Chapitre premier

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C'était une chaude nuit d'été, le vent horriblement violent me fouettait le visage, faisant virevolter ma longue chevelure châtain. On était en 3018, une année pitoyable, et voilà maintenant trois mois que j'avais eu dix-huit ans. Mes pieds étaient fermement pris dans la boue, je tentais tant bien que mal de m'en extraire. Au loin, on entendait des cris stridents de femmes et d'hommes. Des pas résonnaient derrière moi, c'était une marche lourde, un pas hésitant. Des graviers roulaient près de ma tête, s'enfonçant dans la boue qui m'emprisonnait.

- Debout, lève-toi ! Ils arrivent, les SCP arrivent ! s'exclama un homme d'une voix inquiète.

Je tournais rapidement la tête dans sa direction. C'était Khalis, un membre des CDP. Je souris à sa vue. Il me tendit un bras musclé que je saisis d'une main et me remis sur pieds avant de s'enfuir dans une ruelle sombre et peu accueillante. Je le regardais s'éloigner dans le chaos qui régnait, puis me retournais, entendant des bruits de pas. Un petit groupe de SCP se tenait au bout de la rue. Ils étaient regroupés en un petit tas tel des moutons, ils devaient être environ une douzaine. Tous ces militaires enragés étaient armés de mitraflamme et de grandes machettes accrochées à leurs ceintures. Une jeune femme assez grande, avec des cheveux gras attachés en un chignon négligé, me regardait avec un regard rempli de haine. Elle avança de deux pas dans ma direction avant de prendre la parole d'un ton méprisant :

- On te tient ! Viens avec nous, ton père aurait voulu que tu viennes avec nous. Viens, et on ne te fera aucun mal... à moins que tu résistes, gamine.

Papa... Il me manquait tellement. La jeune femme au corps frêle était déjà à mi-chemin de moi, je sentais le métal froid de mon pistolet sous ma chemise. Mon pistolet ! J'en avais presque oublié sa présence avec toute cette merde. Sans faire le moindre geste brusque, je dégainais mon arme. Mon ennemie se tenait maintenant à cinq mètres de moi, la sonnette d'alarme retentissait dans ma tête, m'ordonnant de tirer. Je pris mon pistolet à deux mains, refermant ma poigne sur le manche et déposant le doigt sur la gâchette. Brusquement, je lui tirais dans les deux jambes, ne prenant pas la peine de viser correctement. Elle s'écroula au sol dans un hurlement, le sang tachant son uniforme de guerrière. Avant que les SCP puissent réagir, je m'enfuyais dans l'étroite ruelle qu'avait empruntée Khalis, satisfaite, effrayée et seule.

*

Je courus un long moment sans me retourner, avant de m'autoriser une pause afin de reprendre mon souffle. Je prenais de grande inspiration, calmant ma respiration saccadée avec difficulté. Soudain, une voix familière me coupa dans mon élan :

- Quels crétins ces SCP !

Je sursautai, puis je dégainais mon pistolet, me retournant en direction de la voix, l'arme pointée dans le vide. Khalis leva ses mains en l'air et recula d'un pas comme signe de soumission. J'abaissais légèrement mon arme, mais ne la rangeai pas dans son étui par simple précaution. L'homme laissa retomber ses bras le long de son corps et s'approcha lentement de moi. Je pointais de nouveau mon arme sur Khalis et m'adressai à lui d'un ton sévère :

- Pourquoi n'es tu pas venu m'aider avant que ces chiens me poursuivent ? Tu es de leur côté, c'est ça ? As-tu oublié la promesse que tu as faite à mon père ? lui lançais-je sèchement.

- Mey, s'il te plaît, baisse ce flingue ! Ils m'avaient coincé et j'avais égaré mon mitraflamme quelques rues plus loin... se défendit-il.

- Tu n'as pas le droit ! Tu n'as pas le droit de m'appeler Mey ! le coupai-je.

Ma voix, pourtant si dure, se fendit peu à peu, me remémorant le souvenir déchirant d'une famille réuni autour d'une table, souriant et riant, comme si personne ne pouvait nous atteindre. Je me mis à sangloter, me maudissant de pleurer devant lui. Je voulais rester forte, malgré ce que j'endurais.

La rive du tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant