La rive du temps

Chapitre 22

Cet homme... C'était l'occasion parfaite pour le tuer. Lui qui avait fait souffrir Aaron et qui faisait souffrir le vieux. Lui qui avait tué sans état d'âme. Dans un élan de courage, je dégainais mon sabre. De la fumée or en émana, l'entourant et faisant ressortir la gravure qui se mit à briller.

- Émilie, je compte sur toi, murmurai-je à mon sabre.

Manu écarquilla les yeux et je m'élançai vers Malakay dans un hurlement de rage. Il poussa violemment Iruma contre le sol et me défia du regard, se préparant à l'attaque. Le vieux s'étala de tout son long et Dahlia se précipita pour lui venir en aide. Je tranchais l'air avec mon sabre, enchaînant les coups et me déchaînant sur mon ennemi. Malakay esquivait toutes mes attaques avec une facilité impressionnante. J'effectuais une feinte rapide sur la gauche, me permettant de mettre son flanc droit à découvert.

J'y plantai Émilie et la tournais d'un coup sec, déchirant sa chair et augmentant la profondeur de la plaie. L'adversaire grimaça sous la douleur. Il porta la main à l'entaille que je venais de lui faire, la tachant du sang qui gouttait lentement. Prise de panique, je retirai aussitôt la lame, lui arrachant un hurlement, puis je me mis en garde.

Malakay contre-attaqua d'une violence qui m'était encore méconnue. Il m'assigna plusieurs crochets, suivis d'un coup de pied qui m'arriva droit dans l'abdomen. Mon souffle se coupa instantanément. Je m'écroulais au sol, toussant de toutes mes forces et me cognant violemment la poitrine. L'air ne parvenait plus jusqu'à mes poumons. J'étais en train de m'étouffer, de mourir. Puisant dans mes forces, je levai les yeux vers son visage de tueur. Il ricanait, se moquait de mon existence, levant son pied au-dessus de mon crâne. Je fermai les yeux, acceptant mon destin et ma mort imminente.

Un cri résonna, me faisant tressaillir. Je tournai lentement ma tête en direction du bruit et aperçu Manu qui se battait avec Malakay. Mon protecteur encaissait coup sur coup, il résistait.

Brusquement, un poing s'abattit contre mon abdomen et l'air parvenait de nouveau jusqu'à mes poumons. Je toussais violemment, ma gorge me brûlant et essayant de prendre de grande inspiration. Dahlia me lança un petit sourire victorieux tandis que je me relevai en restaurant mes forces. Mon protecteur était toujours en danger. Je me devais de lui venir en aide.

Le sang de Malakay gouttait à terre. Il commençait à s'épuiser, ses forces l'abandonnaient. Je l'avais blessé, mais pas assez pour qu'il déclare forfait. J'ordonnais à Manu de s'écarter. Il sauta sur le côté tandis que je m'élançais afin de lui infliger le coup fatal. J'allais lui transpercer le cœur, le démembrer et le regarder mourir. Un cri strident et inhumain me stoppa net dans ma manœuvre. Je me retournai et dans cette seconde d'inattention, Malakay m'assigna un coup au visage. Un flot rouge envahissait ma bouche. Sonnée, je tombai au sol, crachant du sang en regardant Aaron. Il venait de crier, de hurler. Je n'avais pas rêvé. Mais, pourquoi ?

- Ce n'est pas à toi de le tuer, lança-t-il froidement. Il a tué la personne la plus chère à mes yeux, c'est à moi et à moi seul que revient cette tâche.

Son regard était vide de toute expression. Il n'était plus lui-même. D'abondantes larmes coulaient sur ses joues. Il marchait lentement en direction de sa cible, la rage montant en lui. Aaron était trop faible. Il ne pourra pas le tuer, plus jamais il ne le pourra, pas après le sacrifice qu'il avait fait. Mais il s'élança naïvement vers Malakay qui l'envoya valser contre le mur du revers de la main. Du sang s'écoulait de son crâne, formant une flaque qui ne cessait de prendre de l'ampleur seconde après seconde.

Je ne pouvais pas le croire. Il avait tué Nélia, fait du tort à tout le monde et maintenant il osait s'en prendre à Aaron. Mon ami ne réagissait plus, ne bougeait plus. Non... Il ne pouvait pas être mort. Sa vie ne pouvait pas s'arrêter maintenant ! Pas après tous les sacrifices qu'il avait pu faire. Je sentais une colère et une haine profonde bouillonner en moi. Je ne pouvais tolérer que l'on fasse du mal aux personnes auxquelles je tenais. Je resserrai ma poigne sur le manche d'Émilie, mon visage perdant toute expression. Je regardais Manu, ma rage ne cessant de prendre de l'ampleur. Il écarquilla les yeux.