Chapitre 31

37 8 3
                                        

Depuis plusieurs semaines, je me rendais tous les soirs après mon entraînement au chevet de Aaron. Son état n'avait pas l'air de s'améliorer, mais il tenait le coup. Je m'inquiétais beaucoup pour lui, j'avais peur qu'il meure à chaque instant de la journée. Les médecins ne voulaient pas se prononcer sur son avenir. Tantôt ils nous disaient qu'il n'y avait plus aucun moyen de le sauver, tantôt ils nous baratinaient en nous rassurant. Le corps de l'élu avait du mal a assimilé tout se pouvoir et à le concentrer dans son corps. Aaron était quelqu'un de très puissant avant de me donner une partie de ses pouvoirs. Il nous surpassait tous, alors, pour retrouver sa puissance, il devait en payer le prix. Je le voyais encore se tordre de douleur sur son lit d'hôpital. Ma présence n'était d'aucune utilité selon moi, mais les médecins me disaient que ça le rassurait.

C'était bientôt la fin des visites. Dahlia m'avait donné rendez-vous chez le maître. Elle devait discuter avec moi à propos de ce qui se passait entre moi et Manu. C'était vrai que notre baiser à l'enterrement de Zelie était loin d'être passé inaperçu. Même moi, je n'en revenais toujours pas. Et pourtant, Manu et moi étions ensemble depuis ce jour funeste. Malgré tout cela, je n'étais sûr de rien. Mes sentiments restaient flous, je n'arrivais pas à les cerner. Je lui avais rendu son baiser, ses paroles et sa déclaration, mais j'ignorais toujours si je le voulais et le pensais réellement. Lorsque je commençais à réfléchir sur le sujet, mon esprit s'embrouillait. J'avais donc décidé de me laisser porter par la vie et de continuer mon entraînement avec acharnement.

Une infirmière s'approcha lentement de moi et tapota du doigt sur sa montre. C'était la fin des visites, je devais quitter les lieux. Je serrai une dernière fois la main de Aaron et quittai le temple. Il faisait froid dehors. Les nuits devenaient de plus en plus fraîches, on sentait l'hiver approcher. Je me remémorai le visage de Khalis tout en marchant. L'hiver était une saison mortelle pour les CDP. Allait-il survivre ou mourir ? Je ne le laisserai pas mourir, je m'étais promis de le sauver et je le ferais. J'avais détruit leur base. Chaque jour je m'inquiétais pour lui. Il était en vie, certes, mais était-il en un seul morceau ? Je ne pouvais pas m'arrêter de penser à lui, à ce qu'il faisait, et mon cœur se serra de plus en plus dans ma poitrine. Je me sentais mal, j'avais envie de le revoir, au moins une dernière fois. J'entendis des pas derrière moi. Je me retournai, les larmes aux yeux. Je les essuyai rapidement du revers de la main lorsque je me rendis compte que cette personne n'était autre que Manu. Il me lança un regard interrogateur et je me contentai de hausser les épaules. Il n'avait pas besoin de savoir que je pensais encore à lui.

Je lui pris tendrement la main. Manu m'accompagnait chez le vieux. Je n'avais pas envie de m'y rendre seule. Je me rappelais encore trop bien ce qui était arrivé la dernière fois que j'y étais allée par une nuit aussi peu accueillante. Ce soir, les étoiles étaient cachées par de gros nuages orageux. Cela donnait une ambiance pesante à notre trajet. Je serrai un peu plus fort la main de Manu. Il me regarda, un sourire malicieux aux lèvres, comme pour me dire que je n'avais pas à m'inquiéter. Le trajet se fit sans encombre, mais quelque chose attira mon attention pour la énième fois. Une odeur familière, comme une présence. Pourtant je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Je n'en avais toujours pas parlé à Manu, ni même au maître. Peut-être serais-il plus judicieux que je leur en face part ? Non, cela les affolerait. Je devrai plutôt me concentrer sur mon entraînement et l'état de santé préoccupant de Aaron.

Le vieux nous attendait patiemment avec Dahlia devant la porte de sa petite maison. Je n'avais jamais eu le plaisir de la visiter, mais nous n'étions pas venus pour cela. Ils nous firent entrer, un regard grave arborant leurs visages. Je me sentais un peu stresser. Dahlia et le maître ne nous auraient jamais donné rendez-vous si cela n'était pas important. Le maître nous fit entrer dans sa demeure et nous demanda de nous asseoir sur le canapé. Je m'installai confortablement sur le canapé, suivis de Manu. Dahlia pris place en face de nous, le maître à ses côtés. Il nous servit un thé chaud et pris directement la parole d'un ton sévère :

La rive du tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant