La rive du temps

Chapitre 23

Je tombai au sol en tentant de plaquer Kira, il venait de disparaître juste sous nos yeux. Aaron avait l'air choqué, perturbé, triste. Je m'avançai lentement dans sa direction et le pris dans mes bras, voulant lui témoigner mon soutien. Il me rendit mon étreinte tandis que je lui chuchotais quelques mots apaisant à l'oreille. Je levai les yeux vers Manu et lui lançai un regard noir. Je souhaitais qu'il s'excuse auprès de Aaron pour ce qu'il lui avait fait. Il n'avait pas mérité ce coup de poing, il n'avait pas demandé à être le fils d'un fou. Aaron se détacha de moi et il retourna s'asseoir sur le rocher près du ruisseau.

Je donnai un léger coup de coude à Manu et lui montrais Aaron d'un signe de tête. Il poussa un grognement, mais il se dirigea tout de même dans sa direction d'un pas nonchalant. Je les observais de loin, Manu prit place près de lui et ils entamèrent une discussion calme et posée. Je me retournai vers Dahlia, elle avait l'air pensive et un peu confuse. Je tentai de croiser son regard afin de la réconforter. Après tout, c'était elle qui avait amené Aaron ici. C'était normal qu'elle lui en veuille. Zelie lui donna une tape amicale dans le dos et elle nous quitta. Cette fille ne m'inspirait pas du tout confiance. Je n'allais pas réussir à m'entendre avec elle, malgré ses liens avec Dahlia.

Je rejoignis Manu et Aaron, suivis de Dahlia. Les garçons s'échangeaient des regards complices. Manu n'avait plus l'air en colère. Dahlia nous demanda de la laisser seule avec Aaron. On ne se fit pas prier et nous on quitta le petit ruisseau sans aucun bruit. Le chemin du retour se fit en silence. La journée avait été mouvementée, on était tous sous le choc. Je n'avais même pas eu le temps de me remettre de la révélation du maître... J'habitais un démon en moi. Je me repassais les paroles d'Aaron en boucle. Il n'était plus assez puissant, même pour battre son propre père qui lui ne possédait rien.

Après une longue marche, on déboucha enfin sur la rue principale. Je partais en direction de la maison, mais Manu me saisit la main et m'expliqua qu'il voulait faire un rapport au vieux. J'acceptai de le suivre et on se dirigea vers la maisonnette d'Iruma. La grande rue principale était déserte, seul le bruit de nos pas était audible. Mon protecteur accéléra le pas et je fis de même. Nous prirent la petite rue qui menait à la maison du vieux. Le soleil commençait à se coucher, il n'allait pas tarder à faire nuit et j'étais presque sûr qu'un couvre-feu allait être installé suite aux intrusions répétées. Manu me lâcha la main et écarta une branche. J'enjambais une racine et manquai de trébucher devant la maison du vieux. Manu me rattrapa par le bras et laissa échapper un petit rire moqueur.

Il se positionna devant la porte et frappa trois fois avec des espaces de dix secondes entre chaque. Il patienta un instant et frappa de nouveau trois fois. On entendit des bruits de pas derrière la porte suivie d'un fusil que l'on rechargea.

- C'est moi, Iruma ! expliqua distinctement Manu.

La porte s'entrouvrit et Manu la poussa. Elle s'ouvrit en grinçant, le vieux était placé juste devant nous, fusil en main. Je haussai un sourcil, poussai un long soupir d'exaspération et passai le seuil de la porte en le saluant de la main. Manu lui demanda de s'asseoir, cela risquait d'être long. Nous prirent donc tous place sur les fauteuils du petit salon et maître Saï nous servit une tasse de thé. Manu pris une gorgé et commença son rapport :

- Je vais aller droit au but. Kira s'est introduit dans le village, lui expliqua-t-il avec inquiétude.

- Comment a-t-il pu pénétrer à l'intérieur de l'enceinte ?! s'énerva-t-il. C'est journée porte ouverte ou quoi ? D'abord Malakay, ensuite Kira... déclara-t-il, un soupçon de tristesse dans la voix.

- Maître... Ce n'est pas tout, à vrai dire..., déclarai-je avec le plus grand calme.

- C'est à dire ?