mal.
Deux larmes tombèrent sur sa joue, et Ndeye Fatou la prit soudain dans ses bras.
- Ce n'est pas comme ça nana. Qu'est ce qui peut te pousser au point de vouloir partir ? tu as pensé à ton mari ? tu as vu comment Karim t'aime ; Nana vous ne pouvez pas vivre l'un sans l'autre et tu le sais.
- Laisse-moi partir Ndeye, c'est la seule solution. C'est le seul moyen pour apaiser le cœur de mon mari. Il ne voudra plus me voir après ce que je viens de faire.
Ne comprenant pas vraiment l'issue de cette discussion, Ndeye recula, impuissante et la regardait boucler ses affaires. Elle prit la valise qu'elle posa par terre quand soudain, Karim à l'embrasure de la porte lui lança
- Tu pars où comme ça ?
Ndeye se retourna pour regarder Karim. Il avait la voix enrouée et le visage pale. Elle cherchait à comprendre ce qu'il se passe, mais elle savait qu'elle n'avait pas le droit d'insister.
Nana se redressa fièrement : Je pars de cette maison ! je crois que c'est ce que tu veux...
Karim s'approcha doucement, et d'un regard, Ndeye compris qu'elle devait les laisser seuls.
