Chapitre 27

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Je plaquai Kira au sol et la pièce parut étrangement vide. Il me souriait de son sourire fou et dérangé. Je l'agrippai par le col et le cognai contre le sol. Son sourire s'effaça, il se mit à tousser violemment. Je lui souriais, le bonheur de le voir souffrir m'envahissait peu à peu. Une fumée noire et opaque jaillissait de ma main droite en une lame tranchante et aiguisée. Je l'approchais lentement vers son cou, tout en lui souriant fièrement. Kira retroussa ses lèvres, il retenait sa respiration. De la main gauche, je lui saisis les cheveux et le remis sur pieds.

D'un coup de paume, je l'envoyai valser contre le mur. Je dirigeai ma fumée dans sa direction, formant une prison l'empêchant de bouger. Je formai un couteau et lui plaçai sous la gorge. Je m'approchai de lui avec lenteur. Un nouveau hurlement fit trembler les murs. Mon corps se raidit, mon sourire s'effaçait, prenant place sur son visage. J'entendis des bruits de pas, la porte geler tomba au sol dans un fracas monumentale. Trois hommes avaient fait irruption dans la pièce, tout armée jusqu'aux dents. D'un geste vif, ma fumée créa un fin poignard. Je les défiai du regard avant de diriger la lame tranchante vers leur gorge. Ils restèrent debout pendant un court instant avant de porter leurs mains à leurs cous. Je me retournai vers ma proie toujours emprisonnée.

- Ma force n'égalera jamais la tienne. Jamais tu ne me vaincras, pour la simple et bonne raison que je vaux mieux que toi. La prophétie se réalisera et tu ne pourras rien contre ça. Je réunirai les peuples avec ton fils à mes côtés. Tu ne peux pas m'arrêter, ni tes gardes, ni ton armée, ni même Khalis. Peu importe tes tentatives pour me détruire, je me relèverai toujours. Je suis Meyara Filicius, fille de parents possédant un cœur différent, élu de la prophétie, habitant le démon Pyryd en moi. Je possède des pouvoirs dépassant tes pensées et tes désirs les plus fous. Ton fils, Aaron, il est avec nous que tu le veuilles ou non. Alors, ne fais plus de choses aussi stupides, tu le payeras de ta vie. Touche encore une fois à mes amis et tu peux dire adieu à ta tête. Je te laisse la vie sauve, mais c'est ta dernière chance, déclarai-je.

Ma prison de fumée s'estompa net et Kira s'écroula inconscient contre le sol. Ma rage retomba, je sentis l'âme de Pyryd quitter mon corps. Mes jambes tremblaient, mes paupières se fermaient. Je me dirigeai vers le mur, flageolante. J'avais trop utilisé mon pouvoir, j'étais à bout de force. J'entendais des gémissements se trouvant de l'autre côté du mur. Rassemblant les dernières forces qu'ils me restaient, je déposai mes mains contre la paroi froide. Mon esprit quitta mon corps lors de la destruction du mur. Mes muscles ne réagissaient plus, les débris pleuvaient autour de moi. Mais bizarrement aucun ne me tombait dessus.

Une silhouette familière se tenait au-dessus de mon corps. Je l'entendais retenir ses hurlements. Aaron me protégeait malgré ces nombreuses blessures. Je me sentais de nouveau maître de moi-même. Les débris avaient cessé de pleuvoir autour de nous. D'un geste peu assuré, je me relevai tout en regardant Aaron dans les yeux. Je pleurais, mais je n'en avais plus rien à faire. Je l'attirai à moi, tout en hurlant de joie. Je le serrai fort contre moi, lui chuchotant des paroles rassurantes. Lorsque je le lâchai, il essuya mes larmes et me lançant un petit sourire maladroit.

Il était faible, son corps n'était plus qu'un amas de lambeaux. Je pris sa tête entre mes deux mains et déposai mon front contre le sien. Nos larmes s'entremêlèrent, je voyais qu'il nous quittait. Je ne pouvais pas le laisser partir, j'avais besoin de lui et pas seulement pour la prophétie. Je n'allais pas l'abandonner. Je rassemblai mes pouvoirs aussi faibles étaient-ils. Je lui agrippai les mains et me concentrai sur sa force intérieure. Je vis ses yeux s'entrouvrirent de stupeur.

- Je vais te rendre tes pouvoirs, ne meurs pas. Je t'en supplie, implorai-je.

Ma fumée de noirceur envahit la pièce. Elle enferma nos corps dans une sorte de cocon commun. Je le voyais sourire, pleurer et mourir. Mes yeux rouges redevenaient noisette petit à petit. La fumée se transformait en un doré magnifique. Nos corps étaient réunis afin d'accomplir quelque chose de grand. Je me concentrai sur lui, je lui donnai mon âme, mon esprit, la moitié de mon espérance de vie. Je ne voulais pas le voir mourir, je tenais à lui, bien plus qu'il ne pouvait se l'imaginer. Je ne pensais pas le dire un jour, mais je l'aimais bien au fond. La fumée s'intensifia, se mit à tourner autour de nous. Son corps flanchait, je le retenais fermement. J'activais le processus aussi vite que je le pouvais. Je déployais la fumée autour de nous, pris une inspiration et hurlai de toutes mes forces.

La rive du tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant