On avait traversé la rue de gauche au pas de course. Cette fois-ci, je m'en fichais complètement de faire du bruit. J'étais affolée, apeurée. Cet homme était mon pire cauchemar. J'étais terrorisée à l'idée qu'il puisse revenir. Je me rapprochai de Manu et lui serrais la main aussi fort que je le pouvais. La forêt que l'on traversait ne me mettait pas en confiance. On courait, je manquai de trébucher plus d'une fois, mais Manu était toujours là pour me rattraper.
On atterrissait devant une toute petite maison qui ressemblait en tout point aux autres. Pour tout dire, je m'attendais à mieux de la part du maître. Après tout, c'était quand même le chef des éléments. Manu ne prenait même pas la peine de frapper, il ouvrit la porte à la volée. Il me fit entrer, et alluma toutes les lumières. Il m'ordonna de m'asseoir sur un des fauteuils qui se trouvait là. Je pris place dans un fauteuil confortable et Manu monta à l'étage en gravissant les marches quatre à quatre.
Quelques minutes plus tard, il revenait suivi du maître qui était à peine réveillé. Il s'asseyait dans un fauteuil près du mien et le maître me faisait face. Il s'étira longuement et Manu m'encouragea à parler. J'avais peur de dire ce qu'il venait de se passer. Quelqu'un s'était infiltré sans déclencher l'alarme. Et ce quelqu'un s'était Malakay, son fils. J'avais les mains moites, je tremblais de partout. Manu posa sa main sur mon épaule comme pour me montrer qu'il était là et qu'il m'encourageait. Je poussai un long soupir et réussis à dire un mot.
- Malakay...
Je lançai un regard rempli d'une terreur encore inconnue chez moi. Iruma écarquillait les yeux. Il se laissa tomber sur un des fauteuils dans un soupir. Il avait le visage entre les mains, un silence pesant avait pris place. Je saisis la main de Manu et nos doigts s'entrelacèrent. Mon cœur cognait fort dans ma poitrine, mon corps n'était plus qu'une boule de stress et de peur. Le maître leva la tête dans ma direction et ses yeux noirs rencontrèrent les miens. On pouvait y lire de la tristesse et une profonde déception.
- Raconte-moi tout et n'oublie aucun détail, me demanda Iruma.
Je pris une grande inspiration et commençais à lui raconter mon histoire. Je n'oubliais aucun détail, racontant tout depuis la porte ouverte jusqu'à sa disparition devant mes propres yeux. Je n'oubliais pas de mentionner la rage qu'on pouvait lire dans son regard, le sang-froid irréel dont j'avais fait preuve. Le fait que je lui avais tiré dessus. Je lui avais tout dit. Mon récit terminé, je me prenais la tête entre les mains. Je n'osais pas regarder maître Saï, pas après ce que je venais de lui raconter. Iruma se leva et me donna une tape amicale sur l'épaule. Je relevai la tête, il me souriait avec les larmes aux yeux.
- Tu n'es plus en sécurité désormais. Aaron non plus. S'ils ont trouvés un moyen de s'infiltrer dans le village par une sorte de téléportation, cela signifie que n'importe qui pourrait venir ici. N'en parle à personne surtout. Je pense qu'on va devoir supprimer tes jours de repos de ce week-end. À la place, je vais t'entraîner. Retournez chez vous. À demain, Meyara.
Plus il parlait, plus sa voix se brisait. Il me faisait vraiment de la peine. Mes jours d'entraînement venaient d'être supprimés, je pouvais dire adieu à mes recherches sur Aaron. Manu m'aida à me lever et nous quittèrent la maison du maître. Le chemin du retour se faisait en silence. On s'arrêta au temple pour que je puisse déposer l'arme que j'avais dérobée puis on se rendit directement à la maison.
Je passai la porte et un étrange frisson me parcourra le corps. J'avais peur que Malakay soit encore là, en train de m'attendre patiemment sur le canapé du salon. Mais il était parti, enfin pour le moment. Je me doutais bien qu'il reviendrait un jour ou l'autre, mais cette fois-ci je serai prête et je le tuerais de sang-froid.
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La rive du temps
ParanormalLa rive du temps Tome 1. Meyara est une fille peu commune, possédant deux cœurs, élue d'une prophétie et habitant le démon du feu en elle. Elle a perdu ses proches et tous ce qu'elle aimait. Elle est contrainte de fuir le gouvernement qui a créer un...